Author: | Platon | ISBN: | 1230000220347 |
Publisher: | Platon | Publication: | February 22, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Platon |
ISBN: | 1230000220347 |
Publisher: | Platon |
Publication: | February 22, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Le Phédon n'est pas, comme les précédents dialogues, un simple échange de questions et de réponses, n'ayant d'autre but que de mettre en évidence l'erreur d'une théorie ou la vérité d'un principe ; c'est une composition tout autrement compliquée, où, à travers les incidents d'un drame principal, sont proposés, discutés et résolus des problèmes complexes, qui intéressent à la fois la psychologie, la morale et la métaphysique : oeuvre savante, dans laquelle sont fondus avec un dessein profond trois objets très différents : le récit, la discussion et le mythe.
Le récit, c'est la peinture vive et sensible du dernier jour et de la mort de Socrate, faite à Echécrate de Phlionte par Phédon, témoin encore ému de cette fin si sereine et si noble, qu'il rapporte fidèlement dans un langage empreint de la simplicité et de la grandeur antiques. C'est un tableau d'une éternelle beauté, sur lequel il est impossible d'attacher ses regards sans être pénétré peu à peu de l'admiration enthousiaste et par moments attendrie qui respire dans les paroles de son interprète. Au moment où Phédon nous ouvre la porte de la prison, Socrate nous apparaît, assis familièrement sur le bord de son lit, au milieu de ses disciples, empressés à venir dès le matin recueillir les dernières paroles d'un maître vénéré : son air est tranquille et souriant, et pas une ombre de tristesse ou de lassitude n'a altéré son visage aussi calme et aussi fort que la pensée qui l'anime. Sans l'émotion mal contenue de ses amis et les larmes qui s'échappent malgré eux de leurs yeux, sans les lamentations de Xantippe, sa femme, rien dans la personne de Socrate ne trahirait l'approche de sa mort. Il garde sans effort sa manière d'être et son langage ordinaires. Phédon nous attendrit comme lui à ses souvenirs personnels : il aime à rappeler que son maître, au-dessous duquel il avait coutume de s'asseoir sur un petit siège, jouait ce jour-là encore avec ses cheveux, en suivant l'entretien, et le plaisantait doucement sur ce que le deuil du lendemain l'obligerait à couper sa belle chevelure. Résolu à donner à ses amis l'exemple d'une vie consacrée jusqu'au dernier moment à la philosophie, Socrate fait retirer sa femme et ses enfants, impose la réserve à la douleur de ses amis, et ne tarde pas à provoquer Simmias et Cébès à une discussion qui va se prolonger jusqu'au coucher du soleil, à l'instant marqué par la loi pour boire la ciguë. Ce sera, comme il le dit lui-même, le chant du cygne, non pas un chant de tristesse, mais plutôt de sublime espoir pour la vie bienheureuse et immortelle.
EXTRAIT:
Le Phédon n'est pas, comme les précédents dialogues, un simple échange de questions et de réponses, n'ayant d'autre but que de mettre en évidence l'erreur d'une théorie ou la vérité d'un principe ; c'est une composition tout autrement compliquée, où, à travers les incidents d'un drame principal, sont proposés, discutés et résolus des problèmes complexes, qui intéressent à la fois la psychologie, la morale et la métaphysique : oeuvre savante, dans laquelle sont fondus avec un dessein profond trois objets très différents : le récit, la discussion et le mythe.
Le récit, c'est la peinture vive et sensible du dernier jour et de la mort de Socrate, faite à Echécrate de Phlionte par Phédon, témoin encore ému de cette fin si sereine et si noble, qu'il rapporte fidèlement dans un langage empreint de la simplicité et de la grandeur antiques. C'est un tableau d'une éternelle beauté, sur lequel il est impossible d'attacher ses regards sans être pénétré peu à peu de l'admiration enthousiaste et par moments attendrie qui respire dans les paroles de son interprète. Au moment où Phédon nous ouvre la porte de la prison, Socrate nous apparaît, assis familièrement sur le bord de son lit, au milieu de ses disciples, empressés à venir dès le matin recueillir les dernières paroles d'un maître vénéré : son air est tranquille et souriant, et pas une ombre de tristesse ou de lassitude n'a altéré son visage aussi calme et aussi fort que la pensée qui l'anime. Sans l'émotion mal contenue de ses amis et les larmes qui s'échappent malgré eux de leurs yeux, sans les lamentations de Xantippe, sa femme, rien dans la personne de Socrate ne trahirait l'approche de sa mort. Il garde sans effort sa manière d'être et son langage ordinaires. Phédon nous attendrit comme lui à ses souvenirs personnels : il aime à rappeler que son maître, au-dessous duquel il avait coutume de s'asseoir sur un petit siège, jouait ce jour-là encore avec ses cheveux, en suivant l'entretien, et le plaisantait doucement sur ce que le deuil du lendemain l'obligerait à couper sa belle chevelure. Résolu à donner à ses amis l'exemple d'une vie consacrée jusqu'au dernier moment à la philosophie, Socrate fait retirer sa femme et ses enfants, impose la réserve à la douleur de ses amis, et ne tarde pas à provoquer Simmias et Cébès à une discussion qui va se prolonger jusqu'au coucher du soleil, à l'instant marqué par la loi pour boire la ciguë. Ce sera, comme il le dit lui-même, le chant du cygne, non pas un chant de tristesse, mais plutôt de sublime espoir pour la vie bienheureuse et immortelle.