Author: | Chloé Delaume | ISBN: | 9782814551527 |
Publisher: | publie.net | Publication: | July 7, 2008 |
Imprint: | publie.net | Language: | French |
Author: | Chloé Delaume |
ISBN: | 9782814551527 |
Publisher: | publie.net |
Publication: | July 7, 2008 |
Imprint: | publie.net |
Language: | French |
Je m’appelle Chloé Delaume. Je suis un personnage de fiction. Je le dis, le redis, sans cesse partout l’affirme. Je m’écris dans des livres, des textes, des pièces sonores. J’ai décidé de devenir personnage de fiction quand j’ai réalisé que j’en étais déjà un. A cette différence près que je ne m’écrivais pas. D’autres s’en occupaient. Personnage secondaire d’une fiction familiale et figurante passive de la fiction collective. J’ai choisi l’écriture pour me réapproprier mon corps, mes faits et gestes, et mon identité.
S’écrire mode d’emploi, début.
Écrire, pourquoi. On connaît les réponses célèbres. Mais, ici, justement : pas de réponse.
On revient creuser en arrière les livres déjà écrits. Il s’y jouait quoi, de soi ? On s’y est pris comment, on a buté sur quelle part d’abîme ? On en a pris quoi pour le livre suivant ?
Des questions posées ici chaque paragraphe après chaque paragraphe, nul de nous n’est indemne. A preuve la référence Artaud. A preuve le questionnement renvoyé au monde, le réel dans sa profusion d’image, le réel comme seul terrain du risque, et comment assumer ce risque.
Sauf que. Modestement, ici, on met en page, on propose des formats, et on met en circulation. D’un texte discret, on souhaite seulement que la question résonne. Auteur c’est un travail, il faut du temps, du désarroi, il faut savoir progressivement rejoindre ces limites de soi-même.
s’écrire, non pas à nu, mais parfaitement à vif
Et la suite :
sans le tissu soyeux de la fiction classique, sans les transferts, les masques
Pour rebondir :
et tous les ornements qui rendent plus confortables tant le pacte d’écriture que celui de lecture
Importe de comment et d’où cela parle. Des livres et de la théorie sur l’autofiction, il n’en manque pas (ce texte est l’intervention préparée par Chloé Delaume pour un colloque à Cerisy, qui se termine aujourd’hui même). Mais ce qui s’énonce ne part pas de ce qu’on sait, ce qui s’énonce part de l’inconnu où la suite successive des livres, où chaque livre l’un après l’autre, nous a emportés.
Ainsi, s’écrit une autobiographie, l’auteur revenant à rebours sur chaque tentative, depuis l’autonomie de ces tentatives. Mais précisément, son histoire alors devient cette construction par l’inconnu, pan à pan.
Chloé Delaume n’a pas beaucoup varié de chemin depuis ses Mouflettes d’Athropos. Son chemin s’est élargi, densifié, compliqué : les performances peuvent valoir à égalité des livres, en particulier depuis les « Sims » (Corpus Simsi...
Je m’appelle Chloé Delaume. Je suis un personnage de fiction. Je le dis, le redis, sans cesse partout l’affirme. Je m’écris dans des livres, des textes, des pièces sonores. J’ai décidé de devenir personnage de fiction quand j’ai réalisé que j’en étais déjà un. A cette différence près que je ne m’écrivais pas. D’autres s’en occupaient. Personnage secondaire d’une fiction familiale et figurante passive de la fiction collective. J’ai choisi l’écriture pour me réapproprier mon corps, mes faits et gestes, et mon identité.
S’écrire mode d’emploi, début.
Écrire, pourquoi. On connaît les réponses célèbres. Mais, ici, justement : pas de réponse.
On revient creuser en arrière les livres déjà écrits. Il s’y jouait quoi, de soi ? On s’y est pris comment, on a buté sur quelle part d’abîme ? On en a pris quoi pour le livre suivant ?
Des questions posées ici chaque paragraphe après chaque paragraphe, nul de nous n’est indemne. A preuve la référence Artaud. A preuve le questionnement renvoyé au monde, le réel dans sa profusion d’image, le réel comme seul terrain du risque, et comment assumer ce risque.
Sauf que. Modestement, ici, on met en page, on propose des formats, et on met en circulation. D’un texte discret, on souhaite seulement que la question résonne. Auteur c’est un travail, il faut du temps, du désarroi, il faut savoir progressivement rejoindre ces limites de soi-même.
s’écrire, non pas à nu, mais parfaitement à vif
Et la suite :
sans le tissu soyeux de la fiction classique, sans les transferts, les masques
Pour rebondir :
et tous les ornements qui rendent plus confortables tant le pacte d’écriture que celui de lecture
Importe de comment et d’où cela parle. Des livres et de la théorie sur l’autofiction, il n’en manque pas (ce texte est l’intervention préparée par Chloé Delaume pour un colloque à Cerisy, qui se termine aujourd’hui même). Mais ce qui s’énonce ne part pas de ce qu’on sait, ce qui s’énonce part de l’inconnu où la suite successive des livres, où chaque livre l’un après l’autre, nous a emportés.
Ainsi, s’écrit une autobiographie, l’auteur revenant à rebours sur chaque tentative, depuis l’autonomie de ces tentatives. Mais précisément, son histoire alors devient cette construction par l’inconnu, pan à pan.
Chloé Delaume n’a pas beaucoup varié de chemin depuis ses Mouflettes d’Athropos. Son chemin s’est élargi, densifié, compliqué : les performances peuvent valoir à égalité des livres, en particulier depuis les « Sims » (Corpus Simsi...