Author: | Théophile Gautier | ISBN: | 1230000212552 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | January 24, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Théophile Gautier |
ISBN: | 1230000212552 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | January 24, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Quand on traverse la place de la Concorde, qu’animent les évolutions et le passage des troupes, l’œil est attiré par un groupe qui se renouvelle sans cesse aux pieds de la statue représentant la ville de Strasbourg. Majestueusement, du haut de son socle, comme du haut d’un autel, elle domine la foule prosternée ; une nouvelle dévotion s’est fondée, et celle-là n’aura pas de dissident ; la sainte statue est parée comme une Madone, et jamais la ferveur catholique n’a couvert de plus d’ornements une image sacrée. Ce ne sont pas, il est vrai, des robes ramagées de perles, des auréoles constellées de diamants, des manteaux de brocart d’or brodés de rubis et de saphirs comme en porte la Vierge de Tolède, mais des drapeaux tricolores lui composent une sorte de tunique guerrière qui semble rayée par les filets d’un sang pur.
Sur sa couronne de créneaux, on a posé des couronnes de fleurs. Elle disparaît presque sous l’entassement des bouquets et des ex-voto patriotiques. Le soir, pareilles aux petits cierges que les âmes pieuses font brûler dans les églises devant la Mère divine, les lanternes vénitiennes s’allument et jettent leurs reflets sur la statue impassible et sereine. Ses traits, d’une beauté fière, ne trahissent par aucune contraction qu’elle a, enfoncés dans la poitrine, les sept glaives de douleurs. On dirait presque qu’elle sourit quand la lueur rose des lanternes flotte sur ses lèvres pâles. Des banderoles où sont tracées des inscriptions enthousiastes voltigent autour d’elle.
Sur le piédestal se lisent des cris d’amour et d’admiration. Des pièces de vers, des stances sont écrites au crayon, et si l’art manque à ces poésies, le sentiment s’y trouve toujours. Devant le socle est un large registre ouvert, et les noms s’y ajoutent aux noms. Le peuple parisien s’inscrit chez la ville de Strasbourg. Le volume, relié magnifiquement et blasonné aux armes de la glorieuse cité, sera offert à la grande martyre qui se dévoue pour l’honneur et le salut de la France. Jamais ville n’aura eu dans ses archives un plus glorieux livre d’or.
Quand on traverse la place de la Concorde, qu’animent les évolutions et le passage des troupes, l’œil est attiré par un groupe qui se renouvelle sans cesse aux pieds de la statue représentant la ville de Strasbourg. Majestueusement, du haut de son socle, comme du haut d’un autel, elle domine la foule prosternée ; une nouvelle dévotion s’est fondée, et celle-là n’aura pas de dissident ; la sainte statue est parée comme une Madone, et jamais la ferveur catholique n’a couvert de plus d’ornements une image sacrée. Ce ne sont pas, il est vrai, des robes ramagées de perles, des auréoles constellées de diamants, des manteaux de brocart d’or brodés de rubis et de saphirs comme en porte la Vierge de Tolède, mais des drapeaux tricolores lui composent une sorte de tunique guerrière qui semble rayée par les filets d’un sang pur.
Sur sa couronne de créneaux, on a posé des couronnes de fleurs. Elle disparaît presque sous l’entassement des bouquets et des ex-voto patriotiques. Le soir, pareilles aux petits cierges que les âmes pieuses font brûler dans les églises devant la Mère divine, les lanternes vénitiennes s’allument et jettent leurs reflets sur la statue impassible et sereine. Ses traits, d’une beauté fière, ne trahissent par aucune contraction qu’elle a, enfoncés dans la poitrine, les sept glaives de douleurs. On dirait presque qu’elle sourit quand la lueur rose des lanternes flotte sur ses lèvres pâles. Des banderoles où sont tracées des inscriptions enthousiastes voltigent autour d’elle.
Sur le piédestal se lisent des cris d’amour et d’admiration. Des pièces de vers, des stances sont écrites au crayon, et si l’art manque à ces poésies, le sentiment s’y trouve toujours. Devant le socle est un large registre ouvert, et les noms s’y ajoutent aux noms. Le peuple parisien s’inscrit chez la ville de Strasbourg. Le volume, relié magnifiquement et blasonné aux armes de la glorieuse cité, sera offert à la grande martyre qui se dévoue pour l’honneur et le salut de la France. Jamais ville n’aura eu dans ses archives un plus glorieux livre d’or.