Author: | Platon | ISBN: | 1230000248011 |
Publisher: | NA | Publication: | June 23, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Platon |
ISBN: | 1230000248011 |
Publisher: | NA |
Publication: | June 23, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: LES TROIS CARACTERES DU SOUVERAIN BIEN
C’est suivant cette méthode qu’il faut chercher si le plaisir et la sagesse comportent des espèces, quel en est le nombre, quelle en est la nature. Mais Protarque ayant déclaré qu’une telle analyse est au-dessus de ses forces, Socrate confesse qu’elle n’est pas nécessaire, s’il est vrai, comme il l’a entendu dire, que le souverain bien ne réside ni dans le plaisir ni dans la sagesse, mais dans un autre genre de vie. En ce cas, le plaisir ne pourrait plus prétendré à la première place, et il n’y aurait plus besoin de le diviser en espèces.
Ainsi, après avoir expliqué tout au long sa méthode, Platon renonce aussitôt à l’appliquer. Il y a de quoi s’en étonner, d’autant plus qu’il la reprendra plus loin et en fera la stricte application au plaisir et à la science. Il a oublié de nous dire que cette application n’était que différée. C’est une négligence qui peut à peine s’excuser par la liberté d’allure de la conversation.
Si nous renonçons à analyser, du moins pour le moment, les différentes espèces du plaisir et de la science, entendons-nous, dit Socrate, sur les trois points suivants. Le bien, en lui-même, doit être parfait, se suffire à lui-même et être désirable pour tout le monde. On s’est étonné aussi que Platon se contente d’affirmer, sans autres preuves, que le bien doive réunir ces trois conditions. Il a sans doute considéré que la chose était évidente par elle-même. Aristote a fait de même, et, bien qu’il ne soit pas d’accord avec son maître sur la nature du souverain bien, il admet, lui aussi, que le bien doit être parfait, souhaitable par lui-même, et non en vue d’autre chose, et qu’il doit se suffire à lui seul. (Éthique à Nicomaque, I, 6, § 12.)
Ces trois conditions sont-elles remplies par le plaisir ou par la sagesse ? Pour nous en rendre compte, considérons-les en eux-mêmes, en les séparant de tout ce qui n’est pas eux et, en particulier, l’un de l’autre. Suppose maintenant, dit Socrate à Protarque, que tu n’aies ni mémoire, ni raison, ni intelligence : tu seras hors d’état de te rappeler un plaisir passé, d’anticiper aucun plaisir futur, de sentir même un plaisir présent, puisque tu n’en auras même pas conscience. Quant à la sagesse, si parfaite qu’elle soit, qui en voudrait, s’il était condamné à ne jamais goûter aucun plaisir ?
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: LES TROIS CARACTERES DU SOUVERAIN BIEN
C’est suivant cette méthode qu’il faut chercher si le plaisir et la sagesse comportent des espèces, quel en est le nombre, quelle en est la nature. Mais Protarque ayant déclaré qu’une telle analyse est au-dessus de ses forces, Socrate confesse qu’elle n’est pas nécessaire, s’il est vrai, comme il l’a entendu dire, que le souverain bien ne réside ni dans le plaisir ni dans la sagesse, mais dans un autre genre de vie. En ce cas, le plaisir ne pourrait plus prétendré à la première place, et il n’y aurait plus besoin de le diviser en espèces.
Ainsi, après avoir expliqué tout au long sa méthode, Platon renonce aussitôt à l’appliquer. Il y a de quoi s’en étonner, d’autant plus qu’il la reprendra plus loin et en fera la stricte application au plaisir et à la science. Il a oublié de nous dire que cette application n’était que différée. C’est une négligence qui peut à peine s’excuser par la liberté d’allure de la conversation.
Si nous renonçons à analyser, du moins pour le moment, les différentes espèces du plaisir et de la science, entendons-nous, dit Socrate, sur les trois points suivants. Le bien, en lui-même, doit être parfait, se suffire à lui-même et être désirable pour tout le monde. On s’est étonné aussi que Platon se contente d’affirmer, sans autres preuves, que le bien doive réunir ces trois conditions. Il a sans doute considéré que la chose était évidente par elle-même. Aristote a fait de même, et, bien qu’il ne soit pas d’accord avec son maître sur la nature du souverain bien, il admet, lui aussi, que le bien doit être parfait, souhaitable par lui-même, et non en vue d’autre chose, et qu’il doit se suffire à lui seul. (Éthique à Nicomaque, I, 6, § 12.)
Ces trois conditions sont-elles remplies par le plaisir ou par la sagesse ? Pour nous en rendre compte, considérons-les en eux-mêmes, en les séparant de tout ce qui n’est pas eux et, en particulier, l’un de l’autre. Suppose maintenant, dit Socrate à Protarque, que tu n’aies ni mémoire, ni raison, ni intelligence : tu seras hors d’état de te rappeler un plaisir passé, d’anticiper aucun plaisir futur, de sentir même un plaisir présent, puisque tu n’en auras même pas conscience. Quant à la sagesse, si parfaite qu’elle soit, qui en voudrait, s’il était condamné à ne jamais goûter aucun plaisir ?