Le prince Zilah

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance
Cover of the book Le prince Zilah by Jules Claretie, Paris : E. Dentu, 1884
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Author: Jules Claretie ISBN: 1230002442938
Publisher: Paris : E. Dentu, 1884 Publication: July 24, 2018
Imprint: Language: French
Author: Jules Claretie
ISBN: 1230002442938
Publisher: Paris : E. Dentu, 1884
Publication: July 24, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait: – Pardon, monsieur, dit un passant, qu’est-ce que ce bateau, je vous prie ?
Le curieux s’adressait à un petit homme brun qui, un carnet à la main, appuyé sur le parapet du quai des Tuileries, faisait courir sur le papier du calepin un porte-crayon d’or gros comme une fusée et contenant, réunis, un canif, une plume, des mines de plomb en réserve et un couteau à papier en ivoire : – tout l’attirail d’un reporter habitué aux expéditions du journalisme ambulant.
Quand il avait rempli, de son écriture cursive, un feuillet, le petit homme le déchirait en hâte et le tendait à un gamin en livrée bleu sombre dont les boutons d’argent portaient l’initiale du journal l’Actualité.
Il ne s’interrompit même pas pour répondre :
– Monsieur, c’est le prince Andras Zilah qui donne une fête à bord d’un bateau de la Compagnie !
– Une fête !… Et pourquoi ?
– Parce qu’il se marie, monsieur !
– Le prince Andras !. Ah ! dit le Parisien comme s’il connaissait parfaitement le nom, le prince Andras se marie !… Et qu’est-ce que le prince Andras Zil.
– Zilah !… C’est un Hongrois, monsieur !
Mais le reporter semblait pressé.
Il dit au groom en lui tendant encore une feuille de carnet :
– Attends-moi là un moment. Je descends à bord et je t’enverrai la fin de la liste des invités par un matelot. On pourra préparer l’article avec ça et composer d’avance. Je porterai la fin, ce soir, à l’imprimerie.
– Bien, monsieur Jacquemin !
– Et ne perds aucun feuillet…
– Oh ! monsieur Jacquemin, je ne perds jamais rien, moi.
– On ne pourra peut-être pas très bien lire les noms. Tous exotiques. Mais je corrigerai sur l’épreuve.
– Alors, monsieur, demanda encore le passant acharné à tout savoir, ce sont presque tous des étrangers ou des étrangères qui descendent là, dans le bateau, par la passerelle ?
– Oui, monsieur, oui, monsieur, oui, monsieur ! répondit Jacquemin, visiblement agacé. Il y a, à Paris, beaucoup d’étrangers. beaucoup. et je les préfère encore aux provinciaux de Paris !
L’autre ne comprit pas, sourit, remercia et s’éloigna du parapet en disant à des gens qu’il rencontra :
– C’est une fête !. Le prince Andras, un Hongrois, qui se marie !. Le prince Andras Zilah ! Une fête à bord ! Des fiançailles en bateau, c’est très drôle !
D’autres curieux, accoudés, comme Jacquemin, au quai des Tuileries, regardaient le steamer dont le drapeau tricolore, à l’arrière, et les flammes rouges au haut des mâts flottaient hardiment avec des clapotements joyeux sous le vent frais du matin.
Il était là, prêt à partir, bateau de plaisance coquet comme un salon, ciré, décoré, fleuri, avec des tentures sur les banquettes et des touffes énormes d’azalées, des aspects de parterre ou de serre à bord d’un steamer. Il y avait, pour ces passants arrêtés et regardant la Seine, un attrait inattendu, quelque chose comme le piquant d’une énigme dans ce vapeur semi-pavoisé qui envoyait gaiement à la rive parisienne sa fumée blanche et dont les sifflements même, alertes et lestes, semblaient gais comme des fredons..........

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Extrait: – Pardon, monsieur, dit un passant, qu’est-ce que ce bateau, je vous prie ?
Le curieux s’adressait à un petit homme brun qui, un carnet à la main, appuyé sur le parapet du quai des Tuileries, faisait courir sur le papier du calepin un porte-crayon d’or gros comme une fusée et contenant, réunis, un canif, une plume, des mines de plomb en réserve et un couteau à papier en ivoire : – tout l’attirail d’un reporter habitué aux expéditions du journalisme ambulant.
Quand il avait rempli, de son écriture cursive, un feuillet, le petit homme le déchirait en hâte et le tendait à un gamin en livrée bleu sombre dont les boutons d’argent portaient l’initiale du journal l’Actualité.
Il ne s’interrompit même pas pour répondre :
– Monsieur, c’est le prince Andras Zilah qui donne une fête à bord d’un bateau de la Compagnie !
– Une fête !… Et pourquoi ?
– Parce qu’il se marie, monsieur !
– Le prince Andras !. Ah ! dit le Parisien comme s’il connaissait parfaitement le nom, le prince Andras se marie !… Et qu’est-ce que le prince Andras Zil.
– Zilah !… C’est un Hongrois, monsieur !
Mais le reporter semblait pressé.
Il dit au groom en lui tendant encore une feuille de carnet :
– Attends-moi là un moment. Je descends à bord et je t’enverrai la fin de la liste des invités par un matelot. On pourra préparer l’article avec ça et composer d’avance. Je porterai la fin, ce soir, à l’imprimerie.
– Bien, monsieur Jacquemin !
– Et ne perds aucun feuillet…
– Oh ! monsieur Jacquemin, je ne perds jamais rien, moi.
– On ne pourra peut-être pas très bien lire les noms. Tous exotiques. Mais je corrigerai sur l’épreuve.
– Alors, monsieur, demanda encore le passant acharné à tout savoir, ce sont presque tous des étrangers ou des étrangères qui descendent là, dans le bateau, par la passerelle ?
– Oui, monsieur, oui, monsieur, oui, monsieur ! répondit Jacquemin, visiblement agacé. Il y a, à Paris, beaucoup d’étrangers. beaucoup. et je les préfère encore aux provinciaux de Paris !
L’autre ne comprit pas, sourit, remercia et s’éloigna du parapet en disant à des gens qu’il rencontra :
– C’est une fête !. Le prince Andras, un Hongrois, qui se marie !. Le prince Andras Zilah ! Une fête à bord ! Des fiançailles en bateau, c’est très drôle !
D’autres curieux, accoudés, comme Jacquemin, au quai des Tuileries, regardaient le steamer dont le drapeau tricolore, à l’arrière, et les flammes rouges au haut des mâts flottaient hardiment avec des clapotements joyeux sous le vent frais du matin.
Il était là, prêt à partir, bateau de plaisance coquet comme un salon, ciré, décoré, fleuri, avec des tentures sur les banquettes et des touffes énormes d’azalées, des aspects de parterre ou de serre à bord d’un steamer. Il y avait, pour ces passants arrêtés et regardant la Seine, un attrait inattendu, quelque chose comme le piquant d’une énigme dans ce vapeur semi-pavoisé qui envoyait gaiement à la rive parisienne sa fumée blanche et dont les sifflements même, alertes et lestes, semblaient gais comme des fredons..........

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