Author: | Patrick STAATH | ISBN: | 1230002180489 |
Publisher: | Patrick STAATH | Publication: | February 26, 2018 |
Imprint: | Language: | English |
Author: | Patrick STAATH |
ISBN: | 1230002180489 |
Publisher: | Patrick STAATH |
Publication: | February 26, 2018 |
Imprint: | |
Language: | English |
Je n’étais pas obligé de lâcher l’autoroute. C’était au mois d’avril, et les blés commençaient à faire moquette. J’avais le temps, il faisait beau. Une fringale se profilait, stimulée par les souvenirs de rillettes du charcutier de Montoire. J’enquillais dans Vendôme qui commençait à se donner des allures de jeunesse, sachant qu’en dessous des crépis beiges, il y a du tuffeau et du torchis. Je n’aurais pas dû demander mon chemin à celle qui n’avait aucun souvenir d’ici. Du coup, les miens se bousculaient et jouaient des coudes dans mon caberlot. C’est Jeanne qui revenait en premier et qui me vrillait la pensarde. Par ses douze ans et sa robe dentelles relevée, je découvrais que c’étaient les filles qui provoquaient. Équipé de ma gouaille banlieusarde qui me différenciait encore plus, j’entrais dans leur monde. Ils ne comprenaient rien de ma rue, j’entrais dans leur banalité, une jungle pour moi. Je découvrais la vie en observant les adultes. J’ai rêvé lorsque j’ai su que la vieille bigote qui nous foutait la trouille, était dans sa jeunesse une luronne impensable des nuits folles de Paris. Je me suis marré lorsque j’ai entendu dans la cave, un Anglais, blindé, fin plein, essayer de prendre l’accent Sarthois. L’horloge de l’église a fait les frais de cette pulsion insurmontable et je me sentais au-dessus de la mêlée lorsque monsieur le comte jetait la monnaie comme du grain. Mon père m’offrait un ingrédient de choix, quelle idée de jouer au coach de badminton !
Je n’étais pas obligé de lâcher l’autoroute. C’était au mois d’avril, et les blés commençaient à faire moquette. J’avais le temps, il faisait beau. Une fringale se profilait, stimulée par les souvenirs de rillettes du charcutier de Montoire. J’enquillais dans Vendôme qui commençait à se donner des allures de jeunesse, sachant qu’en dessous des crépis beiges, il y a du tuffeau et du torchis. Je n’aurais pas dû demander mon chemin à celle qui n’avait aucun souvenir d’ici. Du coup, les miens se bousculaient et jouaient des coudes dans mon caberlot. C’est Jeanne qui revenait en premier et qui me vrillait la pensarde. Par ses douze ans et sa robe dentelles relevée, je découvrais que c’étaient les filles qui provoquaient. Équipé de ma gouaille banlieusarde qui me différenciait encore plus, j’entrais dans leur monde. Ils ne comprenaient rien de ma rue, j’entrais dans leur banalité, une jungle pour moi. Je découvrais la vie en observant les adultes. J’ai rêvé lorsque j’ai su que la vieille bigote qui nous foutait la trouille, était dans sa jeunesse une luronne impensable des nuits folles de Paris. Je me suis marré lorsque j’ai entendu dans la cave, un Anglais, blindé, fin plein, essayer de prendre l’accent Sarthois. L’horloge de l’église a fait les frais de cette pulsion insurmontable et je me sentais au-dessus de la mêlée lorsque monsieur le comte jetait la monnaie comme du grain. Mon père m’offrait un ingrédient de choix, quelle idée de jouer au coach de badminton !