Author: | Octave Feuillet | ISBN: | 1230000658904 |
Publisher: | Genevieve LECOINTE | Publication: | September 11, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Octave Feuillet |
ISBN: | 1230000658904 |
Publisher: | Genevieve LECOINTE |
Publication: | September 11, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Le grand oncle de mon aïeul avait fait voir, dès son enfance, une furieuse passion de voyager : mais, par une suite de circonstances étrangères à cette histoire, il était arrivé à l’âge de soixante ans, sans avoir jamais poussé plus loin que Montmartre. « Il est véritablement ridicule, se disait-il fréquemment, que l’homme du monde qui souhaite le plus de voyager soit précisément celui qui ait vu le moins de pays. Car je n’appelle point voir du pays, aller de mon domicile de la rue Saint-Denis jusqu’aux moulins de Montmartre. Non !... Autant dire que je suis un âne. Car c’est un chemin que les ânes font tous les jours. » À force de s’exciter par ces réflexions amères, le grand-oncle de mon aïeul se poussa lui-même à bout, et, un beau matin, il partit en poste pour Marseille ; là il prit passage sur un navire qui le transporta à Naples ; de Naples, il prétendait bien passer dans le Levant, puis dans l’Inde, puis dans les deux Amériques, qu’il comptait visiter en détail, et d’où il ne désespérait pas de pouvoir regagner la rue Saint-Denis. En touchant au cap de Bonne-Espérance. Mais tous ces beaux projets furent subitement rompus par un accident qui lui arriva. Il n’était pas à Naples depuis trois jours, qu’il mourut tout d’un coup.
Le grand oncle de mon aïeul avait fait voir, dès son enfance, une furieuse passion de voyager : mais, par une suite de circonstances étrangères à cette histoire, il était arrivé à l’âge de soixante ans, sans avoir jamais poussé plus loin que Montmartre. « Il est véritablement ridicule, se disait-il fréquemment, que l’homme du monde qui souhaite le plus de voyager soit précisément celui qui ait vu le moins de pays. Car je n’appelle point voir du pays, aller de mon domicile de la rue Saint-Denis jusqu’aux moulins de Montmartre. Non !... Autant dire que je suis un âne. Car c’est un chemin que les ânes font tous les jours. » À force de s’exciter par ces réflexions amères, le grand-oncle de mon aïeul se poussa lui-même à bout, et, un beau matin, il partit en poste pour Marseille ; là il prit passage sur un navire qui le transporta à Naples ; de Naples, il prétendait bien passer dans le Levant, puis dans l’Inde, puis dans les deux Amériques, qu’il comptait visiter en détail, et d’où il ne désespérait pas de pouvoir regagner la rue Saint-Denis. En touchant au cap de Bonne-Espérance. Mais tous ces beaux projets furent subitement rompus par un accident qui lui arriva. Il n’était pas à Naples depuis trois jours, qu’il mourut tout d’un coup.