Author: | Jean le Rond d'Alembert | ISBN: | 1230000293240 |
Publisher: | JCA | Publication: | October 15, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jean le Rond d'Alembert |
ISBN: | 1230000293240 |
Publisher: | JCA |
Publication: | October 15, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
La suppression des Jésuites fut ordonnée une première fois en 1762. À cette époque, ils avaient inauguré des façons de faire qui n’étaient pas du goût de la cour. Ils s’étaient attaqués aux auteurs de l’Encyclopédie et surtout à Voltaire qui, las enfin de continuelles escarmouches, s’étaient décidés à répondre. Et le réveil du lion avait été terrible, d’autant plus que les jésuites ne trouvèrent pas un défenseur. Voici d’ailleurs ce qu’écrivait d’Alembert en 1765.
Il faut avouer que les jansénistes, qui ne se sont jamais piqués d’être fins, l’ont été dans ces derniers temps bien plus qu’ils ne pensaient, et que les jésuites, qui se piquent de l’être beaucoup, ne l’ont été guère. Ils ont donné comme des sots dans un panneau que leurs ennemis leur ont tendu sans s’en douter. Le gazetier janséniste, excité seulement par le fanatisme et la haine (car ce satirique imbécile n’en sait pas plus long), a reproché aux jésuites de poursuivre dans les jansénistes un fantôme d’hérésie, et de ne pas courre sus aux philosophes qui deviennent de jour en jour, selon lui, plus nombreux et plus insolents. Les jésuites, bêtement, ont lâché leur proie qui se mourait, pour attaquer des hommes pleins de vigueur, qui ne pensaient point à leur nuire. Qu’est-il arrivé ? ils n’ont point apaisé leurs anciens ennemis, et s’en sont attiré de nouveaux dont ils n’avaient que faire ; ils le sentent bien aujourd’hui, mais il n’est plus temps.
La suppression des Jésuites fut ordonnée une première fois en 1762. À cette époque, ils avaient inauguré des façons de faire qui n’étaient pas du goût de la cour. Ils s’étaient attaqués aux auteurs de l’Encyclopédie et surtout à Voltaire qui, las enfin de continuelles escarmouches, s’étaient décidés à répondre. Et le réveil du lion avait été terrible, d’autant plus que les jésuites ne trouvèrent pas un défenseur. Voici d’ailleurs ce qu’écrivait d’Alembert en 1765.
Il faut avouer que les jansénistes, qui ne se sont jamais piqués d’être fins, l’ont été dans ces derniers temps bien plus qu’ils ne pensaient, et que les jésuites, qui se piquent de l’être beaucoup, ne l’ont été guère. Ils ont donné comme des sots dans un panneau que leurs ennemis leur ont tendu sans s’en douter. Le gazetier janséniste, excité seulement par le fanatisme et la haine (car ce satirique imbécile n’en sait pas plus long), a reproché aux jésuites de poursuivre dans les jansénistes un fantôme d’hérésie, et de ne pas courre sus aux philosophes qui deviennent de jour en jour, selon lui, plus nombreux et plus insolents. Les jésuites, bêtement, ont lâché leur proie qui se mourait, pour attaquer des hommes pleins de vigueur, qui ne pensaient point à leur nuire. Qu’est-il arrivé ? ils n’ont point apaisé leurs anciens ennemis, et s’en sont attiré de nouveaux dont ils n’avaient que faire ; ils le sentent bien aujourd’hui, mais il n’est plus temps.