Jacques Derrida, le prétexte dérobé

Nonfiction, Religion & Spirituality, Philosophy
Cover of the book Jacques Derrida, le prétexte dérobé by Jean-Philippe Pastor, Jean-Philippe Pastor
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Author: Jean-Philippe Pastor ISBN: 9782374533131
Publisher: Jean-Philippe Pastor Publication: May 11, 2016
Imprint: Jean-Philippe Pastor Language: French
Author: Jean-Philippe Pastor
ISBN: 9782374533131
Publisher: Jean-Philippe Pastor
Publication: May 11, 2016
Imprint: Jean-Philippe Pastor
Language: French

Le mercredi 10 février 99 - Paris, 17h00, heure à laquelle le séminaire de Jacques Derrida commence au 105, Boulevard Raspail de l'École des Hautes Études - je me suis mis à lire un texte auquel le maître de cérémonie n'avait accordé aucun imprimatur.
En vérité, le passe-droit pour cette intervention illicite ne m'était consenti que pour un pré-texte visé par le philosophe quelques semaines plus tôt. Ce sont ces pages promises à l'interprète de La Lettre volée d'Edgar Allan Poe (ici non reproduites et pour certaines d'entre elles finalement jamais lues) qui me donnaient l'avantage d'une lecture suivie devant une assemblée monumentale - l'amphithéâtre était absolument bondé, cénacle averti d'un sujet dont l'auteur de Sauf le nom traitait alors depuis dix-huit mois en séminaire: la question du parjure et du pardon dans la tradition philosophique et littéraire occidentale.
À cet instant précis, il me fallait faire face à la faute. Me risquer à l'inexcusable devant une hospitalité pourtant si généreusement offerte. Assumer toutes les conséquences de ce geste impromptu... et peut-être le renvoi. De quel droit et pour quel motif s'autoriser d'une falsification venue contrefaire un atelier si bien agencé, si bien réglé dans la facture et le théâtre auquel habituellement cette séance de travail se prête ?
On comprendra que sur un tel sujet relevant de la philosophie pour toujours aux yeux du grand auteur, il y a encore beaucoup à me faire pardonner. Me sera-t-il enfin remis ?
Derrida, au terme de la lecture usurpée s'est déclaré coupable. Manière subtile de ne pas m'adresser trop rapidement sa grâce. Coupable de s'être laissé surprendre (comme il le prétend) ou bien contrit de m'avoir donné si longtemps le champ libre pour la lecture d'un texte qu'il avait reçu par pli postal, et qui n'aura finalement jamais été dévoilé à l'auditoire ? Mais pour quel genre de pardon... et surtout pour quelle sorte de faute ?

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Le mercredi 10 février 99 - Paris, 17h00, heure à laquelle le séminaire de Jacques Derrida commence au 105, Boulevard Raspail de l'École des Hautes Études - je me suis mis à lire un texte auquel le maître de cérémonie n'avait accordé aucun imprimatur.
En vérité, le passe-droit pour cette intervention illicite ne m'était consenti que pour un pré-texte visé par le philosophe quelques semaines plus tôt. Ce sont ces pages promises à l'interprète de La Lettre volée d'Edgar Allan Poe (ici non reproduites et pour certaines d'entre elles finalement jamais lues) qui me donnaient l'avantage d'une lecture suivie devant une assemblée monumentale - l'amphithéâtre était absolument bondé, cénacle averti d'un sujet dont l'auteur de Sauf le nom traitait alors depuis dix-huit mois en séminaire: la question du parjure et du pardon dans la tradition philosophique et littéraire occidentale.
À cet instant précis, il me fallait faire face à la faute. Me risquer à l'inexcusable devant une hospitalité pourtant si généreusement offerte. Assumer toutes les conséquences de ce geste impromptu... et peut-être le renvoi. De quel droit et pour quel motif s'autoriser d'une falsification venue contrefaire un atelier si bien agencé, si bien réglé dans la facture et le théâtre auquel habituellement cette séance de travail se prête ?
On comprendra que sur un tel sujet relevant de la philosophie pour toujours aux yeux du grand auteur, il y a encore beaucoup à me faire pardonner. Me sera-t-il enfin remis ?
Derrida, au terme de la lecture usurpée s'est déclaré coupable. Manière subtile de ne pas m'adresser trop rapidement sa grâce. Coupable de s'être laissé surprendre (comme il le prétend) ou bien contrit de m'avoir donné si longtemps le champ libre pour la lecture d'un texte qu'il avait reçu par pli postal, et qui n'aura finalement jamais été dévoilé à l'auditoire ? Mais pour quel genre de pardon... et surtout pour quelle sorte de faute ?

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