la chanson de roland

Nonfiction, History, France
Cover of the book la chanson de roland by joseph bedier, pp
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Author: joseph bedier ISBN: 1230002065731
Publisher: pp Publication: December 28, 2017
Imprint: Language: French
Author: joseph bedier
ISBN: 1230002065731
Publisher: pp
Publication: December 28, 2017
Imprint:
Language: French

Un manuscrit célèbre, le manuscrit 23 du fonds Digby de la Bibliothèque bodléienne, à Oxford, nous a seul conservé ce poème en 4002 vers assonancés, signé «  Turoldus  », qui est, de toutes les versions de la Chanson de Roland, la plus ancienne et aussi la plus belle. C’est en 1837 que Francisque Michel en procura l’édition princeps. Depuis ont paru l’édition de Francis Génin (1850), et les trois éditions de Theodor Müller (1851, 1863, 1878), et les éditions sans nombre de Léon Gautier (à partir de 1872), et celles de Boehmer (1872), de Petit de Julleville (1878), de Léon Clédat (1886), de Gaston Paris (Extraits, 1887, 7e édition, 1903), de Stengel (1900), de Gröber (1907). Or, bien que tous ces érudits se soient proposé une tâche identique, fort simple en apparence, qui était de publier pour le mieux un même texte d’après le même manuscrit, leurs éditions diffèrent les unes des autres, singulièrement. Si l’on recueillait toutes leurs corrections et toutes celles qu’ont proposées depuis quatre-vingts ans, en tant de revues de philologie, tant de commentateurs, on pourrait publier du poème une édition variorum où les conjectures foisonneraient, presque aussi nombreuses que dans une édition variorum des Odes d’Horace.

            Il est facile d’expliquer pourquoi. Le manuscrit d’Oxford est l’ouvrage d’un scribe anglo-normand, et le texte que ce scribe nous propose est un spécimen très pur du français qui se parlait et s’écrivait en Angleterre cent ans après la conquête, vers l’an 1170. Mais c’est bien avant l’an 1170, c’est un demi-siècle plus tôt pour le moins, que le poète a écrit la Chanson de Roland, et rien n’invite à croire qu’il ait jamais vécu, comme son copiste, en Angleterre. Le texte d’Oxford apparaît donc dès le premier regard comme une tardive transposition en français insulaire d’une œuvre écrite d’abord dans un autre idiome. Si d’autre part on considère qu’au cours d’une transmission longue et sans doute accidentée, maints scribes et maints reviseurs ont pu modifier tour à tour, à la libre manière de ces temps, les leçons primitives, on est induit à supposer qu’un écart plus ou moins grand, très grand peut-être, sépare la copie qui est sous nos yeux du manuscrit archétype, tel que le poète dut l’écrire de sa main. Comment mesurer cet écart  ? Qui était le poète  ? Un Normand  ? ou un «  Franc de France  »  ? À quelle date a-t-il composé sa Chanson  ? Serait-ce vers l’an 1110, comme plusieurs (desquels je suis) le soutiennent  ? Serait-ce, comme d’autres le croient, trente ou quarante ans plus tôt, bien avant la Croisade, vers l’an 1080  ? En quelle langue l’a-t-il écrite  ? En tel dialecte de la Normandie  ? ou en tel dialecte du domaine capétien  ? ou en une langue littéraire, plus ou moins teintée de particularités dialectales  ? Les réponses varient, groupées en plusieurs systèmes.

Un manuscrit célèbre, le manuscrit 23 du fonds Digby de la Bibliothèque bodléienne, à Oxford, nous a seul conservé ce poème en 4002 vers assonancés, signé «  Turoldus  », qui est, de toutes les versions de la Chanson de Roland, la plus ancienne et aussi la plus belle. C’est en 1837 que Francisque Michel en procura l’édition princeps. Depuis ont paru l’édition de Francis Génin (1850), et les trois éditions de Theodor Müller (1851, 1863, 1878), et les éditions sans nombre de Léon Gautier (à partir de 1872), et celles de Boehmer (1872), de Petit de Julleville (1878), de Léon Clédat (1886), de Gaston Paris (Extraits, 1887, 7e édition, 1903), de Stengel (1900), de Gröber (1907). Or, bien que tous ces érudits se soient proposé une tâche identique, fort simple en apparence, qui était de publier pour le mieux un même texte d’après le même manuscrit, leurs éditions diffèrent les unes des autres, singulièrement. Si l’on recueillait toutes leurs corrections et toutes celles qu’ont proposées depuis quatre-vingts ans, en tant de revues de philologie, tant de commentateurs, on pourrait publier du poème une édition variorum où les conjectures foisonneraient, presque aussi nombreuses que dans une édition variorum des Odes d’Horace.

            Il est facile d’expliquer pourquoi. Le manuscrit d’Oxford est l’ouvrage d’un scribe anglo-normand, et le texte que ce scribe nous propose est un spécimen très pur du français qui se parlait et s’écrivait en Angleterre cent ans après la conquête, vers l’an 1170. Mais c’est bien avant l’an 1170, c’est un demi-siècle plus tôt pour le moins, que le poète a écrit la Chanson de Roland, et rien n’invite à croire qu’il ait jamais vécu, comme son copiste, en Angleterre. Le texte d’Oxford apparaît donc dès le premier regard comme une tardive transposition en français insulaire d’une œuvre écrite d’abord dans un autre idiome. Si d’autre part on considère qu’au cours d’une transmission longue et sans doute accidentée, maints scribes et maints reviseurs ont pu modifier tour à tour, à la libre manière de ces temps, les leçons primitives, on est induit à supposer qu’un écart plus ou moins grand, très grand peut-être, sépare la copie qui est sous nos yeux du manuscrit archétype, tel que le poète dut l’écrire de sa main. Comment mesurer cet écart  ? Qui était le poète  ? Un Normand  ? ou un «  Franc de France  »  ? À quelle date a-t-il composé sa Chanson  ? Serait-ce vers l’an 1110, comme plusieurs (desquels je suis) le soutiennent  ? Serait-ce, comme d’autres le croient, trente ou quarante ans plus tôt, bien avant la Croisade, vers l’an 1080  ? En quelle langue l’a-t-il écrite  ? En tel dialecte de la Normandie  ? ou en tel dialecte du domaine capétien  ? ou en une langue littéraire, plus ou moins teintée de particularités dialectales  ? Les réponses varient, groupées en plusieurs systèmes.

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Un manuscrit célèbre, le manuscrit 23 du fonds Digby de la Bibliothèque bodléienne, à Oxford, nous a seul conservé ce poème en 4002 vers assonancés, signé «  Turoldus  », qui est, de toutes les versions de la Chanson de Roland, la plus ancienne et aussi la plus belle. C’est en 1837 que Francisque Michel en procura l’édition princeps. Depuis ont paru l’édition de Francis Génin (1850), et les trois éditions de Theodor Müller (1851, 1863, 1878), et les éditions sans nombre de Léon Gautier (à partir de 1872), et celles de Boehmer (1872), de Petit de Julleville (1878), de Léon Clédat (1886), de Gaston Paris (Extraits, 1887, 7e édition, 1903), de Stengel (1900), de Gröber (1907). Or, bien que tous ces érudits se soient proposé une tâche identique, fort simple en apparence, qui était de publier pour le mieux un même texte d’après le même manuscrit, leurs éditions diffèrent les unes des autres, singulièrement. Si l’on recueillait toutes leurs corrections et toutes celles qu’ont proposées depuis quatre-vingts ans, en tant de revues de philologie, tant de commentateurs, on pourrait publier du poème une édition variorum où les conjectures foisonneraient, presque aussi nombreuses que dans une édition variorum des Odes d’Horace.

            Il est facile d’expliquer pourquoi. Le manuscrit d’Oxford est l’ouvrage d’un scribe anglo-normand, et le texte que ce scribe nous propose est un spécimen très pur du français qui se parlait et s’écrivait en Angleterre cent ans après la conquête, vers l’an 1170. Mais c’est bien avant l’an 1170, c’est un demi-siècle plus tôt pour le moins, que le poète a écrit la Chanson de Roland, et rien n’invite à croire qu’il ait jamais vécu, comme son copiste, en Angleterre. Le texte d’Oxford apparaît donc dès le premier regard comme une tardive transposition en français insulaire d’une œuvre écrite d’abord dans un autre idiome. Si d’autre part on considère qu’au cours d’une transmission longue et sans doute accidentée, maints scribes et maints reviseurs ont pu modifier tour à tour, à la libre manière de ces temps, les leçons primitives, on est induit à supposer qu’un écart plus ou moins grand, très grand peut-être, sépare la copie qui est sous nos yeux du manuscrit archétype, tel que le poète dut l’écrire de sa main. Comment mesurer cet écart  ? Qui était le poète  ? Un Normand  ? ou un «  Franc de France  »  ? À quelle date a-t-il composé sa Chanson  ? Serait-ce vers l’an 1110, comme plusieurs (desquels je suis) le soutiennent  ? Serait-ce, comme d’autres le croient, trente ou quarante ans plus tôt, bien avant la Croisade, vers l’an 1080  ? En quelle langue l’a-t-il écrite  ? En tel dialecte de la Normandie  ? ou en tel dialecte du domaine capétien  ? ou en une langue littéraire, plus ou moins teintée de particularités dialectales  ? Les réponses varient, groupées en plusieurs systèmes.

Un manuscrit célèbre, le manuscrit 23 du fonds Digby de la Bibliothèque bodléienne, à Oxford, nous a seul conservé ce poème en 4002 vers assonancés, signé «  Turoldus  », qui est, de toutes les versions de la Chanson de Roland, la plus ancienne et aussi la plus belle. C’est en 1837 que Francisque Michel en procura l’édition princeps. Depuis ont paru l’édition de Francis Génin (1850), et les trois éditions de Theodor Müller (1851, 1863, 1878), et les éditions sans nombre de Léon Gautier (à partir de 1872), et celles de Boehmer (1872), de Petit de Julleville (1878), de Léon Clédat (1886), de Gaston Paris (Extraits, 1887, 7e édition, 1903), de Stengel (1900), de Gröber (1907). Or, bien que tous ces érudits se soient proposé une tâche identique, fort simple en apparence, qui était de publier pour le mieux un même texte d’après le même manuscrit, leurs éditions diffèrent les unes des autres, singulièrement. Si l’on recueillait toutes leurs corrections et toutes celles qu’ont proposées depuis quatre-vingts ans, en tant de revues de philologie, tant de commentateurs, on pourrait publier du poème une édition variorum où les conjectures foisonneraient, presque aussi nombreuses que dans une édition variorum des Odes d’Horace.

            Il est facile d’expliquer pourquoi. Le manuscrit d’Oxford est l’ouvrage d’un scribe anglo-normand, et le texte que ce scribe nous propose est un spécimen très pur du français qui se parlait et s’écrivait en Angleterre cent ans après la conquête, vers l’an 1170. Mais c’est bien avant l’an 1170, c’est un demi-siècle plus tôt pour le moins, que le poète a écrit la Chanson de Roland, et rien n’invite à croire qu’il ait jamais vécu, comme son copiste, en Angleterre. Le texte d’Oxford apparaît donc dès le premier regard comme une tardive transposition en français insulaire d’une œuvre écrite d’abord dans un autre idiome. Si d’autre part on considère qu’au cours d’une transmission longue et sans doute accidentée, maints scribes et maints reviseurs ont pu modifier tour à tour, à la libre manière de ces temps, les leçons primitives, on est induit à supposer qu’un écart plus ou moins grand, très grand peut-être, sépare la copie qui est sous nos yeux du manuscrit archétype, tel que le poète dut l’écrire de sa main. Comment mesurer cet écart  ? Qui était le poète  ? Un Normand  ? ou un «  Franc de France  »  ? À quelle date a-t-il composé sa Chanson  ? Serait-ce vers l’an 1110, comme plusieurs (desquels je suis) le soutiennent  ? Serait-ce, comme d’autres le croient, trente ou quarante ans plus tôt, bien avant la Croisade, vers l’an 1080  ? En quelle langue l’a-t-il écrite  ? En tel dialecte de la Normandie  ? ou en tel dialecte du domaine capétien  ? ou en une langue littéraire, plus ou moins teintée de particularités dialectales  ? Les réponses varient, groupées en plusieurs systèmes.

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