Author: | William Shakespeare | ISBN: | 1230000229658 |
Publisher: | William Shakespeare | Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | William Shakespeare |
ISBN: | 1230000229658 |
Publisher: | William Shakespeare |
Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Une place publique.
Entrent SAMSON et GRÉGOIRE, armés d'épées et de boucliers.
SAMSON.- Tiens, Grégoire, sur ma parole, on ne nous fera plus avaler de pilules[4].
[Note 4: SAMSON. Gregory, o'my word, we'll not carry coals. GREGORY. No, for then we should be colliers. SAMSON. I mean, an we be in choler we'll draw. GREGORY. Ay, while you live, draw your neck out, o'the collar.
Carry coals (porter du charbon) était, du temps de Shakspeare, une expression proverbiale en anglais pour dire supporter des injures. Samson, jouant sur les deux sens de cette expression, répond: _Non, car nous serions des charbonniers._ Il a fallu changer cette réplique de Samson pour qu'elle se rapportât à l'expression avaler des pilules, la seule qui, en français puisse rendre carry coals. On a été de même obligé à quelques légères altérations dans les deux répliques suivantes, dont la plaisanterie porte sur la consonance des mots choler (colère) et collar (collier, collier de fer). La même liberté, et de plus grandes encore seront souvent indispensables dans le cours de cette pièce, pour donner un sens quelconque à cette suite de jeux de mots, de calembours, de quolibets, dont se compose, durant les deux premiers actes, la conversation de presque tous les personnages, et aussi pour éviter ou adoucir quelques plaisanteries trop grossières. C'est un travail ingrat autant que rebutant de chercher dans la partie burlesque de notre langue de quoi travestir convenablement des bouffonneries où l'esprit ne peut découvrir d'autre mérite que celui qu'elles empruntent de ce grotesque attirail, et où l'on est à chaque instant tenté de demander pardon au lecteur de la peine qu'on prend pour lui transmettre ces puérilités: mais c'est Shakspeare qu'il s'agit de faire connaître, ou du moins le goût de ce temps d'où est sorti Shakspeare.]
GRÉGOIRE.- Non, car elles pourraient bien nous donner la colique.
SAMSON.- Je veux dire que, si on nous fâche, il faudra être francs du collier.
GRÉGOIRE.- Franc pour toute ta vie du collier du bourreau, n'est-ce pas ?
SAMSON.- Je suis prompt à taper quand je me mets en train.
GRÉGOIRE.- Mais tu n'es pas prompt à te mettre en train de taper.
SAMSON.- La vue d'un de ces chiens de Montaigu me remue tout le corps.
GRÉGOIRE.- On se remue pour courir; quand on est brave, on tient ferme: c'est pour cela que, lorsqu'on te remue, tu te sauves.
SAMSON.- Un chien de cette maison me remuera de telle sorte que je tiendrai ferme: je prendrai le côté du mur avec tout homme ou femme des Montaigu.
GRÉGOIRE.- C'est ce qui prouve que tu n'es qu'un faible esclave, car ce sont les plus faibles qu'on met au pied du mur[5].
[Note 5: The weakest goes to the wall (le plus faible va contre le mur). Il a fallu changer un peu le sens de la phrase pour qu'elle se prêtât à la suite de la plaisanterie. Samson répond que les femmes étant the weaker vessels (les vases les moins solides), expression empruntée à l'Écriture, sont toujours (thrust to the wall) jetées contre le mur, au coin du mur.]
SAMSON.- Oui, c'est vrai; et voilà pourquoi les femmes étant des vaisseaux plus fragiles, on les met toujours au pied du mur. Je prendrai le côté du mur sur les serviteurs de la maison de Montaigu; et pour les filles, je les mettrai au pied du mur.
GRÉGOIRE.- La querelle est entre nos maîtres et nous, leurs hommes.
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Une place publique.
Entrent SAMSON et GRÉGOIRE, armés d'épées et de boucliers.
SAMSON.- Tiens, Grégoire, sur ma parole, on ne nous fera plus avaler de pilules[4].
[Note 4: SAMSON. Gregory, o'my word, we'll not carry coals. GREGORY. No, for then we should be colliers. SAMSON. I mean, an we be in choler we'll draw. GREGORY. Ay, while you live, draw your neck out, o'the collar.
Carry coals (porter du charbon) était, du temps de Shakspeare, une expression proverbiale en anglais pour dire supporter des injures. Samson, jouant sur les deux sens de cette expression, répond: _Non, car nous serions des charbonniers._ Il a fallu changer cette réplique de Samson pour qu'elle se rapportât à l'expression avaler des pilules, la seule qui, en français puisse rendre carry coals. On a été de même obligé à quelques légères altérations dans les deux répliques suivantes, dont la plaisanterie porte sur la consonance des mots choler (colère) et collar (collier, collier de fer). La même liberté, et de plus grandes encore seront souvent indispensables dans le cours de cette pièce, pour donner un sens quelconque à cette suite de jeux de mots, de calembours, de quolibets, dont se compose, durant les deux premiers actes, la conversation de presque tous les personnages, et aussi pour éviter ou adoucir quelques plaisanteries trop grossières. C'est un travail ingrat autant que rebutant de chercher dans la partie burlesque de notre langue de quoi travestir convenablement des bouffonneries où l'esprit ne peut découvrir d'autre mérite que celui qu'elles empruntent de ce grotesque attirail, et où l'on est à chaque instant tenté de demander pardon au lecteur de la peine qu'on prend pour lui transmettre ces puérilités: mais c'est Shakspeare qu'il s'agit de faire connaître, ou du moins le goût de ce temps d'où est sorti Shakspeare.]
GRÉGOIRE.- Non, car elles pourraient bien nous donner la colique.
SAMSON.- Je veux dire que, si on nous fâche, il faudra être francs du collier.
GRÉGOIRE.- Franc pour toute ta vie du collier du bourreau, n'est-ce pas ?
SAMSON.- Je suis prompt à taper quand je me mets en train.
GRÉGOIRE.- Mais tu n'es pas prompt à te mettre en train de taper.
SAMSON.- La vue d'un de ces chiens de Montaigu me remue tout le corps.
GRÉGOIRE.- On se remue pour courir; quand on est brave, on tient ferme: c'est pour cela que, lorsqu'on te remue, tu te sauves.
SAMSON.- Un chien de cette maison me remuera de telle sorte que je tiendrai ferme: je prendrai le côté du mur avec tout homme ou femme des Montaigu.
GRÉGOIRE.- C'est ce qui prouve que tu n'es qu'un faible esclave, car ce sont les plus faibles qu'on met au pied du mur[5].
[Note 5: The weakest goes to the wall (le plus faible va contre le mur). Il a fallu changer un peu le sens de la phrase pour qu'elle se prêtât à la suite de la plaisanterie. Samson répond que les femmes étant the weaker vessels (les vases les moins solides), expression empruntée à l'Écriture, sont toujours (thrust to the wall) jetées contre le mur, au coin du mur.]
SAMSON.- Oui, c'est vrai; et voilà pourquoi les femmes étant des vaisseaux plus fragiles, on les met toujours au pied du mur. Je prendrai le côté du mur sur les serviteurs de la maison de Montaigu; et pour les filles, je les mettrai au pied du mur.
GRÉGOIRE.- La querelle est entre nos maîtres et nous, leurs hommes.