Author: | Gustave Flaubert | ISBN: | 1230000227746 |
Publisher: | Gustave Flaubert | Publication: | March 24, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Gustave Flaubert |
ISBN: | 1230000227746 |
Publisher: | Gustave Flaubert |
Publication: | March 24, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
L’archange Michel avait vaincu Satan lors de la venue du Christ.
Le Christ était venu sur la terre, comme une oasis dans le désert, comme une lueur dans l’ombre.
Et l’oasis s’était tarie, et la lueur n’était plus, et tout n’était que ténèbre.
L’humanité, qui, un moment, avait levé la tête vers le ciel, l’avait reportée sur la terre ; elle avait recommencé sa vieille vie, et les empires allaient toujours, avec leurs ruines qui tombent, troublant le silence du temps, dans le calme du néant et de l’éternité.
Les races s’étaient prises d’une lèpre à l’âme.
Tout s’était fait vil.
On riait, mais ce rire avait de l’angoisse, les hommes étaient faibles et méchants, le monde était fou, il bavait, il écumait, il courait comme un enfant dans les champs, il suait de fatigue, il allait se mourir.
Mais avant de rentrer dans le vide, il voulait vivre bien sa dernière minute ; il fallait finir l’orgie et tomber ensuite ivre, ignoble, désespéré, l’estomac plein, le cœur vide.
Satan n’avait plus qu’à donner un dernier coup, et cette roue du mal qui broyait les hommes depuis la création allait s’arrêter enfin, usée comme sa pâture.
Et voilà qu’une fois on entendit dans les airs comme un cri de triomphe, la bouche rouge de l’enfer semblait s’ouvrir et chanter ses victoires.
Le ciel en tressaillit : la terre demandait-elle un nouveau messie ? tournait-elle dans ses agonies ses dernières espérances vers le Christ ? Non, la voix répéta plusieurs fois : « Michel à moi ! Réponds ici ! » Cette voix était triomphante, pleine de colère et de joie.
EXTRAIT:
L’archange Michel avait vaincu Satan lors de la venue du Christ.
Le Christ était venu sur la terre, comme une oasis dans le désert, comme une lueur dans l’ombre.
Et l’oasis s’était tarie, et la lueur n’était plus, et tout n’était que ténèbre.
L’humanité, qui, un moment, avait levé la tête vers le ciel, l’avait reportée sur la terre ; elle avait recommencé sa vieille vie, et les empires allaient toujours, avec leurs ruines qui tombent, troublant le silence du temps, dans le calme du néant et de l’éternité.
Les races s’étaient prises d’une lèpre à l’âme.
Tout s’était fait vil.
On riait, mais ce rire avait de l’angoisse, les hommes étaient faibles et méchants, le monde était fou, il bavait, il écumait, il courait comme un enfant dans les champs, il suait de fatigue, il allait se mourir.
Mais avant de rentrer dans le vide, il voulait vivre bien sa dernière minute ; il fallait finir l’orgie et tomber ensuite ivre, ignoble, désespéré, l’estomac plein, le cœur vide.
Satan n’avait plus qu’à donner un dernier coup, et cette roue du mal qui broyait les hommes depuis la création allait s’arrêter enfin, usée comme sa pâture.
Et voilà qu’une fois on entendit dans les airs comme un cri de triomphe, la bouche rouge de l’enfer semblait s’ouvrir et chanter ses victoires.
Le ciel en tressaillit : la terre demandait-elle un nouveau messie ? tournait-elle dans ses agonies ses dernières espérances vers le Christ ? Non, la voix répéta plusieurs fois : « Michel à moi ! Réponds ici ! » Cette voix était triomphante, pleine de colère et de joie.