Author: | Gérard Bonal | ISBN: | 9782402319102 |
Publisher: | FeniXX rédition numérique | Publication: | January 1, 1980 |
Imprint: | FeniXX réédition numérique (Robert Laffont) | Language: | French |
Author: | Gérard Bonal |
ISBN: | 9782402319102 |
Publisher: | FeniXX rédition numérique |
Publication: | January 1, 1980 |
Imprint: | FeniXX réédition numérique (Robert Laffont) |
Language: | French |
Il est des moments où le cours de notre vie se précipite. Quelque chose, soudain, se joue dont nous reviendrons autre. Il suffit, par exemple, d’un retour à la maison de campagne où nous avons vécu nos vacances d’enfant puis d’adolescent, d’un album de photos où le passé, proche encore mais déjà rongé par le temps, nous saute au visage. Ainsi en va-t-il de Philippe B. Sait-il vraiment ce qu’il est venu chercher dans la vieille demeure familiale où l’attend sa sœur, en compagnie — première trahison — d’une amie dont la présence compacte, opaque, dérange une sorte d’ordre secret ? Étendu sur son lit, il compulse l’album, laissant les images réveiller sa mémoire. Voici la cour de l’école où s’alignent, chaque année, les élèves « fusillés » par le photographe, puis le bois de Vincennes des rituelles promenades dominicales. Et voici sa mère, à l’aride amour, et son père mort quelques mois après être rentré du stalag, quelques semaines après que l’objectif l’a surpris. Autour d’eux, figés dans l’incertitude de leur destin, une cousine, un camarade, quelques comparses... C’est une sorte de vertige qui saisit Philippe, comme si le passé qui investit son regard pouvait s’élancer jusqu’à lui, le ressaisir, l’enclore : que rien ne change jamais ! A ce jeu indispensable, il va tenter d’associer sa sœur, dans l’espoir de réinstaurer leur complicité originelle. Mais elle est déjà de l’autre côté du miroir aux images... Il lui faudra donc assumer cette déchirure, apprendre, lui aussi, à devenir adulte... Ainsi ce récit bref, aigu, étonnement abouti nous rapporte-t-il une de ces crises essentielles où un être meurt et renaît à lui-même. Plus subtilement encore, il la met en scène et l’effectue symboliquement. Car l’écriture, ici, ne se contente pas de dire. Dans sa tension formelle, son euphonie purificatrice, elle a valeur d’exorcisme. Comme les photos elles-mêmes, c’est en la glaçant qu’elles nous livrent — avec quel singulier talent ! — la palpitation brûlante du passé.
Il est des moments où le cours de notre vie se précipite. Quelque chose, soudain, se joue dont nous reviendrons autre. Il suffit, par exemple, d’un retour à la maison de campagne où nous avons vécu nos vacances d’enfant puis d’adolescent, d’un album de photos où le passé, proche encore mais déjà rongé par le temps, nous saute au visage. Ainsi en va-t-il de Philippe B. Sait-il vraiment ce qu’il est venu chercher dans la vieille demeure familiale où l’attend sa sœur, en compagnie — première trahison — d’une amie dont la présence compacte, opaque, dérange une sorte d’ordre secret ? Étendu sur son lit, il compulse l’album, laissant les images réveiller sa mémoire. Voici la cour de l’école où s’alignent, chaque année, les élèves « fusillés » par le photographe, puis le bois de Vincennes des rituelles promenades dominicales. Et voici sa mère, à l’aride amour, et son père mort quelques mois après être rentré du stalag, quelques semaines après que l’objectif l’a surpris. Autour d’eux, figés dans l’incertitude de leur destin, une cousine, un camarade, quelques comparses... C’est une sorte de vertige qui saisit Philippe, comme si le passé qui investit son regard pouvait s’élancer jusqu’à lui, le ressaisir, l’enclore : que rien ne change jamais ! A ce jeu indispensable, il va tenter d’associer sa sœur, dans l’espoir de réinstaurer leur complicité originelle. Mais elle est déjà de l’autre côté du miroir aux images... Il lui faudra donc assumer cette déchirure, apprendre, lui aussi, à devenir adulte... Ainsi ce récit bref, aigu, étonnement abouti nous rapporte-t-il une de ces crises essentielles où un être meurt et renaît à lui-même. Plus subtilement encore, il la met en scène et l’effectue symboliquement. Car l’écriture, ici, ne se contente pas de dire. Dans sa tension formelle, son euphonie purificatrice, elle a valeur d’exorcisme. Comme les photos elles-mêmes, c’est en la glaçant qu’elles nous livrent — avec quel singulier talent ! — la palpitation brûlante du passé.