Author: | Platon | ISBN: | 1230000220341 |
Publisher: | Platon | Publication: | February 22, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Platon |
ISBN: | 1230000220341 |
Publisher: | Platon |
Publication: | February 22, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Euthyphron
Quelle nouveauté, Socrate? Quitter tes Habitudes du Lycée pour le portique du Roi! J’espère que tu n’as pas, comme moi, un procès devant le Roi?
Socrate
Non pas un procès, Euthyphron: les Athéniens appellent cela une affaire d’état.
Euthyphron
Une affaire d’état! Quelqu’un t’accuse apparemment; car pour toi, Socrate, je ne croirai jamais que tu accuses personne.
Socrate
Certainement non.
Euthyphron
Ainsi donc, c’est toi qu’on accuse?
Socrate
Justement.
Euthyphron
Et quel est ton accusateur?
Socrate
Je ne le connais guère personnellement; il paraît que c’est un jeune homme assez obscur; on l’appelle, je crois, Mélitus; il est du bourg de Pithos. Si tu te rappelles quelqu’un de Pithos, qui se nomme Mélitus, et qui ait les cheveux plats, la barbe rare, le nez recourbé, c’est mon homme.
Euthyphron
Je ne me rappelle personne qui soit ainsi fait;mais quelle accusation, Socrate, ce Mélitus intente-t-il donc contre toi?
Socrate
Quelle accusation? Une accusation qui ne marque pas un homme ordinaire; car, à son âge, ce n’est pas peu que d’être instruit dans des matières si relevées. Il dit qu’il sait tout ce qu’on fait aujourd’hui pour corrompre la jeunesse, et qui sont ceux qui la corrompent. C’est apparemment quelque habile homme qui, connaissant mon ignorance, vient, devant la patrie, comme devant la mère commune, m’accuser de corrompre les hommes de son âge: et, il faut l’avouer, il me paraît le seul de nos hommes d’état qui entende les fondements d’une bonne politique; car la raison ne dit-elle pas qu’il faut commencer par l’éducation des jeunes gens, et travailler à les rendre aussi vertueux qu’ils peuvent l’être, comme un bon jardinier donne ses premiers soins aux nouvelles plantes, et ensuite s’occupe des autres? Mélitus tient sans doute la même conduite, et commence par nous retrancher, nous qui corrompons les générations dans leur fleur, comme il s’exprime, après quoi il étendra ses soins bienfaisants sur l’âge avancé, et rendra à sa patrie les plus grands services. On ne peut attendre moins d’un homme qui sait si bien commencer.
Euthyphron
Je le voudrais, Socrate; mais je tremble de peur du contraire: car, pour nuire à la patrie, il ne peut mieux commencer qu’en attaquant Socrate. Mais apprends-moi, je te prie, ce qu’il t’accuse de faire pour corrompre la jeunesse.
EXTRAIT:
Euthyphron
Quelle nouveauté, Socrate? Quitter tes Habitudes du Lycée pour le portique du Roi! J’espère que tu n’as pas, comme moi, un procès devant le Roi?
Socrate
Non pas un procès, Euthyphron: les Athéniens appellent cela une affaire d’état.
Euthyphron
Une affaire d’état! Quelqu’un t’accuse apparemment; car pour toi, Socrate, je ne croirai jamais que tu accuses personne.
Socrate
Certainement non.
Euthyphron
Ainsi donc, c’est toi qu’on accuse?
Socrate
Justement.
Euthyphron
Et quel est ton accusateur?
Socrate
Je ne le connais guère personnellement; il paraît que c’est un jeune homme assez obscur; on l’appelle, je crois, Mélitus; il est du bourg de Pithos. Si tu te rappelles quelqu’un de Pithos, qui se nomme Mélitus, et qui ait les cheveux plats, la barbe rare, le nez recourbé, c’est mon homme.
Euthyphron
Je ne me rappelle personne qui soit ainsi fait;mais quelle accusation, Socrate, ce Mélitus intente-t-il donc contre toi?
Socrate
Quelle accusation? Une accusation qui ne marque pas un homme ordinaire; car, à son âge, ce n’est pas peu que d’être instruit dans des matières si relevées. Il dit qu’il sait tout ce qu’on fait aujourd’hui pour corrompre la jeunesse, et qui sont ceux qui la corrompent. C’est apparemment quelque habile homme qui, connaissant mon ignorance, vient, devant la patrie, comme devant la mère commune, m’accuser de corrompre les hommes de son âge: et, il faut l’avouer, il me paraît le seul de nos hommes d’état qui entende les fondements d’une bonne politique; car la raison ne dit-elle pas qu’il faut commencer par l’éducation des jeunes gens, et travailler à les rendre aussi vertueux qu’ils peuvent l’être, comme un bon jardinier donne ses premiers soins aux nouvelles plantes, et ensuite s’occupe des autres? Mélitus tient sans doute la même conduite, et commence par nous retrancher, nous qui corrompons les générations dans leur fleur, comme il s’exprime, après quoi il étendra ses soins bienfaisants sur l’âge avancé, et rendra à sa patrie les plus grands services. On ne peut attendre moins d’un homme qui sait si bien commencer.
Euthyphron
Je le voudrais, Socrate; mais je tremble de peur du contraire: car, pour nuire à la patrie, il ne peut mieux commencer qu’en attaquant Socrate. Mais apprends-moi, je te prie, ce qu’il t’accuse de faire pour corrompre la jeunesse.