Author: | Denis Diderot | ISBN: | 1230001579109 |
Publisher: | JBR | Publication: | March 6, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Denis Diderot |
ISBN: | 1230001579109 |
Publisher: | JBR |
Publication: | March 6, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
La Religieuse (Edition intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une biographie courte de Denis Diderot
Résumé : Publié sans nom d'auteur, Interdit il y a quelques années au cinéma, La Religieuse fait toujours scandale ; or, ce livre, disait Montherlant, "est à peine licencieux et n'est pas du tout frivole mais au contraire très grave." Inspiré par une histoire vécue, Diderot imagine que la religieuse Suzanne Simonie raconte ses mésaventures en 1760. Spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est d'une sensualité éperdue qui fait vivre tout le couvent en fête. Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit "la pente générale de la nature." "Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents," disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle.
Extrait : J’avais pris de l’humidité ; j’étais dans une circonstance critique ; j’avais tout le corps meurtri ; depuis plusieurs jours je n’avais pris que quelques gouttes d’eau avec un peu de pain. Je crus que cette persécution serait la dernière que j’aurais à souffrir. C’est par l’effet momentané de ces secousses violentes qui montrent combien la nature a de force dans les jeunes personnes, que je revins en très-peu de temps ; et je trouvai, quand je reparus, toute la communauté persuadée que j’avais été malade. Je repris les exercices de la maison et ma place à l’église. Je n’avais pas oublié mon papier, ni la jeune sœur à qui je l’avais confié ; j’étais sûre qu’elle n’avait point abusé de ce dépôt, mais qu’elle ne l’avait pas gardé sans inquiétude. Quelques jours après ma sortie de prison, au chœur, au moment même où je le lui avais donné, c’est-à-dire lorsque nous nous mettons à genoux et qu’inclinées les unes vers les autres nous disparaissons dans nos stalles, je me sentis tirer doucement par ma robe ; je tendis la main, et l’on me donna un billet qui ne contenait que ces mots : « Combien vous m’avez inquiétée ! Et ce cruel papier, que faut-il que j’en fasse ?… » Après avoir lu celui-ci, je le roulai dans mes mains, et je l’avalai. Tout cela se passait au commencement du carême. Le temps approchait où la curiosité d’entendre appelle à Longchamp la bonne et la mauvaise compagnie de Paris. J’avais la voix très-belle ; j’en avais peu perdu. C’est dans les maisons religieuses qu’on est attentif aux plus petits intérêts ; on eut quelques ménagements pour moi ; je jouis d’un peu plus de liberté ; les sœurs que j’instruisais au chant purent approcher de moi sans conséquence ; celle à qui j’avais confié mon mémoire en était une. Dans les heures de récréation que nous passions au jardin, je la prenais à l’écart, je la faisais chanter ; et pendant qu’elle chantait, voici ce que je lui dis :
« Vous connaissez beaucoup de monde, moi je ne connais personne. Je ne voudrais pas que vous vous compromissiez ; j’aimerais mieux mourir ici que de vous exposer au soupçon de m’avoir servie ; mon amie, vous seriez perdue, je le sais, cela ne me sauverait pas ; et quand votre perte me sauverait, je ne voudrais point de mon salut à ce prix.
La Religieuse (Edition intégrale - Version Entièrement Illustrée)
* Inclus une biographie courte de Denis Diderot
Résumé : Publié sans nom d'auteur, Interdit il y a quelques années au cinéma, La Religieuse fait toujours scandale ; or, ce livre, disait Montherlant, "est à peine licencieux et n'est pas du tout frivole mais au contraire très grave." Inspiré par une histoire vécue, Diderot imagine que la religieuse Suzanne Simonie raconte ses mésaventures en 1760. Spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est d'une sensualité éperdue qui fait vivre tout le couvent en fête. Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit "la pente générale de la nature." "Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents," disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle.
Extrait : J’avais pris de l’humidité ; j’étais dans une circonstance critique ; j’avais tout le corps meurtri ; depuis plusieurs jours je n’avais pris que quelques gouttes d’eau avec un peu de pain. Je crus que cette persécution serait la dernière que j’aurais à souffrir. C’est par l’effet momentané de ces secousses violentes qui montrent combien la nature a de force dans les jeunes personnes, que je revins en très-peu de temps ; et je trouvai, quand je reparus, toute la communauté persuadée que j’avais été malade. Je repris les exercices de la maison et ma place à l’église. Je n’avais pas oublié mon papier, ni la jeune sœur à qui je l’avais confié ; j’étais sûre qu’elle n’avait point abusé de ce dépôt, mais qu’elle ne l’avait pas gardé sans inquiétude. Quelques jours après ma sortie de prison, au chœur, au moment même où je le lui avais donné, c’est-à-dire lorsque nous nous mettons à genoux et qu’inclinées les unes vers les autres nous disparaissons dans nos stalles, je me sentis tirer doucement par ma robe ; je tendis la main, et l’on me donna un billet qui ne contenait que ces mots : « Combien vous m’avez inquiétée ! Et ce cruel papier, que faut-il que j’en fasse ?… » Après avoir lu celui-ci, je le roulai dans mes mains, et je l’avalai. Tout cela se passait au commencement du carême. Le temps approchait où la curiosité d’entendre appelle à Longchamp la bonne et la mauvaise compagnie de Paris. J’avais la voix très-belle ; j’en avais peu perdu. C’est dans les maisons religieuses qu’on est attentif aux plus petits intérêts ; on eut quelques ménagements pour moi ; je jouis d’un peu plus de liberté ; les sœurs que j’instruisais au chant purent approcher de moi sans conséquence ; celle à qui j’avais confié mon mémoire en était une. Dans les heures de récréation que nous passions au jardin, je la prenais à l’écart, je la faisais chanter ; et pendant qu’elle chantait, voici ce que je lui dis :
« Vous connaissez beaucoup de monde, moi je ne connais personne. Je ne voudrais pas que vous vous compromissiez ; j’aimerais mieux mourir ici que de vous exposer au soupçon de m’avoir servie ; mon amie, vous seriez perdue, je le sais, cela ne me sauverait pas ; et quand votre perte me sauverait, je ne voudrais point de mon salut à ce prix.