Author: | jean françois de bastide | ISBN: | 1230002214672 |
Publisher: | pp | Publication: | March 15, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | jean françois de bastide |
ISBN: | 1230002214672 |
Publisher: | pp |
Publication: | March 15, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
ÉLITE vivoit familièrement avec les hommes, et il n’y avoit que les bonnes gens, ou ses amis intimes, qui ne la soupçonnassent pas de galanterie. Son air, ses propos légers, ses manières libres, établissoient assez cette prévention. Le marquis de Trémicour avoit envie de l’engager, et s’étoit flatté d’y réussir aisément. C’est un homme qui doit attendre plus qu’un autre du caprice des femmes. Il est magnifique, généreux, plein d’esprit et de goût, et peu d’hommes peuvent se vanter à juste titre de l’égaler en agrémens. Malgré tant d’avantages, Mélite lui résistoit. Il ne concevoit pas cette bizarrerie. Elle lui disoit qu’elle étoit vertueuse, et il répondoit qu’il ne croiroit jamais qu’elle le fût. C’étoit entr’eux une guerre continuelle à ce sujet. Enfin, le marquis la défia de venir dans sa petite maison. Elle répondit qu’elle y viendroit, et que là, ni ailleurs, il ne lui seroit redoutable. Ils firent une gageure, et elle y alla (elle ne sçavoit pas ce que c’étoit que cette petite maison ; elle n’en connoissoit même aucune que de nom). Nul lieu dans Paris, ni dans l’Europe, n’est ni aussi galant ni aussi ingénieux. Il faut l’y suivre avec le marquis, et voir comment elle se tirera d’affaire avec lui.
Cette maison unique est sur les bords de la Seine. Une avenue, conduisant à une patte d’oie, amené à la porte d’une jolie avant-cour tapissée de verdure, et qui de droite et de gauche communique à des basses-cours distribuées avec symétrie, dans lesquelles on trouve une ménagerie peuplée d’animaux rares et familiers, une jolie laiterie, ornée de marbres, de coquillages, et où des eaux abondantes et pures tempèrent la chaleur du jour ; on y trouve aussi tout ce que l’entretien et la propreté des équipages, de même que les approvisionnemens d’une vie délicate et sensuelle, peuvent demander. Dans l’autre basse-cour sont placés une écurie double, un joli manège et un chenil où sont renfermés des chiens de toute espèce.
Tous ces bâtimens sont contenus dans des murs de face d’une décoration simple, qui tiennent plus de la nature que de l’art, et représentent le caractère pastoral et champêtre. Des percées, ingénieusement ménagées, laissent appercevoir des vergers et des potagers constamment variés, et tous ces objets attirent si singulièrement les regards, qu’on est impatient de les admirer tour à tour.
ÉLITE vivoit familièrement avec les hommes, et il n’y avoit que les bonnes gens, ou ses amis intimes, qui ne la soupçonnassent pas de galanterie. Son air, ses propos légers, ses manières libres, établissoient assez cette prévention. Le marquis de Trémicour avoit envie de l’engager, et s’étoit flatté d’y réussir aisément. C’est un homme qui doit attendre plus qu’un autre du caprice des femmes. Il est magnifique, généreux, plein d’esprit et de goût, et peu d’hommes peuvent se vanter à juste titre de l’égaler en agrémens. Malgré tant d’avantages, Mélite lui résistoit. Il ne concevoit pas cette bizarrerie. Elle lui disoit qu’elle étoit vertueuse, et il répondoit qu’il ne croiroit jamais qu’elle le fût. C’étoit entr’eux une guerre continuelle à ce sujet. Enfin, le marquis la défia de venir dans sa petite maison. Elle répondit qu’elle y viendroit, et que là, ni ailleurs, il ne lui seroit redoutable. Ils firent une gageure, et elle y alla (elle ne sçavoit pas ce que c’étoit que cette petite maison ; elle n’en connoissoit même aucune que de nom). Nul lieu dans Paris, ni dans l’Europe, n’est ni aussi galant ni aussi ingénieux. Il faut l’y suivre avec le marquis, et voir comment elle se tirera d’affaire avec lui.
Cette maison unique est sur les bords de la Seine. Une avenue, conduisant à une patte d’oie, amené à la porte d’une jolie avant-cour tapissée de verdure, et qui de droite et de gauche communique à des basses-cours distribuées avec symétrie, dans lesquelles on trouve une ménagerie peuplée d’animaux rares et familiers, une jolie laiterie, ornée de marbres, de coquillages, et où des eaux abondantes et pures tempèrent la chaleur du jour ; on y trouve aussi tout ce que l’entretien et la propreté des équipages, de même que les approvisionnemens d’une vie délicate et sensuelle, peuvent demander. Dans l’autre basse-cour sont placés une écurie double, un joli manège et un chenil où sont renfermés des chiens de toute espèce.
Tous ces bâtimens sont contenus dans des murs de face d’une décoration simple, qui tiennent plus de la nature que de l’art, et représentent le caractère pastoral et champêtre. Des percées, ingénieusement ménagées, laissent appercevoir des vergers et des potagers constamment variés, et tous ces objets attirent si singulièrement les regards, qu’on est impatient de les admirer tour à tour.