Une Femme m’apparut…

Fiction & Literature, Literary Theory & Criticism, French, European
Cover of the book Une Femme m’apparut… by Renée Vivien, CP
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Author: Renée Vivien ISBN: 1230001206456
Publisher: CP Publication: June 29, 2016
Imprint: Language: French
Author: Renée Vivien
ISBN: 1230001206456
Publisher: CP
Publication: June 29, 2016
Imprint:
Language: French

J’attendais Lorély dans un boudoir glauque où les bibelots semblaient jetés çà et là au gré d’une main impatiente. On y sentait le caprice et le désordre d’un esprit fantasque. Des fleurs éclataient partout en gerbes, en fusées, en masses touffues… C’étaient des lys tigrés ouvrant leurs vastes corolles d’où s’exhalait la violence du parfum, des grappes d’orchidées bleues retombant avec une grâce triste, des gardénias, si fragiles que le frôlement le plus doux les eût flétris, blêmissant à côté de roses blanches. C’étaient toutes des fleurs d’hiver, de ces frêles et longues fleurs qui ne savent point l’épanouissement dans l’air et le soleil.

Je devinai que Lorély devait chercher en l’art, plutôt qu’en la nature, un fuyant idéal.

Je me pris à songer…

Lorély paraîtrait tout à l’heure, incarnation de mon destin. Elle viendrait vers moi, cruellement et suavement blonde comme Undine elle-même.

San Giovanni m’observait, avec son indéfinissable sourire. Et moi, je savourais cette charmante angoisse de l’attente…

La porte s’ouvrit.

« Vois, » me dit l’Annonciatrice.

Dans une demi-clarté à la magie singulière, une Femme m’apparut… À son approche, les lys tigrés jetèrent un plus véhément parfum.

Elle était pâle et d’une blondeur presque surnaturelle. Ses voiles traduisaient la souplesse insidieuse de son corps…

Instinctivement, je redoutai le commandement de son regard, la courbe impérieuse de ses lèvres. Ses cheveux la nimbaient d’un perpétuel clair de lune.

Jamais je ne vis de beauté plus étrange.

Lorély me domina de son regard. Je n’essayai point de me dérober à la séduction de ces prunelles volontaires.

« Je suis ici, » lui dis-je, « parce que je devais venir… »

Elle me sourit, d’un sourire florentin qui ressemblait à celui de l’Annonciatrice, mais recélait plus de langueur.

« Suis-moi, » ordonna-t-elle.

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J’attendais Lorély dans un boudoir glauque où les bibelots semblaient jetés çà et là au gré d’une main impatiente. On y sentait le caprice et le désordre d’un esprit fantasque. Des fleurs éclataient partout en gerbes, en fusées, en masses touffues… C’étaient des lys tigrés ouvrant leurs vastes corolles d’où s’exhalait la violence du parfum, des grappes d’orchidées bleues retombant avec une grâce triste, des gardénias, si fragiles que le frôlement le plus doux les eût flétris, blêmissant à côté de roses blanches. C’étaient toutes des fleurs d’hiver, de ces frêles et longues fleurs qui ne savent point l’épanouissement dans l’air et le soleil.

Je devinai que Lorély devait chercher en l’art, plutôt qu’en la nature, un fuyant idéal.

Je me pris à songer…

Lorély paraîtrait tout à l’heure, incarnation de mon destin. Elle viendrait vers moi, cruellement et suavement blonde comme Undine elle-même.

San Giovanni m’observait, avec son indéfinissable sourire. Et moi, je savourais cette charmante angoisse de l’attente…

La porte s’ouvrit.

« Vois, » me dit l’Annonciatrice.

Dans une demi-clarté à la magie singulière, une Femme m’apparut… À son approche, les lys tigrés jetèrent un plus véhément parfum.

Elle était pâle et d’une blondeur presque surnaturelle. Ses voiles traduisaient la souplesse insidieuse de son corps…

Instinctivement, je redoutai le commandement de son regard, la courbe impérieuse de ses lèvres. Ses cheveux la nimbaient d’un perpétuel clair de lune.

Jamais je ne vis de beauté plus étrange.

Lorély me domina de son regard. Je n’essayai point de me dérober à la séduction de ces prunelles volontaires.

« Je suis ici, » lui dis-je, « parce que je devais venir… »

Elle me sourit, d’un sourire florentin qui ressemblait à celui de l’Annonciatrice, mais recélait plus de langueur.

« Suis-moi, » ordonna-t-elle.

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