fin moka

Romance, Contemporary
Cover of the book fin moka by marguerite audoux, pp
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Author: marguerite audoux ISBN: 1230002052748
Publisher: pp Publication: December 18, 2017
Imprint: Language: French
Author: marguerite audoux
ISBN: 1230002052748
Publisher: pp
Publication: December 18, 2017
Imprint:
Language: French

           Quand Alfred rentra ce soir-là, il vit tout de suite que les enfants étaient déjà couchés et que Louise n’avait pas mis la table pour le dîner. Il posa sa mandoline sur le buffet en même temps qu’un gros rouleau de papiers, et il mit longtemps à accrocher son pardessus au portemanteau qui était cloué sur la porte. Ensuite, il alla embrasser les deux petits qui se dressaient en l’appelant et il revint s’appuyer contre le buffet sans rien dire. Louise enleva l’abat-jour de la lampe pour mieux voir son mari. Elle le fixa de ses yeux vifs et lui dit  :

            — Eh bien  ?

            Alfred essaya d’imiter la voix de sa femme en disant sur le même ton  :

            — Eh bien  ?

            Et tout en faisant une grimace, il retourna les deux poches de son gilet, et dit  :

            — Eh bien, voilà  !

            Louise remit l’abat-jour sur la lampe  ; elle ramassa son travail de couture qui avait glissé à terre, et dit d’une voix tranquille, sans regarder Alfred  :

            — Tu n’as pas d’argent  : c’est bien fait. Je voudrais que cela t’arrive tous les jours, tu aurais peut-être plus de courage pour reprendre ton métier, au lieu d’aller vendre des chansons par les rues.

            Elle regarda encore son mari, et en lui montrant du doigt la mandoline, elle dit d’un air moitié riant, moitié méprisant  :

            — Si tu as faim, mange ton jambonneau.

            Comme s’il eût craint vraiment que sa mandoline fût en danger d’être mangée, Alfred la prit et alla l’accrocher à un clou au-dessus du lit. Louise reprit en le suivant des yeux  :

            — Oui, tu la soignes mieux que tes enfants, mais il arrivera bien un jour que je la flanquerai dans le feu, et si elle ne peut nourrir tes petits, elle servira au moins à les chauffer.

            Alfred revint près du buffet, et tout en se baissant pour regarder dedans, il rappela à sa femme qu’il lui avait laissé six sous le matin. Alors, Louise perdit patience  ; elle haussa sa voix claire pour dire qu’elle avait fait six fois le tour du marché avec ses six sous, et qu’à la fin, elle avait acheté un peu de fromage pour elle et les enfants, et pour lui un radis noir qu’il réclamait depuis longtemps. Elle ajouta qu’elle l’avait même préparé. Elle le désigna dans le buffet ouvert  :

            — Tiens, là, dans ce bol recouvert d’une assiette.

           Quand Alfred rentra ce soir-là, il vit tout de suite que les enfants étaient déjà couchés et que Louise n’avait pas mis la table pour le dîner. Il posa sa mandoline sur le buffet en même temps qu’un gros rouleau de papiers, et il mit longtemps à accrocher son pardessus au portemanteau qui était cloué sur la porte. Ensuite, il alla embrasser les deux petits qui se dressaient en l’appelant et il revint s’appuyer contre le buffet sans rien dire. Louise enleva l’abat-jour de la lampe pour mieux voir son mari. Elle le fixa de ses yeux vifs et lui dit  :

            — Eh bien  ?

            Alfred essaya d’imiter la voix de sa femme en disant sur le même ton  :

            — Eh bien  ?

            Et tout en faisant une grimace, il retourna les deux poches de son gilet, et dit  :

            — Eh bien, voilà  !

            Louise remit l’abat-jour sur la lampe  ; elle ramassa son travail de couture qui avait glissé à terre, et dit d’une voix tranquille, sans regarder Alfred  :

            — Tu n’as pas d’argent  : c’est bien fait. Je voudrais que cela t’arrive tous les jours, tu aurais peut-être plus de courage pour reprendre ton métier, au lieu d’aller vendre des chansons par les rues.

            Elle regarda encore son mari, et en lui montrant du doigt la mandoline, elle dit d’un air moitié riant, moitié méprisant  :

            — Si tu as faim, mange ton jambonneau.

            Comme s’il eût craint vraiment que sa mandoline fût en danger d’être mangée, Alfred la prit et alla l’accrocher à un clou au-dessus du lit. Louise reprit en le suivant des yeux  :

            — Oui, tu la soignes mieux que tes enfants, mais il arrivera bien un jour que je la flanquerai dans le feu, et si elle ne peut nourrir tes petits, elle servira au moins à les chauffer.

            Alfred revint près du buffet, et tout en se baissant pour regarder dedans, il rappela à sa femme qu’il lui avait laissé six sous le matin. Alors, Louise perdit patience  ; elle haussa sa voix claire pour dire qu’elle avait fait six fois le tour du marché avec ses six sous, et qu’à la fin, elle avait acheté un peu de fromage pour elle et les enfants, et pour lui un radis noir qu’il réclamait depuis longtemps. Elle ajouta qu’elle l’avait même préparé. Elle le désigna dans le buffet ouvert  :

            — Tiens, là, dans ce bol recouvert d’une assiette.

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           Quand Alfred rentra ce soir-là, il vit tout de suite que les enfants étaient déjà couchés et que Louise n’avait pas mis la table pour le dîner. Il posa sa mandoline sur le buffet en même temps qu’un gros rouleau de papiers, et il mit longtemps à accrocher son pardessus au portemanteau qui était cloué sur la porte. Ensuite, il alla embrasser les deux petits qui se dressaient en l’appelant et il revint s’appuyer contre le buffet sans rien dire. Louise enleva l’abat-jour de la lampe pour mieux voir son mari. Elle le fixa de ses yeux vifs et lui dit  :

            — Eh bien  ?

            Alfred essaya d’imiter la voix de sa femme en disant sur le même ton  :

            — Eh bien  ?

            Et tout en faisant une grimace, il retourna les deux poches de son gilet, et dit  :

            — Eh bien, voilà  !

            Louise remit l’abat-jour sur la lampe  ; elle ramassa son travail de couture qui avait glissé à terre, et dit d’une voix tranquille, sans regarder Alfred  :

            — Tu n’as pas d’argent  : c’est bien fait. Je voudrais que cela t’arrive tous les jours, tu aurais peut-être plus de courage pour reprendre ton métier, au lieu d’aller vendre des chansons par les rues.

            Elle regarda encore son mari, et en lui montrant du doigt la mandoline, elle dit d’un air moitié riant, moitié méprisant  :

            — Si tu as faim, mange ton jambonneau.

            Comme s’il eût craint vraiment que sa mandoline fût en danger d’être mangée, Alfred la prit et alla l’accrocher à un clou au-dessus du lit. Louise reprit en le suivant des yeux  :

            — Oui, tu la soignes mieux que tes enfants, mais il arrivera bien un jour que je la flanquerai dans le feu, et si elle ne peut nourrir tes petits, elle servira au moins à les chauffer.

            Alfred revint près du buffet, et tout en se baissant pour regarder dedans, il rappela à sa femme qu’il lui avait laissé six sous le matin. Alors, Louise perdit patience  ; elle haussa sa voix claire pour dire qu’elle avait fait six fois le tour du marché avec ses six sous, et qu’à la fin, elle avait acheté un peu de fromage pour elle et les enfants, et pour lui un radis noir qu’il réclamait depuis longtemps. Elle ajouta qu’elle l’avait même préparé. Elle le désigna dans le buffet ouvert  :

            — Tiens, là, dans ce bol recouvert d’une assiette.

           Quand Alfred rentra ce soir-là, il vit tout de suite que les enfants étaient déjà couchés et que Louise n’avait pas mis la table pour le dîner. Il posa sa mandoline sur le buffet en même temps qu’un gros rouleau de papiers, et il mit longtemps à accrocher son pardessus au portemanteau qui était cloué sur la porte. Ensuite, il alla embrasser les deux petits qui se dressaient en l’appelant et il revint s’appuyer contre le buffet sans rien dire. Louise enleva l’abat-jour de la lampe pour mieux voir son mari. Elle le fixa de ses yeux vifs et lui dit  :

            — Eh bien  ?

            Alfred essaya d’imiter la voix de sa femme en disant sur le même ton  :

            — Eh bien  ?

            Et tout en faisant une grimace, il retourna les deux poches de son gilet, et dit  :

            — Eh bien, voilà  !

            Louise remit l’abat-jour sur la lampe  ; elle ramassa son travail de couture qui avait glissé à terre, et dit d’une voix tranquille, sans regarder Alfred  :

            — Tu n’as pas d’argent  : c’est bien fait. Je voudrais que cela t’arrive tous les jours, tu aurais peut-être plus de courage pour reprendre ton métier, au lieu d’aller vendre des chansons par les rues.

            Elle regarda encore son mari, et en lui montrant du doigt la mandoline, elle dit d’un air moitié riant, moitié méprisant  :

            — Si tu as faim, mange ton jambonneau.

            Comme s’il eût craint vraiment que sa mandoline fût en danger d’être mangée, Alfred la prit et alla l’accrocher à un clou au-dessus du lit. Louise reprit en le suivant des yeux  :

            — Oui, tu la soignes mieux que tes enfants, mais il arrivera bien un jour que je la flanquerai dans le feu, et si elle ne peut nourrir tes petits, elle servira au moins à les chauffer.

            Alfred revint près du buffet, et tout en se baissant pour regarder dedans, il rappela à sa femme qu’il lui avait laissé six sous le matin. Alors, Louise perdit patience  ; elle haussa sa voix claire pour dire qu’elle avait fait six fois le tour du marché avec ses six sous, et qu’à la fin, elle avait acheté un peu de fromage pour elle et les enfants, et pour lui un radis noir qu’il réclamait depuis longtemps. Elle ajouta qu’elle l’avait même préparé. Elle le désigna dans le buffet ouvert  :

            — Tiens, là, dans ce bol recouvert d’une assiette.

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