Author: | Emile Nelligan | ISBN: | 1230001356311 |
Publisher: | HF | Publication: | September 22, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Emile Nelligan |
ISBN: | 1230001356311 |
Publisher: | HF |
Publication: | September 22, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait : Que messieurs les poètes se rassurent pourtant ; je ne les condamne pas tous indistinctement à cette fin tragique. Pour beaucoup, je le sais, la poésie n’est qu’un délassement délicat, auquel on veut bien permettre de charmer la vie, mais non de l’absorber ; un frisson fugitif qui n’effleure que l’épiderme de l’âme : un excitant qu’on savoure à certaines heures, mais sans aller jusqu’à l’ivresse. Cette poésie à fleur de peau est sans danger : elle gîte chez maints messieurs rubiconds et ventrus qui fourniront une longue carrière. Mais pour d’autres — et ce sont peut-être les vrais, les seuls poètes, — la muse n’est pas seulement une amie, c’est une amante terriblement exigeante et jalouse ; il lui faut toutes les pensées, tout l’effort, tout le sang de l’âme ; c’est l’être entier qu’elle étreint et possède. Et comme elle est de nature trop éthérée pour nos tempéraments mortels, ses embrassements donnent la pthisie et la fièvre. Ce n’est plus la poésie dont on s’amuse, c’est la poésie dont on vit… et dont on meurt.
Ce livre est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait : Que messieurs les poètes se rassurent pourtant ; je ne les condamne pas tous indistinctement à cette fin tragique. Pour beaucoup, je le sais, la poésie n’est qu’un délassement délicat, auquel on veut bien permettre de charmer la vie, mais non de l’absorber ; un frisson fugitif qui n’effleure que l’épiderme de l’âme : un excitant qu’on savoure à certaines heures, mais sans aller jusqu’à l’ivresse. Cette poésie à fleur de peau est sans danger : elle gîte chez maints messieurs rubiconds et ventrus qui fourniront une longue carrière. Mais pour d’autres — et ce sont peut-être les vrais, les seuls poètes, — la muse n’est pas seulement une amie, c’est une amante terriblement exigeante et jalouse ; il lui faut toutes les pensées, tout l’effort, tout le sang de l’âme ; c’est l’être entier qu’elle étreint et possède. Et comme elle est de nature trop éthérée pour nos tempéraments mortels, ses embrassements donnent la pthisie et la fièvre. Ce n’est plus la poésie dont on s’amuse, c’est la poésie dont on vit… et dont on meurt.