Author: | Théophile Gautier | ISBN: | 1230001179347 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Théophile Gautier |
ISBN: | 1230001179347 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il ne fait pas encore jour chez Éliante ; cependant midi vient de sonner.
Midi, l’aurore des jolies femmes ! Mais Éliante était priée d’un souper chez la baronne, où l’on a été d’une folie extrême ; Éliante n’a mangé, il est vrai, que des petits pieds, des œufs de faisan au coulis et autres drogues ; elle a à peine trempé ses lèvres roses dans la mousse du vin de Champagne et bu deuxtravers de doigt de crème des Barbades ; car Éliante, comme toute petite-maîtresse, a la prétention de ne vivre que de lait pur et d’amour. Pourtant elle est plus lasse que de coutume et ne recevra qu’à trois heures.
L’abbé V***, qui était du souper, s’est montré d’une extravagance admirable, et le chevalier a fait au commandeur la mystification la plus originale ; ce qu’il y a de parfait, c’est que le brave commandeur n’a pas voulu croire qu’il a été mystifié. À la petite pointe du jour, l’on a été en calèche découverte manger la soupe à l’oignon dans la maison du garde pour se remettre en appétit, et après le déjeuner la présidente a ramené dans son vis-à-vis Éliante, dont le carrosse n’était pas encore arrivé.
Éliante, un peu fatiguée, vient d’entr’ouvrir son bel œil légèrement battu, et un faible sourire, qui dégénère en un demi-bâillement, voltige sur sa petite bouche en cœur que l’on prendrait pour une rose pompon. Elle pense aux coq-à-l’âne de l’abbé et aux impertinences du chevalier, au nez de plus en plus rouge de la pauvre présidente ; mais ces souvenirs agréables s’effacent bientôt et se confondent dans une pensée unique...
Il ne fait pas encore jour chez Éliante ; cependant midi vient de sonner.
Midi, l’aurore des jolies femmes ! Mais Éliante était priée d’un souper chez la baronne, où l’on a été d’une folie extrême ; Éliante n’a mangé, il est vrai, que des petits pieds, des œufs de faisan au coulis et autres drogues ; elle a à peine trempé ses lèvres roses dans la mousse du vin de Champagne et bu deuxtravers de doigt de crème des Barbades ; car Éliante, comme toute petite-maîtresse, a la prétention de ne vivre que de lait pur et d’amour. Pourtant elle est plus lasse que de coutume et ne recevra qu’à trois heures.
L’abbé V***, qui était du souper, s’est montré d’une extravagance admirable, et le chevalier a fait au commandeur la mystification la plus originale ; ce qu’il y a de parfait, c’est que le brave commandeur n’a pas voulu croire qu’il a été mystifié. À la petite pointe du jour, l’on a été en calèche découverte manger la soupe à l’oignon dans la maison du garde pour se remettre en appétit, et après le déjeuner la présidente a ramené dans son vis-à-vis Éliante, dont le carrosse n’était pas encore arrivé.
Éliante, un peu fatiguée, vient d’entr’ouvrir son bel œil légèrement battu, et un faible sourire, qui dégénère en un demi-bâillement, voltige sur sa petite bouche en cœur que l’on prendrait pour une rose pompon. Elle pense aux coq-à-l’âne de l’abbé et aux impertinences du chevalier, au nez de plus en plus rouge de la pauvre présidente ; mais ces souvenirs agréables s’effacent bientôt et se confondent dans une pensée unique...