Author: | marguerite audoux | ISBN: | 1230002049854 |
Publisher: | pp | Publication: | December 15, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | marguerite audoux |
ISBN: | 1230002049854 |
Publisher: | pp |
Publication: | December 15, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Le jour même où Bubu de Montparnasse parut en librairie, Berthe Méténier écrivait à Charles-Louis Philippe : “ Vous seul pouvez avoir pitié de moi. J’ai confiance en vous. Sauvez-moi. Je serai demain à deux heures derrière l’église Saint-Leu ”.
Philippe aurait voulu que demain fût tout de suite. Depuis deux ans il était sans nouvelles de Berthe Méténier, et si elle l’appelait ainsi, c’est qu’elle courait un danger. Il ne pouvait rester tranquille en attendant demain. Il alla prévenir ses deux plus proches amis Charles et Michel. Il était dans une grande inquiétude. Il disait : — Songez donc, d’ici à demain il y a encore une nuit à passer, et une nuit pour une fille publique, c’est toute une vie.
Le lendemain, il fut bien avant deux heures derrière l’église Saint-Leu. Berthe Méténier arriva par la rue de la grande Truanderie, et tout en regardant à droite et à gauche d’un air peureux elle expliqua qu’elle avait quitté Bubu, qu’elle ne pouvait plus faire ce métier-là, qu’elle en était lasse à en mourir, qu’elle avait essayé plusieurs fois de retourner à l’atelier, mais que Bubu avait toujours su la retrouver. Alors elle avait pensé au seul homme qui s’était montré bon et pitoyable pour elle. Elle voulait quitter Paris, s’en aller n’importe où, et elle suppliait Charles-Louis Philippe de l’aider et de la conseiller.
Il la ramena dans un petit café de la rue Vavin où l’attendaient ses amis. Il la fit passer devant lui en la prenant aux épaules, et comme s’il eût exposé au regard de ses amis une chose infiniment précieuse, il dit moitié riant et moitié grave :
— Voilà une femme que je vais sauver.
Il lui enleva son manteau, la fit asseoir à côté de lui. Il la détailla. “ Voyez comme son corps est menu et comme ses yeux sont doux ”.
Le jour même où Bubu de Montparnasse parut en librairie, Berthe Méténier écrivait à Charles-Louis Philippe : “ Vous seul pouvez avoir pitié de moi. J’ai confiance en vous. Sauvez-moi. Je serai demain à deux heures derrière l’église Saint-Leu ”.
Philippe aurait voulu que demain fût tout de suite. Depuis deux ans il était sans nouvelles de Berthe Méténier, et si elle l’appelait ainsi, c’est qu’elle courait un danger. Il ne pouvait rester tranquille en attendant demain. Il alla prévenir ses deux plus proches amis Charles et Michel. Il était dans une grande inquiétude. Il disait : — Songez donc, d’ici à demain il y a encore une nuit à passer, et une nuit pour une fille publique, c’est toute une vie.
Le lendemain, il fut bien avant deux heures derrière l’église Saint-Leu. Berthe Méténier arriva par la rue de la grande Truanderie, et tout en regardant à droite et à gauche d’un air peureux elle expliqua qu’elle avait quitté Bubu, qu’elle ne pouvait plus faire ce métier-là, qu’elle en était lasse à en mourir, qu’elle avait essayé plusieurs fois de retourner à l’atelier, mais que Bubu avait toujours su la retrouver. Alors elle avait pensé au seul homme qui s’était montré bon et pitoyable pour elle. Elle voulait quitter Paris, s’en aller n’importe où, et elle suppliait Charles-Louis Philippe de l’aider et de la conseiller.
Il la ramena dans un petit café de la rue Vavin où l’attendaient ses amis. Il la fit passer devant lui en la prenant aux épaules, et comme s’il eût exposé au regard de ses amis une chose infiniment précieuse, il dit moitié riant et moitié grave :
— Voilà une femme que je vais sauver.
Il lui enleva son manteau, la fit asseoir à côté de lui. Il la détailla. “ Voyez comme son corps est menu et comme ses yeux sont doux ”.