douce lumiere

Romance, Contemporary
Cover of the book douce lumiere by marguerite audoux, pp
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Author: marguerite audoux ISBN: 1230002059914
Publisher: pp Publication: December 22, 2017
Imprint: Language: French
Author: marguerite audoux
ISBN: 1230002059914
Publisher: pp
Publication: December 22, 2017
Imprint:
Language: French

Depuis son lever, tout comme les autres jours, elle joue avec son chien. Elle joue à courir dans le verger qui entoure la très vieille maison où, par un clair matin de mai, sa venue au monde apporta aux siens l’angoisse, le deuil et un désespoir sans limite.

            Aujourd’hui, elle a sept ans et c’est encore un clair matin de mai. Et si la vieille maison reste grise et triste sous les rayons du frais soleil, le verger brille, embaume et jette au vent les mille et une fleurettes qui se séparent, comme à regret, des fruits naissants.

                La fillette court pieds nus, tête nue, bras nus, n’ayant pour tout vêtement qu’une souquenille de grosse toile toute rongée par le bas, et dont les accrocs mal recousus menacent de s’ouvrir, au moindre effort. Elle court le long de la haie d’aubépine taillée à hauteur d’homme et aussi impénétrable qu’un gros mur. Elle court sous les arbres, les contournant l’un après l’autre et parfois, grimpant sur l’une des grosses branches, elle reste là, perchée, à rire au nez du chien qui s’essouffle en des bonds énormes et pleure de ne pouvoir la rejoindre. Parfois aussi tout en courant elle se baisse pour ramasser une poignée de fleurettes qu’elle lance adroitement dans la gueule de son compagnon, rien que pour le voir éternuer, souffler, et rejeter les fleurettes, puis bondir sur elle, la renverser et la pousser du museau jusqu’à ce qu’elle soit debout pour repartir. Elle joue sans bruit, la bouche seulement ouverte pour des rires muets  ; car si elle ignore la peur de rester seule dans sa maison isolée, elle craint les gamins qui rôdent dans les champs d’alentour et viennent lui jeter des pierres comme à un vilain animal. À cause d’eux, depuis longtemps déjà elle a pris l’habitude du silence. Il y a encore, derrière la maison, l’entrée du potager qui lui donne des soucis, malgré sa large et forte grille dont les barreaux se terminent en lances pointues comme des fuseaux. Cette entrée-là fait face à une haute et vaste sapinière dont on ne voit pas la fin. Cette grille, elle ne l’a jamais vue ouverte. Cependant elle a dû s’ouvrir autrefois pour laisser entrer et sortir des charrettes dont on voit encore la trace à deux ornières qui se perdent au loin, entre les sapins. Elle ne joue plus de ce côté depuis qu’elle a vu un homme à besace s’acharner contre la serrure massive et rouillée, et cela sans s’inquiéter des aboiements furieux du chien qui disaient clairement que personne n’avait le droit d’entrer par là. La serrure avait résisté, mais l’homme était parti avec des jurons et des menaces qui avaient épouvanté l’enfant et la laissaient sous la crainte constante d’elle ne savait quel danger. Et voici qu’à l’instant même où elle y pensait, et sans qu’aucun bruit de la grille ne l’eut avertie, elle apercevait tout à coup, venant du potager, un jeune garçon qui s’avançait en lui souriant comme à une amie de toujours. Le chien, lancé pour une nouvelle course, s’arrêta net et gronda

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Depuis son lever, tout comme les autres jours, elle joue avec son chien. Elle joue à courir dans le verger qui entoure la très vieille maison où, par un clair matin de mai, sa venue au monde apporta aux siens l’angoisse, le deuil et un désespoir sans limite.

            Aujourd’hui, elle a sept ans et c’est encore un clair matin de mai. Et si la vieille maison reste grise et triste sous les rayons du frais soleil, le verger brille, embaume et jette au vent les mille et une fleurettes qui se séparent, comme à regret, des fruits naissants.

                La fillette court pieds nus, tête nue, bras nus, n’ayant pour tout vêtement qu’une souquenille de grosse toile toute rongée par le bas, et dont les accrocs mal recousus menacent de s’ouvrir, au moindre effort. Elle court le long de la haie d’aubépine taillée à hauteur d’homme et aussi impénétrable qu’un gros mur. Elle court sous les arbres, les contournant l’un après l’autre et parfois, grimpant sur l’une des grosses branches, elle reste là, perchée, à rire au nez du chien qui s’essouffle en des bonds énormes et pleure de ne pouvoir la rejoindre. Parfois aussi tout en courant elle se baisse pour ramasser une poignée de fleurettes qu’elle lance adroitement dans la gueule de son compagnon, rien que pour le voir éternuer, souffler, et rejeter les fleurettes, puis bondir sur elle, la renverser et la pousser du museau jusqu’à ce qu’elle soit debout pour repartir. Elle joue sans bruit, la bouche seulement ouverte pour des rires muets  ; car si elle ignore la peur de rester seule dans sa maison isolée, elle craint les gamins qui rôdent dans les champs d’alentour et viennent lui jeter des pierres comme à un vilain animal. À cause d’eux, depuis longtemps déjà elle a pris l’habitude du silence. Il y a encore, derrière la maison, l’entrée du potager qui lui donne des soucis, malgré sa large et forte grille dont les barreaux se terminent en lances pointues comme des fuseaux. Cette entrée-là fait face à une haute et vaste sapinière dont on ne voit pas la fin. Cette grille, elle ne l’a jamais vue ouverte. Cependant elle a dû s’ouvrir autrefois pour laisser entrer et sortir des charrettes dont on voit encore la trace à deux ornières qui se perdent au loin, entre les sapins. Elle ne joue plus de ce côté depuis qu’elle a vu un homme à besace s’acharner contre la serrure massive et rouillée, et cela sans s’inquiéter des aboiements furieux du chien qui disaient clairement que personne n’avait le droit d’entrer par là. La serrure avait résisté, mais l’homme était parti avec des jurons et des menaces qui avaient épouvanté l’enfant et la laissaient sous la crainte constante d’elle ne savait quel danger. Et voici qu’à l’instant même où elle y pensait, et sans qu’aucun bruit de la grille ne l’eut avertie, elle apercevait tout à coup, venant du potager, un jeune garçon qui s’avançait en lui souriant comme à une amie de toujours. Le chien, lancé pour une nouvelle course, s’arrêta net et gronda

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