Author: | Édouard Rod | ISBN: | 1230000405096 |
Publisher: | PRB | Publication: | May 4, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Édouard Rod |
ISBN: | 1230000405096 |
Publisher: | PRB |
Publication: | May 4, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
La Chute de Miss Topsy est un roman du critique littéraire, journaliste et écrivain Suisse Édouard Rod (1857 – 1910).
Cette édition numérique comporte une table des matières dynamique.
Elle est parfaitement mise en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
André Frémy n’était point né pour l’existence monotone d’employé dans un ministère : le travail en coupes réglées répugnait à sa nonchalance un peu maladive ; les minuties administratives exaspéraient son imagination vagabonde : la seule vue de son chef de bureau, gras, lourd, correct et solennel, lui faisait courir dans le dos un petit frisson d’agacement. Il travaillait sans ardeur ; les jours où l’ouvrage manquait, il tordait sa plume entre ses doigts, ou tambourinait sur son pupitre, ou lisait, quoiqu’il n’eût pas grand goût pour la lecture : tandis que son camarade, le poète Pellard, un gros garçon joufflu, rasé, châtain et jovial, alignait péniblement des alexandrins, en cherchant des rimes riches dans son Quitard. De longs moments passaient ainsi ; puis, tout à coup, la voix de Pellard éclatait, déclamant avec un accent terriblement méridional un sonnet ou une ballade de forme si compliquée et si cherchée qu’il était difficile d’en suivre le sens.
— Hein, qu’est-ce que vous dites de ça, Frémy ?…
André fronçait légèrement les sourcils pendant la lecture, et sa bouche se crispait en une série de tics nerveux. Une fois le morceau fini, son visage reprenait sa placidité habituelle.
— Ça n’est pas mal, n’est-ce pas ? demandait Pellard.
Il répondait, par politesse :
— Oui, c’est bien, c’est bien… C’est mieux que votre dernière pièce, il me semble !…
Le bon visage du poète s’éclairait :
— Les ballades, voyez-vous, c’est difficile… Mais quand on les réussit…
Et il expliquait ses théories d’art, parlait du volume qu’il publierait chez Lemerre, dès qu’il aurait réuni la somme nécessaire ; de son drame : Vercingétorix, auquel il travaillait le soir, et qu’il présenterait à la Comédie Française. De temps en temps André, qui balançait son pied en l’écoutant, l’interrompait pour lui dire :
— Vous arriverez, — vous avez la foi !…
Et un fin sourire, moqueur ou désabusé, plissait ses lèvres minces...
La Chute de Miss Topsy est un roman du critique littéraire, journaliste et écrivain Suisse Édouard Rod (1857 – 1910).
Cette édition numérique comporte une table des matières dynamique.
Elle est parfaitement mise en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
André Frémy n’était point né pour l’existence monotone d’employé dans un ministère : le travail en coupes réglées répugnait à sa nonchalance un peu maladive ; les minuties administratives exaspéraient son imagination vagabonde : la seule vue de son chef de bureau, gras, lourd, correct et solennel, lui faisait courir dans le dos un petit frisson d’agacement. Il travaillait sans ardeur ; les jours où l’ouvrage manquait, il tordait sa plume entre ses doigts, ou tambourinait sur son pupitre, ou lisait, quoiqu’il n’eût pas grand goût pour la lecture : tandis que son camarade, le poète Pellard, un gros garçon joufflu, rasé, châtain et jovial, alignait péniblement des alexandrins, en cherchant des rimes riches dans son Quitard. De longs moments passaient ainsi ; puis, tout à coup, la voix de Pellard éclatait, déclamant avec un accent terriblement méridional un sonnet ou une ballade de forme si compliquée et si cherchée qu’il était difficile d’en suivre le sens.
— Hein, qu’est-ce que vous dites de ça, Frémy ?…
André fronçait légèrement les sourcils pendant la lecture, et sa bouche se crispait en une série de tics nerveux. Une fois le morceau fini, son visage reprenait sa placidité habituelle.
— Ça n’est pas mal, n’est-ce pas ? demandait Pellard.
Il répondait, par politesse :
— Oui, c’est bien, c’est bien… C’est mieux que votre dernière pièce, il me semble !…
Le bon visage du poète s’éclairait :
— Les ballades, voyez-vous, c’est difficile… Mais quand on les réussit…
Et il expliquait ses théories d’art, parlait du volume qu’il publierait chez Lemerre, dès qu’il aurait réuni la somme nécessaire ; de son drame : Vercingétorix, auquel il travaillait le soir, et qu’il présenterait à la Comédie Française. De temps en temps André, qui balançait son pied en l’écoutant, l’interrompait pour lui dire :
— Vous arriverez, — vous avez la foi !…
Et un fin sourire, moqueur ou désabusé, plissait ses lèvres minces...