Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain-Tome VII

Fiction & Literature, Historical
Cover of the book Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain-Tome VII by EDWARD  GIBBON, GILBERT TEROL
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: EDWARD GIBBON ISBN: 1230001506495
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 15, 2017
Imprint: Language: French
Author: EDWARD GIBBON
ISBN: 1230001506495
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 15, 2017
Imprint:
Language: French

Extrait :

LES Gaulois, qui supportaient impatiemment le joug des Romains, reçurent une leçon mémorable d’un des lieutenans de Vespasien dont nous trouvons dans Tacite les sages idées rendues avec le talent propre à cet historien. « La protection de la république a délivré la Gaule des discordes civiles et des invasions étrangères. En perdant votre indépendance nationale, vous avez acquis le nom et les priviléges de citoyens romains ; vous jouissez en commun avec nous des avantages durables du gouvernement civil ; et votre éloignement vous met à l’abri des maux accidentels de la tyrannie. Au lieu d’exercer les droits de la conquête, nous ne vous avons imposé que les tributs indispensables pour suffire aux dépenses qu’exige votre sûreté. La paix ne se maintient que par le secours des armées, et il faut que le peuple paye les armées qui le protègent. C’est pour vous, et non pas pour nous, que nous défendons les barrières du Rhin contre les féroces Germains qui ont si souvent tenté et qui désirent toujours de quitter leurs bois et leurs marais solitaires pour le riche et fertile territoire de la Gaule. La chute de Rome serait fatale à vos provinces ; vous seriez ensevelis sous les débris de ce grand édifice élevé par la sagesse et la valeur de huit siècles. Un maître sauvage insulterait et opprimerait cette liberté que vous auriez imaginé obtenir, et l’expulsion des Romains vous exposerait aux hostilités continuelles des conquérans barbares. » Les Gaulois reçurent favorablement cet avis salutaire, et virent dans la suite s’accomplir l’étrange prédiction sur laquelle il était fondé. Dans l’espace de quatre cents ans, les Gaulois, qui avaient combattu courageusement contre César, se confondirent insensiblement dans la masse générale des citoyens et des sujets ; l’empire d’Occident fut anéanti, les Germains passèrent le Rhin, entrèrent en vainqueurs dans la Gaule et excitèrent le mépris ou l’horreur de ses habitans policés et pacifiques. Pleins de cet orgueil que manque rarement d’inspirer la supériorité des lumières et des richesses, ceux-ci tournaient en dérision les sauvages géans du Nord, leur épaisse chevelure, leurs manières grossières, leur joie bruyante, leur appétit vorace, leur aspect dégoûtant, et leur odeur insupportable. On cultivait encore les belles-lettres dans les écoles d’Autun et de Bordeaux, et la jeunesse gauloise parlait familièrement la langue de Cicéron et de Virgile ; le dialecte des Germains frappait désagréablement leurs oreilles, et ils disaient ingénieusement que le son d’une lyre bourguignonne faisait fuir les muses épouvantées. Les Gaulois possédaient tous les dons de la nature et de l’art ; mais ils manquaient de courage pour se défendre contre les Barbares ; ils furent justement condamnés à leur obéir, et se virent même obligés de flatter des vainqueurs de la clémence desquels dépendaient leur fortune et leur vie.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Extrait :

LES Gaulois, qui supportaient impatiemment le joug des Romains, reçurent une leçon mémorable d’un des lieutenans de Vespasien dont nous trouvons dans Tacite les sages idées rendues avec le talent propre à cet historien. « La protection de la république a délivré la Gaule des discordes civiles et des invasions étrangères. En perdant votre indépendance nationale, vous avez acquis le nom et les priviléges de citoyens romains ; vous jouissez en commun avec nous des avantages durables du gouvernement civil ; et votre éloignement vous met à l’abri des maux accidentels de la tyrannie. Au lieu d’exercer les droits de la conquête, nous ne vous avons imposé que les tributs indispensables pour suffire aux dépenses qu’exige votre sûreté. La paix ne se maintient que par le secours des armées, et il faut que le peuple paye les armées qui le protègent. C’est pour vous, et non pas pour nous, que nous défendons les barrières du Rhin contre les féroces Germains qui ont si souvent tenté et qui désirent toujours de quitter leurs bois et leurs marais solitaires pour le riche et fertile territoire de la Gaule. La chute de Rome serait fatale à vos provinces ; vous seriez ensevelis sous les débris de ce grand édifice élevé par la sagesse et la valeur de huit siècles. Un maître sauvage insulterait et opprimerait cette liberté que vous auriez imaginé obtenir, et l’expulsion des Romains vous exposerait aux hostilités continuelles des conquérans barbares. » Les Gaulois reçurent favorablement cet avis salutaire, et virent dans la suite s’accomplir l’étrange prédiction sur laquelle il était fondé. Dans l’espace de quatre cents ans, les Gaulois, qui avaient combattu courageusement contre César, se confondirent insensiblement dans la masse générale des citoyens et des sujets ; l’empire d’Occident fut anéanti, les Germains passèrent le Rhin, entrèrent en vainqueurs dans la Gaule et excitèrent le mépris ou l’horreur de ses habitans policés et pacifiques. Pleins de cet orgueil que manque rarement d’inspirer la supériorité des lumières et des richesses, ceux-ci tournaient en dérision les sauvages géans du Nord, leur épaisse chevelure, leurs manières grossières, leur joie bruyante, leur appétit vorace, leur aspect dégoûtant, et leur odeur insupportable. On cultivait encore les belles-lettres dans les écoles d’Autun et de Bordeaux, et la jeunesse gauloise parlait familièrement la langue de Cicéron et de Virgile ; le dialecte des Germains frappait désagréablement leurs oreilles, et ils disaient ingénieusement que le son d’une lyre bourguignonne faisait fuir les muses épouvantées. Les Gaulois possédaient tous les dons de la nature et de l’art ; mais ils manquaient de courage pour se défendre contre les Barbares ; ils furent justement condamnés à leur obéir, et se virent même obligés de flatter des vainqueurs de la clémence desquels dépendaient leur fortune et leur vie.

More books from GILBERT TEROL

Cover of the book Essais historique et critique sur le duel by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Vie de Frédéric Douglass by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Gouverneur by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Bravo Annoté by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Les Secrets de la Princesse de Cadignan by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Moi quelque part by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Livre de la Pâtisserie by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Quatre mois en Russie pendant la guerre by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Les Monikins annoté by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Médecin de campagne by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Les Metteurs en scène by EDWARD  GIBBON
Cover of the book La Vie est quotidienne by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Pèlerin de Sainte Anne Tome I by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Le Martyr Calviniste by EDWARD  GIBBON
Cover of the book Six mille lieues à toute vapeur by EDWARD  GIBBON
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy