Author: | Alexis de Tocqueville | ISBN: | 1230001150223 |
Publisher: | PRB | Publication: | May 28, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexis de Tocqueville |
ISBN: | 1230001150223 |
Publisher: | PRB |
Publication: | May 28, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’Ancien régime et la Révolution est un essai du penseur politique, historien et écrivain français Alexis de Tocqueville (1805 – 1859).
Ce livre porte exclusivement sur la société française à la veille de la Révolution. Il apporte un nouveau regard sur cette période en voyant la Révolution non pas comme une rupture mais comme l’aboutissement d’un processus engagé depuis des siècles et dont l’achèvement est la centralisation de l’État. Pour lui, le phénomène anti-religieux n’a été en France que pour des raisons spécifiques car comme le démontre De la démocratie en Amérique, rien n’oppose la religion et la démocratie et si lutte contre l’Église il y eut, ce fut avant tout lutte contre l’entité politique.
Extrait :
Le livre que je publie en ce moment n’est point une histoire de la Révolution, histoire qui a été faite avec trop d’éclat pour que je songe à la refaire ; c’est une étude sur cette révolution.
Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée, et de séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais. Dans ce but, ils ont pris toutes sortes de précautions pour ne rien emporter du passé dans leur condition nouvelle : ils se sont imposé toutes sortes de contraintes pour se façonner autrement que leurs pères ; ils n’ont rien oublié enfin pour se rendre méconnaissables.
J’avais toujours pensé qu’ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise qu’on ne l’avait cru au dehors et qu’ils ne l’avaient cru d’abord eux-mêmes. J’étais convaincu qu’à leur insu ils avaient retenu de l’ancien régime la plupart des sentiments, des habitudes, des idées même à l’aide desquelles ils avaient conduit la Révolution qui le détruisit, et que, sans le vouloir, ils s’étaient servis de ses débris pour construire l’édifice de la société nouvelle ; de telle sorte que, pour bien comprendre et la Révolution et son œuvre, il fallait oublier un moment la France que nous voyons, et aller interroger dans son tombeau la France qui n’est plus. C’est ce que j’ai cherché à faire ici ; mais j’ai eu plus de peine à y réussir que je n’aurais pu le croire...
L’Ancien régime et la Révolution est un essai du penseur politique, historien et écrivain français Alexis de Tocqueville (1805 – 1859).
Ce livre porte exclusivement sur la société française à la veille de la Révolution. Il apporte un nouveau regard sur cette période en voyant la Révolution non pas comme une rupture mais comme l’aboutissement d’un processus engagé depuis des siècles et dont l’achèvement est la centralisation de l’État. Pour lui, le phénomène anti-religieux n’a été en France que pour des raisons spécifiques car comme le démontre De la démocratie en Amérique, rien n’oppose la religion et la démocratie et si lutte contre l’Église il y eut, ce fut avant tout lutte contre l’entité politique.
Extrait :
Le livre que je publie en ce moment n’est point une histoire de la Révolution, histoire qui a été faite avec trop d’éclat pour que je songe à la refaire ; c’est une étude sur cette révolution.
Les Français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée, et de séparer par un abîme ce qu’ils avaient été jusque-là de ce qu’ils voulaient être désormais. Dans ce but, ils ont pris toutes sortes de précautions pour ne rien emporter du passé dans leur condition nouvelle : ils se sont imposé toutes sortes de contraintes pour se façonner autrement que leurs pères ; ils n’ont rien oublié enfin pour se rendre méconnaissables.
J’avais toujours pensé qu’ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise qu’on ne l’avait cru au dehors et qu’ils ne l’avaient cru d’abord eux-mêmes. J’étais convaincu qu’à leur insu ils avaient retenu de l’ancien régime la plupart des sentiments, des habitudes, des idées même à l’aide desquelles ils avaient conduit la Révolution qui le détruisit, et que, sans le vouloir, ils s’étaient servis de ses débris pour construire l’édifice de la société nouvelle ; de telle sorte que, pour bien comprendre et la Révolution et son œuvre, il fallait oublier un moment la France que nous voyons, et aller interroger dans son tombeau la France qui n’est plus. C’est ce que j’ai cherché à faire ici ; mais j’ai eu plus de peine à y réussir que je n’aurais pu le croire...