un poete abbe jacques delille

Nonfiction, History, Medieval
Cover of the book un poete abbe jacques delille by louis audiat, pp
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Author: louis audiat ISBN: 1230002079271
Publisher: pp Publication: January 7, 2018
Imprint: Language: French
Author: louis audiat
ISBN: 1230002079271
Publisher: pp
Publication: January 7, 2018
Imprint:
Language: French

Le Ier juin 1885, le peuple de Paris faisait à Victor Hugo de grandes funérailles, un peu fastueuses peut-être. Le gouvernement s’y associa et fit en sorte que tout fût vaste et grandiose. Tout  ? Non. Voulut-on, après la mort du poète, continuer l’antithèse dont il avait fait la figure dominante de ses œuvres  ? De fait, il y avait un contraste presque violent entre le poète si grand et l’homme si petit. On voit encore cet immense cortège et ce modeste cercueil, cette foule prodigieuse où figuraient les grands corps de l’État, ce que la France comptait de plus illustre dans l’armée, l’institut, l’administration, le clergé excepté — il était remplacé par les Beni-Bouffe-toujours. — Et l’on croyait qu’aucune cérémonie aussi majestueuse ne s’était vue depuis la pompe funèbre de Mirabeau (4 avril 1791). Le cortège d’une lieue, qui commença à 5 heures du matin, n’arriva à Sainte-Geneviève, laïcisée ad hoc, qu’à minuit, seize soldats citoyens se relayant pour porter le cadavre, apothéose sitôt suivie des gémonies, et les restes de Mirabeau jetés à la voirie sur la proposition de Marie-Joseph Chénier, pour laisser sa place de Panthéon à Marat.

            Se doute-t-on aujourd’hui qu’un autre poète, au commencement de ce siècle, balança la gloire de Victor Hugo et eut des obsèques aussi splendides  ? Il ne fut pas porté sous l’arc de triomphe, et pour cause  ; mais il fut exposé dans une salle du collège de France, sur un lit de parade, où, pendant plusieurs jours, la foule défila devant ce mort illustre, la figure légèrement peinte, le front couronné de lauriers. Le jour où de l’église de Saint-Étienne-du-Mont on porta le cercueil au Père-Lachaise, les rues étaient pleines de monde, les fenêtres garnies de spectateurs. Les membres de l’institut, les professeurs du collège de France, les savants, les artistes suivaient recueillis. Un corbillard magnifique avait été préparé  ; les étudiants se firent un honneur de porter le corps de leur maître. Le drap mortuaire était tenu par le comte Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, président de la seconde classe de l’institut, le comte de Ségur, grand-maître des cérémonies, le chevalier Delambre, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, et l’évêque de Casal, Velloret, chancelier de l’université. Regnaud, Delambre, Arnault, de l’académie française, et un étudiant en droit, Le Dieu, célèbrent le génie qui vient de disparaître, vantent ses talents et promettent l’éternité à son nom.

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Le Ier juin 1885, le peuple de Paris faisait à Victor Hugo de grandes funérailles, un peu fastueuses peut-être. Le gouvernement s’y associa et fit en sorte que tout fût vaste et grandiose. Tout  ? Non. Voulut-on, après la mort du poète, continuer l’antithèse dont il avait fait la figure dominante de ses œuvres  ? De fait, il y avait un contraste presque violent entre le poète si grand et l’homme si petit. On voit encore cet immense cortège et ce modeste cercueil, cette foule prodigieuse où figuraient les grands corps de l’État, ce que la France comptait de plus illustre dans l’armée, l’institut, l’administration, le clergé excepté — il était remplacé par les Beni-Bouffe-toujours. — Et l’on croyait qu’aucune cérémonie aussi majestueuse ne s’était vue depuis la pompe funèbre de Mirabeau (4 avril 1791). Le cortège d’une lieue, qui commença à 5 heures du matin, n’arriva à Sainte-Geneviève, laïcisée ad hoc, qu’à minuit, seize soldats citoyens se relayant pour porter le cadavre, apothéose sitôt suivie des gémonies, et les restes de Mirabeau jetés à la voirie sur la proposition de Marie-Joseph Chénier, pour laisser sa place de Panthéon à Marat.

            Se doute-t-on aujourd’hui qu’un autre poète, au commencement de ce siècle, balança la gloire de Victor Hugo et eut des obsèques aussi splendides  ? Il ne fut pas porté sous l’arc de triomphe, et pour cause  ; mais il fut exposé dans une salle du collège de France, sur un lit de parade, où, pendant plusieurs jours, la foule défila devant ce mort illustre, la figure légèrement peinte, le front couronné de lauriers. Le jour où de l’église de Saint-Étienne-du-Mont on porta le cercueil au Père-Lachaise, les rues étaient pleines de monde, les fenêtres garnies de spectateurs. Les membres de l’institut, les professeurs du collège de France, les savants, les artistes suivaient recueillis. Un corbillard magnifique avait été préparé  ; les étudiants se firent un honneur de porter le corps de leur maître. Le drap mortuaire était tenu par le comte Regnaud de Saint-Jean-d’Angély, président de la seconde classe de l’institut, le comte de Ségur, grand-maître des cérémonies, le chevalier Delambre, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, et l’évêque de Casal, Velloret, chancelier de l’université. Regnaud, Delambre, Arnault, de l’académie française, et un étudiant en droit, Le Dieu, célèbrent le génie qui vient de disparaître, vantent ses talents et promettent l’éternité à son nom.

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