Author: | Henry Gréville | ISBN: | 1230000259626 |
Publisher: | Largau | Publication: | August 11, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henry Gréville |
ISBN: | 1230000259626 |
Publisher: | Largau |
Publication: | August 11, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
La maison seigneuriale de Daniel Loukitch Bagrianof, construite en bois sur un haut soubassement en brique, trônait au milieu d’une cour bordée à droite par une rangée d’écuries et de remises, à gauche par les communs et la boulangerie. Une pelouse ovale, devant le perron, séparait en deux bras, comme une île dans le fleuve, la large route plantée d’arbres qui venait en ligne droite de la station de poste la plus voisine, distante environ de dix-huit verstes. Ce chemin, fait exprès pour les seigneurs, était bordé par de gigantesques bouleaux jusqu’à la porte d’entrée, porte peu somptueuse, à la vérité. Pas d’enceinte de ce côté ; un simple fossé suffisait pour défendre la demeure seigneuriale contre les loups ; - pour les hommes, il n’en était pas même question.
Quel audacieux eût pu rêver de franchir cette terrible enceinte, plus redoutable que les haies d’épines vivantes qui protègent les châteaux enchantés ? Daniel Bagrianof avait des chiens ; mais ces chiens, nourris de viande crue et lâchés tous les soirs, étaient moins redoutables que le regard froid et pesant des yeux bleu clair du seigneur.
Jamais personne n’avait vu Bagrianof en colère. On eût dit que, tout enfant même, il avait ignoré les révoltes soudaines et les mouvements involontaires d’une irritation secrète. Son visage exsangue, ses sourcils blanchis de bonne heure comme sa barbe abondante et soignée, lui donnaient l’apparence d’un grand calme. Seuls, ses yeux d’acier et sa bouche aux lèvres minces révélaient l’impitoyable ténacité, la férocité froide de cet homme. Pas plus qu’on ne l’avait vu en colère, de mémoire d’homme on ne l’avait vu pardonner une offense, volontaire ou non.
La maison seigneuriale de Daniel Loukitch Bagrianof, construite en bois sur un haut soubassement en brique, trônait au milieu d’une cour bordée à droite par une rangée d’écuries et de remises, à gauche par les communs et la boulangerie. Une pelouse ovale, devant le perron, séparait en deux bras, comme une île dans le fleuve, la large route plantée d’arbres qui venait en ligne droite de la station de poste la plus voisine, distante environ de dix-huit verstes. Ce chemin, fait exprès pour les seigneurs, était bordé par de gigantesques bouleaux jusqu’à la porte d’entrée, porte peu somptueuse, à la vérité. Pas d’enceinte de ce côté ; un simple fossé suffisait pour défendre la demeure seigneuriale contre les loups ; - pour les hommes, il n’en était pas même question.
Quel audacieux eût pu rêver de franchir cette terrible enceinte, plus redoutable que les haies d’épines vivantes qui protègent les châteaux enchantés ? Daniel Bagrianof avait des chiens ; mais ces chiens, nourris de viande crue et lâchés tous les soirs, étaient moins redoutables que le regard froid et pesant des yeux bleu clair du seigneur.
Jamais personne n’avait vu Bagrianof en colère. On eût dit que, tout enfant même, il avait ignoré les révoltes soudaines et les mouvements involontaires d’une irritation secrète. Son visage exsangue, ses sourcils blanchis de bonne heure comme sa barbe abondante et soignée, lui donnaient l’apparence d’un grand calme. Seuls, ses yeux d’acier et sa bouche aux lèvres minces révélaient l’impitoyable ténacité, la férocité froide de cet homme. Pas plus qu’on ne l’avait vu en colère, de mémoire d’homme on ne l’avait vu pardonner une offense, volontaire ou non.