La Sonate à Kreutzer

Fiction & Literature, Literary Theory & Criticism, European, Russian
Cover of the book La Sonate à Kreutzer by Léon Tolstoï, CP
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Author: Léon Tolstoï ISBN: 1230001175967
Publisher: CP Publication: June 11, 2016
Imprint: Language: French
Author: Léon Tolstoï
ISBN: 1230001175967
Publisher: CP
Publication: June 11, 2016
Imprint:
Language: French

C’était au commencement du printemps ; nous avions passé deux jours et une nuit bien longue en chemin de fer.

Chaque fois que s’arrêtait le train dans lequel nous étions, des voyageurs montaient dans notre wagon, d’autres en descendaient. Trois personnes cependant restaient comme moi dans le compartiment : une femme entre deux âges, la cigarette aux lèvres, les traits tirés, coiffée d’une toque, revêtue d’un manteau d’homme ; à côté, son compagnon, gai, d’environ quarante ans, vêtu d’une façon correcte, élégante même. Puis, se tenant à l’écart, très nerveux, de petite taille, un homme d’âge mûr, aux yeux brillants, au regard vif sans cesse attiré par un nouvel objet.

Il portait un pardessus à col d’astrakan et un bonnet semblable ; sous son pardessus on apercevait une veste courte et une chemise à broderies russes. Durant le trajet, ce monsieur n’avait lié conversation avec personne, paraissant éviter avec soin de se créer des relations. Tantôt il lisait et fumait, tantôt il se faisait une tasse de thé, ou mangeait des tartines qu’il tirait d’un vieux sac.

Si on lui parlait, ses réponses étaient brèves et sèches et son regard allait se perdre sur le paysage qui défilait.

Je m’aperçus, néanmoins, que la solitude lui pesait. Il paraissait deviner ce qui se passait en moi, et, quand nos regards se croisaient, — fréquemment puisque nous nous trouvions placés presque vis-à-vis l’un de l’autre, — il se détournait comme pour se soustraire à toute conversation avec moi.

À la tombée de la nuit, lorsque le train s’arrêta à une station importante, le monsieur élégant — j’appris plus tard que c’était un avocat — se rendit au buffet, avec la dame qui l’accompagnait, pour boire une tasse de thé.

Durant leur absence, de nouveaux voyageurs montèrent dans le compartiment et, parmi eux, un vieillard de haute stature, le visage fraîchement rasé, le front sillonné de rides, un négociant vraisemblablement, drapé dans une vaste pelisse en loutre et coiffé d’un haut bonnet pointu. Il prit sa place en face de celle occupée par l’avocat et sa compagne et se mit tout ce suite à causer avec un jeune homme qui venait également de monter et qui paraissait être un employé de commerce. Le commis lui ayant dit que la place d’en face n’était pas libre, le vieillard avait répondu qu’il descendrait à la prochaine station : la conversation était ainsi engagée.

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C’était au commencement du printemps ; nous avions passé deux jours et une nuit bien longue en chemin de fer.

Chaque fois que s’arrêtait le train dans lequel nous étions, des voyageurs montaient dans notre wagon, d’autres en descendaient. Trois personnes cependant restaient comme moi dans le compartiment : une femme entre deux âges, la cigarette aux lèvres, les traits tirés, coiffée d’une toque, revêtue d’un manteau d’homme ; à côté, son compagnon, gai, d’environ quarante ans, vêtu d’une façon correcte, élégante même. Puis, se tenant à l’écart, très nerveux, de petite taille, un homme d’âge mûr, aux yeux brillants, au regard vif sans cesse attiré par un nouvel objet.

Il portait un pardessus à col d’astrakan et un bonnet semblable ; sous son pardessus on apercevait une veste courte et une chemise à broderies russes. Durant le trajet, ce monsieur n’avait lié conversation avec personne, paraissant éviter avec soin de se créer des relations. Tantôt il lisait et fumait, tantôt il se faisait une tasse de thé, ou mangeait des tartines qu’il tirait d’un vieux sac.

Si on lui parlait, ses réponses étaient brèves et sèches et son regard allait se perdre sur le paysage qui défilait.

Je m’aperçus, néanmoins, que la solitude lui pesait. Il paraissait deviner ce qui se passait en moi, et, quand nos regards se croisaient, — fréquemment puisque nous nous trouvions placés presque vis-à-vis l’un de l’autre, — il se détournait comme pour se soustraire à toute conversation avec moi.

À la tombée de la nuit, lorsque le train s’arrêta à une station importante, le monsieur élégant — j’appris plus tard que c’était un avocat — se rendit au buffet, avec la dame qui l’accompagnait, pour boire une tasse de thé.

Durant leur absence, de nouveaux voyageurs montèrent dans le compartiment et, parmi eux, un vieillard de haute stature, le visage fraîchement rasé, le front sillonné de rides, un négociant vraisemblablement, drapé dans une vaste pelisse en loutre et coiffé d’un haut bonnet pointu. Il prit sa place en face de celle occupée par l’avocat et sa compagne et se mit tout ce suite à causer avec un jeune homme qui venait également de monter et qui paraissait être un employé de commerce. Le commis lui ayant dit que la place d’en face n’était pas libre, le vieillard avait répondu qu’il descendrait à la prochaine station : la conversation était ainsi engagée.

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