Un cas de folie

( Edition intégrale )

Mystery & Suspense, Police Procedural, Fiction & Literature, Thrillers
Cover of the book Un cas de folie by Henry Cauvain, Paris : Calmann Lévy, 1882
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Author: Henry Cauvain ISBN: 1230002380216
Publisher: Paris : Calmann Lévy, 1882 Publication: June 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: Henry Cauvain
ISBN: 1230002380216
Publisher: Paris : Calmann Lévy, 1882
Publication: June 16, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait: – Et maintenant, mon cher, voici mon cabinet de travail !
Armand d’Arçay mit dans ces mots une emphase convaincue qui fit sourire André Gérard, son ancien camarade d’enfance, qu’il promenait depuis une heure à travers le nouvel hôtel que sa mère venait de faire bâtir à Rennes.
En disant ces paroles, Armand avait introduit son ami dans une grande pièce carrée, haute de plafond, et qui recevait le jour d’une fenêtre garnie de rideaux en vieille tapisserie.
André Gérard, habitué à la blancheur nue de son modeste atelier, regardait avec une admiration pleine de respect, l’installation minutieusement confortable et complète de son ancien camarade d’enfance.
Puis, retrouvant sa gaieté un peu railleuse et sans gêne :
– En vérité, dit-il, tu es installé comme un ministre !… Voici la chaise de l’orphelin et le fauteuil de la veuve… J’aperçois même un canapé pour le cas où ladite veuve serait jeune et jolie !…
Et il réveilla de son bon rire cet intérieur un peu froid.
Ils causèrent. Ils avaient tant de choses à se dire ! Ils ne s’étaient pas revus depuis près de quinze ans. Lorsqu’ils avaient été séparés, ils n’étaient encore que deux enfants.
Un jour, madame d’Arçay avait dit à son fils en lui posant la main sur la tête :
– Tu sais, ton petitami Gérard est parti !…
L’enfant avait suspendu net ses jeux, un peu d’angoisse avait étreint son cœur et deux larmes étaient venues rouler dans ses grands yeux noirs.
– Je ne t’avais pas oublié, dit Armand en tendant la main à son ami, après lui avoir rappelé ce souvenir. Tu étais mon meilleur camarade en ce temps-là. Te souviens-tu des superbes bonshommes que tu me dessinais ? Depuis, j’ai souvent pensé à toi. Je savais qu’on t’avait envoyé à l’autre bout de la France, dans un collège où le gouvernement t’avait donné une bourse comme orphelin d’un militaire. mais je n’aurais jamais espéré qu’après un si long espace de temps je te reverrais à Rennes.
– A ! je te réponds que ce n’est pas l’amour du clocher qui m’y a rappelé !… Car, si j’excepte les bons souvenirs que j’ai gardés de nos parties dans le grand parc de ton père, mon enfance pauvre et misérable ne m’a laissé dans l’esprit qu’une triste impression. Je suis venu, comme je te l’ai dit tout à l’heure, pour recueillir un petit héritage qu’une vieille tante a eu la bonne idée de me laisser. Mais, les formalités nécessaires accomplies, je file pour Paris où j’espère bien que tu me rejoindras un jour. Il est impossible que tu passes ta vie dans ce trou de province. Tu n’auras ici que des procès absurdes. Tu traîneras une existence sans intérêt, sans idéal, sans passion… tu végéteras enfin.

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Extrait: – Et maintenant, mon cher, voici mon cabinet de travail !
Armand d’Arçay mit dans ces mots une emphase convaincue qui fit sourire André Gérard, son ancien camarade d’enfance, qu’il promenait depuis une heure à travers le nouvel hôtel que sa mère venait de faire bâtir à Rennes.
En disant ces paroles, Armand avait introduit son ami dans une grande pièce carrée, haute de plafond, et qui recevait le jour d’une fenêtre garnie de rideaux en vieille tapisserie.
André Gérard, habitué à la blancheur nue de son modeste atelier, regardait avec une admiration pleine de respect, l’installation minutieusement confortable et complète de son ancien camarade d’enfance.
Puis, retrouvant sa gaieté un peu railleuse et sans gêne :
– En vérité, dit-il, tu es installé comme un ministre !… Voici la chaise de l’orphelin et le fauteuil de la veuve… J’aperçois même un canapé pour le cas où ladite veuve serait jeune et jolie !…
Et il réveilla de son bon rire cet intérieur un peu froid.
Ils causèrent. Ils avaient tant de choses à se dire ! Ils ne s’étaient pas revus depuis près de quinze ans. Lorsqu’ils avaient été séparés, ils n’étaient encore que deux enfants.
Un jour, madame d’Arçay avait dit à son fils en lui posant la main sur la tête :
– Tu sais, ton petitami Gérard est parti !…
L’enfant avait suspendu net ses jeux, un peu d’angoisse avait étreint son cœur et deux larmes étaient venues rouler dans ses grands yeux noirs.
– Je ne t’avais pas oublié, dit Armand en tendant la main à son ami, après lui avoir rappelé ce souvenir. Tu étais mon meilleur camarade en ce temps-là. Te souviens-tu des superbes bonshommes que tu me dessinais ? Depuis, j’ai souvent pensé à toi. Je savais qu’on t’avait envoyé à l’autre bout de la France, dans un collège où le gouvernement t’avait donné une bourse comme orphelin d’un militaire. mais je n’aurais jamais espéré qu’après un si long espace de temps je te reverrais à Rennes.
– A ! je te réponds que ce n’est pas l’amour du clocher qui m’y a rappelé !… Car, si j’excepte les bons souvenirs que j’ai gardés de nos parties dans le grand parc de ton père, mon enfance pauvre et misérable ne m’a laissé dans l’esprit qu’une triste impression. Je suis venu, comme je te l’ai dit tout à l’heure, pour recueillir un petit héritage qu’une vieille tante a eu la bonne idée de me laisser. Mais, les formalités nécessaires accomplies, je file pour Paris où j’espère bien que tu me rejoindras un jour. Il est impossible que tu passes ta vie dans ce trou de province. Tu n’auras ici que des procès absurdes. Tu traîneras une existence sans intérêt, sans idéal, sans passion… tu végéteras enfin.

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