Oeuvres illustrées de George Sand

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Historical, Literary
Cover of the book Oeuvres illustrées de George Sand by George Sand, Paris : Ed. Hetzel, 1854
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Author: George Sand ISBN: 1230001684476
Publisher: Paris : Ed. Hetzel, 1854 Publication: May 18, 2017
Imprint: Language: French
Author: George Sand
ISBN: 1230001684476
Publisher: Paris : Ed. Hetzel, 1854
Publication: May 18, 2017
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Language: French

Les visions de la nuit dans les campagne

Vous dire que je m'en moque, serait mentir. Je n'en ai jamais eu, c'est vrai: j'ai parcouru la campagne à toutes les heures de la nuit, seul ou en compagnie de grands poltrons, et sauf quelques météores inoffensifs, quelques vieux arbres phosphorescents et autres phénomènes qui ne rendaient pas fort lugubre l'aspect de la nature, je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer un objet fantastique et de pouvoir raconter à personne, comme témoin oculaire, la moindre histoire de revenant.

Eh bien, cependant je ne suis pas de ceux qui disent, en présence des superstitions rustiques:mensonge, imbécillité, vision de la peur; je dis phénomène de vision, ou phénomène extérieur insolite et incompris. Je ne crois pour cela ni aux sorciers ni aux prodiges. Ces contes de sorciers, ces explications fantastiques données aux prétendus prodiges de la nuit, c'est un poëme des imaginations champêtres. Mais le fait existe, le fait s'accomplit, qu'il soit un fantôme dans l'air ou seulement dans l'oeil qui le perçoit, c'est un objet tout aussi réellement et logiquement produit que la réflexion d'une figure dans un miroir.......

La vallée noir

Un habitant de la Brenne, en m'adressant des paroles trop flatteuses, me demandait, il y a quelque temps, où je prenais la Vallée-Noire. Cette question me pique, je l'avoue. Je viens dire aux gens de Mézières-en-Brenne, aussi bien qu'à ceux de La Châtre, où je prends la Vallée-Noire.

Eh, mes chers compatriotes, je la prends où elle est! N'y a-t-il pas une géographie naturelle dont ne peuvent tenir compte les dénominations et les délimitations administratives? Cette géographie de fait existera toujours, et chacun a le droit de la rétablir dans la logique de ses regards et de sa pensée. Si c'est un pur caprice de romancier qui m'a fait donner un nom quelconque (un nom très-simple, et le premier venu, je le confesse), à cette admirable région que nous avons le bonheur d'habiter, ce n'en est pas moins après un examen raisonné que j'ai fait, de ce coin du Berry, un point particulier, ayant sa physionomie, ses usages, son costume, sa langue, ses moeurs et ses traditions. Je pensais devoir garder pour moi-même cette découverte innocente. Il me plaisait seulement de ramener souvent l'action de mes romans dans ce cadre de prédilection. Mais puisqu'on veut que la Vallée-Noire n'existe que dans ma cervelle, je prétends prouver qu'elle existe, distincte de toutes les régions environnantes, et qu'elle méritait un nom propre......

Une visite aux catacombes

...Terra parens...

Ce qui nous frappe le plus en visitant les Catacombes, ce fut une source qu'on appelle le Puits de la Samaritaine.

Nous avions erré entre deux longues murailles d'ossements, nous nous étions arrêtés devant des autels d'ossements, nous avions foulé aux pieds de la poussière d'ossements. L'ordre, le silence et le repos de ces lieux solennels ne nous avaient inspiré que des pensées de résignation philosophique. Rien d'affreux, selon moi, dans la face décharnée de l'homme. Ce grand front impassible, ces grands yeux vides, cette couleur sombre aux reflets de marbre, ont quelque chose d'austère et de majestueux qui commande même à la destruction. Il semble que ces têtes inanimées aient retenu quelque chose de la pensée et qu'elles défient la mort d'effacer le sceau divin imprimé sur elles. Une observation qui nous frappa et nous réconcilia beaucoup avec l'humanité, fut de trouver un infiniment petit nombre de crânes disgraciés. La monstruosité des organes de l'instinct ou l'atrophie des protubérances de l'intelligence et de la moralité ne se présentent que chez quelques individus, et des masses imposantes de crânes bien conformés attestent, par des signes sacrés, l'harmonie intellectuelle et morale qui réunit et anima des millions d'hommes......

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Les visions de la nuit dans les campagne

Vous dire que je m'en moque, serait mentir. Je n'en ai jamais eu, c'est vrai: j'ai parcouru la campagne à toutes les heures de la nuit, seul ou en compagnie de grands poltrons, et sauf quelques météores inoffensifs, quelques vieux arbres phosphorescents et autres phénomènes qui ne rendaient pas fort lugubre l'aspect de la nature, je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer un objet fantastique et de pouvoir raconter à personne, comme témoin oculaire, la moindre histoire de revenant.

Eh bien, cependant je ne suis pas de ceux qui disent, en présence des superstitions rustiques:mensonge, imbécillité, vision de la peur; je dis phénomène de vision, ou phénomène extérieur insolite et incompris. Je ne crois pour cela ni aux sorciers ni aux prodiges. Ces contes de sorciers, ces explications fantastiques données aux prétendus prodiges de la nuit, c'est un poëme des imaginations champêtres. Mais le fait existe, le fait s'accomplit, qu'il soit un fantôme dans l'air ou seulement dans l'oeil qui le perçoit, c'est un objet tout aussi réellement et logiquement produit que la réflexion d'une figure dans un miroir.......

La vallée noir

Un habitant de la Brenne, en m'adressant des paroles trop flatteuses, me demandait, il y a quelque temps, où je prenais la Vallée-Noire. Cette question me pique, je l'avoue. Je viens dire aux gens de Mézières-en-Brenne, aussi bien qu'à ceux de La Châtre, où je prends la Vallée-Noire.

Eh, mes chers compatriotes, je la prends où elle est! N'y a-t-il pas une géographie naturelle dont ne peuvent tenir compte les dénominations et les délimitations administratives? Cette géographie de fait existera toujours, et chacun a le droit de la rétablir dans la logique de ses regards et de sa pensée. Si c'est un pur caprice de romancier qui m'a fait donner un nom quelconque (un nom très-simple, et le premier venu, je le confesse), à cette admirable région que nous avons le bonheur d'habiter, ce n'en est pas moins après un examen raisonné que j'ai fait, de ce coin du Berry, un point particulier, ayant sa physionomie, ses usages, son costume, sa langue, ses moeurs et ses traditions. Je pensais devoir garder pour moi-même cette découverte innocente. Il me plaisait seulement de ramener souvent l'action de mes romans dans ce cadre de prédilection. Mais puisqu'on veut que la Vallée-Noire n'existe que dans ma cervelle, je prétends prouver qu'elle existe, distincte de toutes les régions environnantes, et qu'elle méritait un nom propre......

Une visite aux catacombes

...Terra parens...

Ce qui nous frappe le plus en visitant les Catacombes, ce fut une source qu'on appelle le Puits de la Samaritaine.

Nous avions erré entre deux longues murailles d'ossements, nous nous étions arrêtés devant des autels d'ossements, nous avions foulé aux pieds de la poussière d'ossements. L'ordre, le silence et le repos de ces lieux solennels ne nous avaient inspiré que des pensées de résignation philosophique. Rien d'affreux, selon moi, dans la face décharnée de l'homme. Ce grand front impassible, ces grands yeux vides, cette couleur sombre aux reflets de marbre, ont quelque chose d'austère et de majestueux qui commande même à la destruction. Il semble que ces têtes inanimées aient retenu quelque chose de la pensée et qu'elles défient la mort d'effacer le sceau divin imprimé sur elles. Une observation qui nous frappa et nous réconcilia beaucoup avec l'humanité, fut de trouver un infiniment petit nombre de crânes disgraciés. La monstruosité des organes de l'instinct ou l'atrophie des protubérances de l'intelligence et de la moralité ne se présentent que chez quelques individus, et des masses imposantes de crânes bien conformés attestent, par des signes sacrés, l'harmonie intellectuelle et morale qui réunit et anima des millions d'hommes......

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