Le Rose et le Vert et autres histoires

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Le Rose et le Vert et autres histoires by Stendhal, Largau
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Stendhal ISBN: 1230000260137
Publisher: Largau Publication: August 13, 2014
Imprint: Language: French
Author: Stendhal
ISBN: 1230000260137
Publisher: Largau
Publication: August 13, 2014
Imprint:
Language: French

Ce fut vers la fin de 183* que le général major comte von Landek revint à Koenigsberg sa patrie ; depuis bien des années il était employé dans la diplomatie prussienne. En ce moment, il arrivait de Paris. C’était un assez bon homme qui autrefois, à la guerre, avait montré de la bravoure ; maintenant il avait peur à peu près constamment ; il craignait de n’être pas possesseur de tout l’esprit que communément l’on croit nécessaire au rôle d’ambassadeur, - M. de Talleyrand a gâté le métier, - et de plus il s’imaginait faire preuve d’esprit en parlant sans cesse. Le général von Landek avait un second moyen de se distinguer, c’était le patriotisme ; par exemple, il devenait rouge de colère toutes les fois qu’il rencontrait le souvenir d’Iéna. Dernièrement, à son retour à Koenigsberg, il avait fait un détour de plus de trente lieues pour éviter Breslau, petite ville où un corps d’armée prussien avait mis bas les armes devant quelques détachements de l’armée française, jadis, à l’époque d’Iéna.
 Pour ce brave général, possesseur légitime de sept croix et de deux crachats, l’amour de la patrie ne consistait point à chercher à rendre la Prusse heureuse et libre, mais bien à la venger une seconde fois de la déroute fatale que déjà nous avons nommée.
 Les récits infinis du général eurent un succès rapide dans la société de Koenigsberg. Tout le monde voulait l’entendre raconter Paris. C’est une ville d’esprit que Koenigsberg ; je la proclamerais volontiers la capitale de la pensée en Allemagne ; les Français n’y sont point aimés, mais si on nous fait l’honneur de nous haïr, en revanche on méprise souverainement tous les autres peuples de l’Europe, et de préférence, à ce que j’ai remarqué, ceux dont les qualités se rapprochent des bonnes qualités des Allemands.

Personne n’eût écouté un voyageur arrivant de Vienne ou de Madrid et l’on accablait de questions le trop heureux bavard von Landek. Les plus jolies femmes, et il y en a de charmantes en ce pays-là, voulaient savoir comment était fait le boulevard des Italiens, ce centre du monde ; de quelle façon les Tuileries regardent le palais du Louvre ; si la Seine porte des bâtiments à voiles, comme la Vistule, et, surtout, si pour aller faire une visite le soir, à une femme, il faut absolument avoir reçu d’elle le matin une petite carte annonçant qu’elle sera chez elle ce soir-là.
 Le général, quoique parlant sans cesse, ne mentait point, c’était un bavard à l’allemande. Il ne cherchait pas tant à faire effet sur ses auditeurs qu’à se donner le plaisir poétique de se souvenir avec éloquence des belles choses qu’il avait vues autrefois dans ses voyages. 

Pour connaître la suite, achetez ce merveilleux et captivant roman de Stendhal

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Ce fut vers la fin de 183* que le général major comte von Landek revint à Koenigsberg sa patrie ; depuis bien des années il était employé dans la diplomatie prussienne. En ce moment, il arrivait de Paris. C’était un assez bon homme qui autrefois, à la guerre, avait montré de la bravoure ; maintenant il avait peur à peu près constamment ; il craignait de n’être pas possesseur de tout l’esprit que communément l’on croit nécessaire au rôle d’ambassadeur, - M. de Talleyrand a gâté le métier, - et de plus il s’imaginait faire preuve d’esprit en parlant sans cesse. Le général von Landek avait un second moyen de se distinguer, c’était le patriotisme ; par exemple, il devenait rouge de colère toutes les fois qu’il rencontrait le souvenir d’Iéna. Dernièrement, à son retour à Koenigsberg, il avait fait un détour de plus de trente lieues pour éviter Breslau, petite ville où un corps d’armée prussien avait mis bas les armes devant quelques détachements de l’armée française, jadis, à l’époque d’Iéna.
 Pour ce brave général, possesseur légitime de sept croix et de deux crachats, l’amour de la patrie ne consistait point à chercher à rendre la Prusse heureuse et libre, mais bien à la venger une seconde fois de la déroute fatale que déjà nous avons nommée.
 Les récits infinis du général eurent un succès rapide dans la société de Koenigsberg. Tout le monde voulait l’entendre raconter Paris. C’est une ville d’esprit que Koenigsberg ; je la proclamerais volontiers la capitale de la pensée en Allemagne ; les Français n’y sont point aimés, mais si on nous fait l’honneur de nous haïr, en revanche on méprise souverainement tous les autres peuples de l’Europe, et de préférence, à ce que j’ai remarqué, ceux dont les qualités se rapprochent des bonnes qualités des Allemands.

Personne n’eût écouté un voyageur arrivant de Vienne ou de Madrid et l’on accablait de questions le trop heureux bavard von Landek. Les plus jolies femmes, et il y en a de charmantes en ce pays-là, voulaient savoir comment était fait le boulevard des Italiens, ce centre du monde ; de quelle façon les Tuileries regardent le palais du Louvre ; si la Seine porte des bâtiments à voiles, comme la Vistule, et, surtout, si pour aller faire une visite le soir, à une femme, il faut absolument avoir reçu d’elle le matin une petite carte annonçant qu’elle sera chez elle ce soir-là.
 Le général, quoique parlant sans cesse, ne mentait point, c’était un bavard à l’allemande. Il ne cherchait pas tant à faire effet sur ses auditeurs qu’à se donner le plaisir poétique de se souvenir avec éloquence des belles choses qu’il avait vues autrefois dans ses voyages. 

Pour connaître la suite, achetez ce merveilleux et captivant roman de Stendhal

More books from Largau

Cover of the book Les misérables Tome I - Fantine by Stendhal
Cover of the book L’ÎLE AU TRÉSOR by Stendhal
Cover of the book Numa Roumestan by Stendhal
Cover of the book L'alouette du casque ou Victoria la mère des camps by Stendhal
Cover of the book Rose et Ninette by Stendhal
Cover of the book Les Esclaves de Paris - Tome II (Edition illustrée) by Stendhal
Cover of the book Le roman de Miraut - Chien de chasse by Stendhal
Cover of the book Les mystères de Paris - Tome I by Stendhal
Cover of the book Les trois villes Paris, Lourdes, Rome by Stendhal
Cover of the book Vingt ans après - Édition illustrée by Stendhal
Cover of the book Les Contes de nos pères by Stendhal
Cover of the book Les Grandes Espérances en deux volumes by Stendhal
Cover of the book Arsène Lupin - L'Éclat d'obus by Stendhal
Cover of the book Le portrait de monsieur W.H by Stendhal
Cover of the book Victor, de la brigade mondaine by Stendhal
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy