Humphrey Bogart

Mythe

Biography & Memoir
Cover of the book Humphrey Bogart by Guy Deloeuvre, Guy Deloeuvre
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Guy Deloeuvre ISBN: 1230002497921
Publisher: Guy Deloeuvre Publication: August 24, 2018
Imprint: Language: French
Author: Guy Deloeuvre
ISBN: 1230002497921
Publisher: Guy Deloeuvre
Publication: August 24, 2018
Imprint:
Language: French

Véritable mythe du cinéma hollywoodien, Humphrey Bogart est entré dans la légende du septième art à son corps défendant. Pas véritablement attiré par le métier d'acteur auquel il accéda fortuitement, il se révèlera en fin de carrière comme l'un des meilleurs comédiens de sa génération, davantage que ne le furent jamais d'autres grands noms, comme John Wayne ou Gary Cooper. " John Huston : "Bogie a reçu de la vie tout ce qu'il pouvait en attendre. Ce n'est pas vers lui que doivent aller nos regrets, mais vers nous qui l'avons perdu" (extrait de l'allocution prononcée à l'heure de ses funérailles)." Humphrey Bogart est né à New York le 25 décembre 1899. Son père est chirurgien et sa mère dessinatrice reconnue. Son père aurait voulu qu'il soit médecin mais après avoir été renvoyé de son école, le jeune Humphrey s'engage dans la navy, au cours de la première guerre mondiale. A son retour aux USA, il cherche sa voie à Wall Street puis commence une carrière d'acteur au théâtre, en 1921, grâce à un voisin qui est producteur. Il apparaît pour la première fois au cinéma en 1930 dans un film de john Ford, "Up the river". A partir de 1935, il se consacre uniquement au cinéma, souvent dans des seconds rôles où il campe les gangsters. Il signe un contrat avec la Warner et tourne plusieurs films par an. Il se fera remarquer en 1941 avec "Le faucon maltais", puis l'année suivante dans "Casablanca" qui devient un film mythique. Ce rôle lui vaut d'être proposé pour l'oscar du meilleur acteur sans qu'il obtienne la récompense. Il s'impose ensuite dans des premiers rôles et sa notoriété lui permet de jouer des personnages plus complexes, tel Charlie Allnut dans "African Queen" pour lequel il remportera l'oscar en 1951. Bogart épouse Mary Philips en 1928 et ils leur arrivent d'être réunis sur les planches mais son ambition le mène à Hollywood où il décroche de petits films qui tombent vite aux oubliettes. Le jeune premier s'essaye aux rôles de jeunes gangsters. C'est dans la peau d'un truand qu'il rencontre le succès. En 1936, de retour à Broadway, il apparaît dans une pièce intitulée The Petrified Forest (La Forêt Pétrifiée), Leslie Howard tient la tête de l'affiche. La pièce va devenir un film mais la Warner veut remplacer Bogart car le public ne le connait pas mais Leslie Howard dit : "C'est avec Bogart ou sans moi, un point c'est tout." La Warner n'a pas d'autres choix que d'engager Bogart. Après avoir tant interprété les gentils garçons à ses débuts, il est satisfait de jouer les méchants, ça lui permet d'exprimer certains de ses vrais sentiments. Une rencontre cinématographique... Finalement, à l'âge de 36 ans, il est reconnu comme acteur de cinéma. Il s'installe à Hollywood et il signe un contrat avec la Warner pour 650 $ par semaine. Il y restera pendant quinze ans. Entre 1936 et 1939, Bogart apparait dans vingt-cinq longs métrages. Il devient un spécialiste des bandits qui tirent sur tout ce qui bougent et meurent à la fin, il appartient à l'écurie de meurtriers du studio derrière James Cagney, George Raft et Edward G. Robinson. Mais il déteste les scripts simplistes et les rôles stéréotypés qui lui sont proposés. Il s'en plaint haut et fort auprès de Jack Warner. Ce dernier lui rappelle qu'il n'a pas le choix, qu'il a signé un contrat, ce à quoi Bogart répond par un geste obscène de la main. Il est parfois suspendu pour des refus de rôles. The Maltese Falcon : Au bout de cinq ans, Bogart se voit proposer un rôle dans lequel il peut exprimer son talent et il saisit sa chance. D'autant que cela aurait pu ne jamais arriver : il est choisi par défaut et non pour son mérite ; George Raft ayant refusé de jouer avec un réalisateur débutant du nom de John Huston. Dans The Maltese Falcon (Le Faucon Maltais, 1941), Bogart joue un dur qui a aussi des valeurs morales, le rôle semble taillé sur mesure pour lui. C'est un personnage complexe qui lui a permis de jouer avec son image de méchant. Ses relations avec les femmes sont aussi mouvementées à l'écran que dans la vie. Sa deuxième épouse l'ayant quitté, il convole avec une autre actrice : Mayo Methot. Cette fois-ci, la violence vient des deux parties et n'a plus rien à voir avec les frustrations de Bogart. Les studios les surnomment les Bogart batailleurs et essayent en vain de donner d'eux l'image d'un couple turbulent mais heureux. Ce qui est faux. Ils ont beaucoup de problèmes, ils auraient pu se tuer, elle l'a quand même poignardé. Ils boivent ensemble et quand ils sont souls, c'est le début des hostilités entre eux. Dans High Sierra (La grande évasion, 1941), Bogart interprète le personnage de Roy Earle, un gangster au cœur tendre épris d'une femme battue. Il insuffle de la noblesse, de la fragilité et du romantisme à son personnage. Avec Roy Earl, il montre qu'il peut être drôle et jouer sur des registres différents. C'est ce qui lui permet de passer des seuls rôles de truands à toute la palette de personnages qu'il a interprétés par la suite. Il progresse en tant qu'acteur mais aussi en tant que personne, il n'est plus le même après ce rôle ! L'année suivante, en 1942, Bogart interprète le rôle de sa carrière, celui qui va faire de lui l'une des plus grandes icônes du cinéma, à tel point que George Raft affirmera plus tard que ce rôle lui avait d'abord été proposé, ce qui est faux. Au cours du tournage, rien ne laisse présager que Casablanca va entrer dans la légende : il sort de la chaîne de production comme n'importe quel autre film, il n'est porté ni plus ni moins d'attention qu'aux autres productions hormis le fait que le scénario change constamment, réécrit jour après jour, ce qui rend le film plus difficile à tourner. Mais le souci majeur pour le studio aura été d'associer Bogart à un sex-symbol comme Ingrid Bergmann. Elle envoute la caméra, ce qui rend Bogart plus romanesque que d'ordinaire. Il exprime la douleur, l'amour, le regret, tout y est. Tout à coup, Bogart devient l'un des plus grands acteurs de tous les temps. A 43 ans, ses ambitions sont réalisées mais il a un rapport particulier à la gloire : son statut le place désormais au-dessus de tous les autres et il peut se permettre de feindre l'indifférence. Il se moque d'être une star, ça ne l'inquiète pas ou du moins, s'il est préoccupé, il ne le montre pas du tout. Il est en tout cas solitaire. C'est sur un plateau, celui de To have or have not (Le port à l'angoisse, 1944) que Bogart rencontre celle qui deviendra sa quatrième épouse, Lauren Bacall. Les premières semaines de tournage sont sans ambigüités, les choses se font par hasard entre eux. Fort de leur premier succès en commun, Bogart et Lauren Bacall se retrouvent pour The Big Sleep (Le grand sommeil, 1946). Il est désormais le héros romantique par excellence et aucune femme ne semble pouvoir lui résister. Le film doit tout à l'incroyable tension qui s'installe entre les deux amoureux mais il y a un problème. Bien qu'épris de Lauren Bacall, Bogart est toujours marié à Mayo Methot. Rompre avec une femme si déséquilibrée et violente est à la fois traumatisant et risqué. Bogart est inquiet pour Lauren. Il boit énormément, il se présente soûl, avec la gueule de bois sur le tournage. Il traverse une période très difficile. Mais en mai 1945, il prend les choses en main : il divorce de Mayo Methot sans que personne ne soit blessé et onze jours plus tard, il épouse une actrice pour la quatrième fois. Les premières années de mariage sont merveilleuses. Bogart a enfin trouvé le bonheur et pour la première fois, celui-ci passe l'épreuve du temps. Les jeunes mariés visitent l'Europe puis tournent encore deux films ensemble. Mais à l'époque de Key Largo, en 1948, l'étincelle a perdu de son éclat. Après tout, les amants en secret sont devenus un couple marié. Le film permet à Bogart de développer son image la plus mythique, celle du héros aussi dur à cuire que les truands. Bogart est un amoureux de la mer. Il s'offre un yacht qu'il baptise le Santana. La voile lui permet de recharger ses batteries ; aujourd'hui encore, ce voilier majestueux vogue sur les eaux californiennes. Il passe 45 week-ends par an en mer. Il remporte de nombreuses courses, c'est un excellent marin. John Huston le choisit pour le rôle d'un bandit froussard et sans scrupules prêt à attaquer ses complices pour protéger son butin. Il hésite à accepter ce rôle dans : The treasure of the Sierra Madre (Le Trésor de la Sierra Madre, 1948) mais son agent lui a dit : "Bogie, tu dois le faire, John Huston a vraiment besoin de toi". Finalement, c'est l'un de ses meilleurs rôles. Bogart entretient une relation tempétueuse avec son ami réalisateur. Ils s'apprécient et s'admirent beaucoup mutuellement mais parfois ils ont envie de se sauter à la gorge. Ils sont tous deux très obstinés. L'année suivante, Humphrey Bogart emménage dans une nouvelle maison avec Lauren Bacall. Il savoure la nouvelle vie casanière qu'elle lui apporte. En 1949, il ne manque qu'une chose à leur bonheur : un enfant. Ce dernier arrivera bien vite : Stephen Bogart nait le 6 janvier 1949. Humphrey est un père maladroit, en admiration devant sa progéniture. Pour autant, il ne laisse pas le petit Stephen bouleversé son mode de vie. Quand il se rend en Afrique pour être dirigé une fois encore par John Huston, il insiste pour que son épouse l'accompagne, quitte à laisser leur enfant de deux ans. Bien que Bogart donne la réplique à sa grande amie Katherine Hepburn, le tournage de The African Queen (L'Odyssée de l'African Queen, 1950) se révèle pénible : le réalisateur a choisi pour décor le fin fond du Congo belge. Si Bogart trouve l'expérience déplaisante, Katherine Hepburn se régale de l'aventure. Pour le rôle de Charlie Allnut, Bogart reçoit la récompense qu'il croyait inaccessible et qu'il disait ne pas vouloir : un Oscar. En réalité, il est profondément touché que son talent soit reconnu. Il semble désormais avoir tout ce dont un homme peut rêver, d'autant plus à la naissance de la petite Leslie en 1952 qui vient compléter la famille Bogart. Il est parvenu à s'affranchir de la toute-puissance de Jack Warner. Il monte sa propre maison de production qu'il baptise Santana, comme son voilier. Bien que les films qu'il produit ne soit pas ses meilleurs, il est enfin libre de choisir ses rôles et de s'épanouir en tant qu'acteur entre films romantiques, thrillers et comédies. La Fin d'une légende... Humphrey Bogart tombe malade au milieu des années 1950. Atteint d’un cancer de l’œsophage, il refuse de consulter un médecin avant janvier 1956, mais il est déjà trop tard. Il décède le 14 janvier 1957 à Hollywood. Ses funérailles ont lieu à la All Saints Episcopal Church. Ses cendres sont enterrées au Forest Lawn Memorial Park, à Glendale. Sur la tombe est écrite une phrase célèbre de son premier film avec Lauren Bacall : « If you want anything, just whistle ». Son ami John Huston prononça son éloge funèbre en ces termes : « Il avait reçu le plus beau de tous les dons, le talent. Le monde entier l'a reconnu, la vie lui a donné tout ce dont il rêvait et même plus ; nous ne devons pas être désolés pour lui mais plutôt pour nous qui l'avons perdu. Il est irremplaçable. Il n'y aura jamais personne comme lui... ». Il possède une étoile sur le Hollywood Walk of Fame, au 6322 Hollywood Boulevard. L'acteur britannique Michael Caine dit avoir choisi son pseudonyme après avoir vu la performance d'acteur de Bogart dans le film The Caine mutiny (en France : Ouragan sur le Caine). Il a aussi déclaré, à propos de sa maladie, « les cigarettes sont les clous de mon cercueil ». L'image de Bogart reste mythique. Elle est liée à son allure, étroitement sanglé dans son imperméable, ses orbites sombres creusant, sous le feutre mou du détective privé, son visage plus ou moins plissé, son rictus de dérision perpétuelle et son geste machinal pour se tirer le lobe de l'oreille, cette image désormais règne au-delà de l'existence de son propre créateur. Son jeu était toujours naturel. Sa brusquerie, son insolence bougonnante cachaient un cœur et une vraie philosophie. Depuis sa mort, son image ne cesse de grandir.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Véritable mythe du cinéma hollywoodien, Humphrey Bogart est entré dans la légende du septième art à son corps défendant. Pas véritablement attiré par le métier d'acteur auquel il accéda fortuitement, il se révèlera en fin de carrière comme l'un des meilleurs comédiens de sa génération, davantage que ne le furent jamais d'autres grands noms, comme John Wayne ou Gary Cooper. " John Huston : "Bogie a reçu de la vie tout ce qu'il pouvait en attendre. Ce n'est pas vers lui que doivent aller nos regrets, mais vers nous qui l'avons perdu" (extrait de l'allocution prononcée à l'heure de ses funérailles)." Humphrey Bogart est né à New York le 25 décembre 1899. Son père est chirurgien et sa mère dessinatrice reconnue. Son père aurait voulu qu'il soit médecin mais après avoir été renvoyé de son école, le jeune Humphrey s'engage dans la navy, au cours de la première guerre mondiale. A son retour aux USA, il cherche sa voie à Wall Street puis commence une carrière d'acteur au théâtre, en 1921, grâce à un voisin qui est producteur. Il apparaît pour la première fois au cinéma en 1930 dans un film de john Ford, "Up the river". A partir de 1935, il se consacre uniquement au cinéma, souvent dans des seconds rôles où il campe les gangsters. Il signe un contrat avec la Warner et tourne plusieurs films par an. Il se fera remarquer en 1941 avec "Le faucon maltais", puis l'année suivante dans "Casablanca" qui devient un film mythique. Ce rôle lui vaut d'être proposé pour l'oscar du meilleur acteur sans qu'il obtienne la récompense. Il s'impose ensuite dans des premiers rôles et sa notoriété lui permet de jouer des personnages plus complexes, tel Charlie Allnut dans "African Queen" pour lequel il remportera l'oscar en 1951. Bogart épouse Mary Philips en 1928 et ils leur arrivent d'être réunis sur les planches mais son ambition le mène à Hollywood où il décroche de petits films qui tombent vite aux oubliettes. Le jeune premier s'essaye aux rôles de jeunes gangsters. C'est dans la peau d'un truand qu'il rencontre le succès. En 1936, de retour à Broadway, il apparaît dans une pièce intitulée The Petrified Forest (La Forêt Pétrifiée), Leslie Howard tient la tête de l'affiche. La pièce va devenir un film mais la Warner veut remplacer Bogart car le public ne le connait pas mais Leslie Howard dit : "C'est avec Bogart ou sans moi, un point c'est tout." La Warner n'a pas d'autres choix que d'engager Bogart. Après avoir tant interprété les gentils garçons à ses débuts, il est satisfait de jouer les méchants, ça lui permet d'exprimer certains de ses vrais sentiments. Une rencontre cinématographique... Finalement, à l'âge de 36 ans, il est reconnu comme acteur de cinéma. Il s'installe à Hollywood et il signe un contrat avec la Warner pour 650 $ par semaine. Il y restera pendant quinze ans. Entre 1936 et 1939, Bogart apparait dans vingt-cinq longs métrages. Il devient un spécialiste des bandits qui tirent sur tout ce qui bougent et meurent à la fin, il appartient à l'écurie de meurtriers du studio derrière James Cagney, George Raft et Edward G. Robinson. Mais il déteste les scripts simplistes et les rôles stéréotypés qui lui sont proposés. Il s'en plaint haut et fort auprès de Jack Warner. Ce dernier lui rappelle qu'il n'a pas le choix, qu'il a signé un contrat, ce à quoi Bogart répond par un geste obscène de la main. Il est parfois suspendu pour des refus de rôles. The Maltese Falcon : Au bout de cinq ans, Bogart se voit proposer un rôle dans lequel il peut exprimer son talent et il saisit sa chance. D'autant que cela aurait pu ne jamais arriver : il est choisi par défaut et non pour son mérite ; George Raft ayant refusé de jouer avec un réalisateur débutant du nom de John Huston. Dans The Maltese Falcon (Le Faucon Maltais, 1941), Bogart joue un dur qui a aussi des valeurs morales, le rôle semble taillé sur mesure pour lui. C'est un personnage complexe qui lui a permis de jouer avec son image de méchant. Ses relations avec les femmes sont aussi mouvementées à l'écran que dans la vie. Sa deuxième épouse l'ayant quitté, il convole avec une autre actrice : Mayo Methot. Cette fois-ci, la violence vient des deux parties et n'a plus rien à voir avec les frustrations de Bogart. Les studios les surnomment les Bogart batailleurs et essayent en vain de donner d'eux l'image d'un couple turbulent mais heureux. Ce qui est faux. Ils ont beaucoup de problèmes, ils auraient pu se tuer, elle l'a quand même poignardé. Ils boivent ensemble et quand ils sont souls, c'est le début des hostilités entre eux. Dans High Sierra (La grande évasion, 1941), Bogart interprète le personnage de Roy Earle, un gangster au cœur tendre épris d'une femme battue. Il insuffle de la noblesse, de la fragilité et du romantisme à son personnage. Avec Roy Earl, il montre qu'il peut être drôle et jouer sur des registres différents. C'est ce qui lui permet de passer des seuls rôles de truands à toute la palette de personnages qu'il a interprétés par la suite. Il progresse en tant qu'acteur mais aussi en tant que personne, il n'est plus le même après ce rôle ! L'année suivante, en 1942, Bogart interprète le rôle de sa carrière, celui qui va faire de lui l'une des plus grandes icônes du cinéma, à tel point que George Raft affirmera plus tard que ce rôle lui avait d'abord été proposé, ce qui est faux. Au cours du tournage, rien ne laisse présager que Casablanca va entrer dans la légende : il sort de la chaîne de production comme n'importe quel autre film, il n'est porté ni plus ni moins d'attention qu'aux autres productions hormis le fait que le scénario change constamment, réécrit jour après jour, ce qui rend le film plus difficile à tourner. Mais le souci majeur pour le studio aura été d'associer Bogart à un sex-symbol comme Ingrid Bergmann. Elle envoute la caméra, ce qui rend Bogart plus romanesque que d'ordinaire. Il exprime la douleur, l'amour, le regret, tout y est. Tout à coup, Bogart devient l'un des plus grands acteurs de tous les temps. A 43 ans, ses ambitions sont réalisées mais il a un rapport particulier à la gloire : son statut le place désormais au-dessus de tous les autres et il peut se permettre de feindre l'indifférence. Il se moque d'être une star, ça ne l'inquiète pas ou du moins, s'il est préoccupé, il ne le montre pas du tout. Il est en tout cas solitaire. C'est sur un plateau, celui de To have or have not (Le port à l'angoisse, 1944) que Bogart rencontre celle qui deviendra sa quatrième épouse, Lauren Bacall. Les premières semaines de tournage sont sans ambigüités, les choses se font par hasard entre eux. Fort de leur premier succès en commun, Bogart et Lauren Bacall se retrouvent pour The Big Sleep (Le grand sommeil, 1946). Il est désormais le héros romantique par excellence et aucune femme ne semble pouvoir lui résister. Le film doit tout à l'incroyable tension qui s'installe entre les deux amoureux mais il y a un problème. Bien qu'épris de Lauren Bacall, Bogart est toujours marié à Mayo Methot. Rompre avec une femme si déséquilibrée et violente est à la fois traumatisant et risqué. Bogart est inquiet pour Lauren. Il boit énormément, il se présente soûl, avec la gueule de bois sur le tournage. Il traverse une période très difficile. Mais en mai 1945, il prend les choses en main : il divorce de Mayo Methot sans que personne ne soit blessé et onze jours plus tard, il épouse une actrice pour la quatrième fois. Les premières années de mariage sont merveilleuses. Bogart a enfin trouvé le bonheur et pour la première fois, celui-ci passe l'épreuve du temps. Les jeunes mariés visitent l'Europe puis tournent encore deux films ensemble. Mais à l'époque de Key Largo, en 1948, l'étincelle a perdu de son éclat. Après tout, les amants en secret sont devenus un couple marié. Le film permet à Bogart de développer son image la plus mythique, celle du héros aussi dur à cuire que les truands. Bogart est un amoureux de la mer. Il s'offre un yacht qu'il baptise le Santana. La voile lui permet de recharger ses batteries ; aujourd'hui encore, ce voilier majestueux vogue sur les eaux californiennes. Il passe 45 week-ends par an en mer. Il remporte de nombreuses courses, c'est un excellent marin. John Huston le choisit pour le rôle d'un bandit froussard et sans scrupules prêt à attaquer ses complices pour protéger son butin. Il hésite à accepter ce rôle dans : The treasure of the Sierra Madre (Le Trésor de la Sierra Madre, 1948) mais son agent lui a dit : "Bogie, tu dois le faire, John Huston a vraiment besoin de toi". Finalement, c'est l'un de ses meilleurs rôles. Bogart entretient une relation tempétueuse avec son ami réalisateur. Ils s'apprécient et s'admirent beaucoup mutuellement mais parfois ils ont envie de se sauter à la gorge. Ils sont tous deux très obstinés. L'année suivante, Humphrey Bogart emménage dans une nouvelle maison avec Lauren Bacall. Il savoure la nouvelle vie casanière qu'elle lui apporte. En 1949, il ne manque qu'une chose à leur bonheur : un enfant. Ce dernier arrivera bien vite : Stephen Bogart nait le 6 janvier 1949. Humphrey est un père maladroit, en admiration devant sa progéniture. Pour autant, il ne laisse pas le petit Stephen bouleversé son mode de vie. Quand il se rend en Afrique pour être dirigé une fois encore par John Huston, il insiste pour que son épouse l'accompagne, quitte à laisser leur enfant de deux ans. Bien que Bogart donne la réplique à sa grande amie Katherine Hepburn, le tournage de The African Queen (L'Odyssée de l'African Queen, 1950) se révèle pénible : le réalisateur a choisi pour décor le fin fond du Congo belge. Si Bogart trouve l'expérience déplaisante, Katherine Hepburn se régale de l'aventure. Pour le rôle de Charlie Allnut, Bogart reçoit la récompense qu'il croyait inaccessible et qu'il disait ne pas vouloir : un Oscar. En réalité, il est profondément touché que son talent soit reconnu. Il semble désormais avoir tout ce dont un homme peut rêver, d'autant plus à la naissance de la petite Leslie en 1952 qui vient compléter la famille Bogart. Il est parvenu à s'affranchir de la toute-puissance de Jack Warner. Il monte sa propre maison de production qu'il baptise Santana, comme son voilier. Bien que les films qu'il produit ne soit pas ses meilleurs, il est enfin libre de choisir ses rôles et de s'épanouir en tant qu'acteur entre films romantiques, thrillers et comédies. La Fin d'une légende... Humphrey Bogart tombe malade au milieu des années 1950. Atteint d’un cancer de l’œsophage, il refuse de consulter un médecin avant janvier 1956, mais il est déjà trop tard. Il décède le 14 janvier 1957 à Hollywood. Ses funérailles ont lieu à la All Saints Episcopal Church. Ses cendres sont enterrées au Forest Lawn Memorial Park, à Glendale. Sur la tombe est écrite une phrase célèbre de son premier film avec Lauren Bacall : « If you want anything, just whistle ». Son ami John Huston prononça son éloge funèbre en ces termes : « Il avait reçu le plus beau de tous les dons, le talent. Le monde entier l'a reconnu, la vie lui a donné tout ce dont il rêvait et même plus ; nous ne devons pas être désolés pour lui mais plutôt pour nous qui l'avons perdu. Il est irremplaçable. Il n'y aura jamais personne comme lui... ». Il possède une étoile sur le Hollywood Walk of Fame, au 6322 Hollywood Boulevard. L'acteur britannique Michael Caine dit avoir choisi son pseudonyme après avoir vu la performance d'acteur de Bogart dans le film The Caine mutiny (en France : Ouragan sur le Caine). Il a aussi déclaré, à propos de sa maladie, « les cigarettes sont les clous de mon cercueil ». L'image de Bogart reste mythique. Elle est liée à son allure, étroitement sanglé dans son imperméable, ses orbites sombres creusant, sous le feutre mou du détective privé, son visage plus ou moins plissé, son rictus de dérision perpétuelle et son geste machinal pour se tirer le lobe de l'oreille, cette image désormais règne au-delà de l'existence de son propre créateur. Son jeu était toujours naturel. Sa brusquerie, son insolence bougonnante cachaient un cœur et une vraie philosophie. Depuis sa mort, son image ne cesse de grandir.

More books from Guy Deloeuvre

Cover of the book Comment se faire des amis by Guy Deloeuvre
Cover of the book Démarrer une entreprise d'information et d'échange de savoir by Guy Deloeuvre
Cover of the book Origine by Guy Deloeuvre
Cover of the book Bob Marley by Guy Deloeuvre
Cover of the book Miss Harriet by Guy Deloeuvre
Cover of the book Edith Piaf by Guy Deloeuvre
Cover of the book De Dietrich à Garbo by Guy Deloeuvre
Cover of the book To-Ho The Golden Killer by Guy Deloeuvre
Cover of the book AC DC by Guy Deloeuvre
Cover of the book Sade c’est moi… by Guy Deloeuvre
Cover of the book Elvis Presley by Guy Deloeuvre
Cover of the book Tu n'es jamais revenu by Guy Deloeuvre
Cover of the book Le guide du vin pour débutants by Guy Deloeuvre
Cover of the book Mafia For Ever Tome 5 by Guy Deloeuvre
Cover of the book The Cursed Child by Guy Deloeuvre
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy