Author: | Jules Verne | ISBN: | 1230001005639 |
Publisher: | CP | Publication: | March 24, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules Verne |
ISBN: | 1230001005639 |
Publisher: | CP |
Publication: | March 24, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
« Il faut pourtant convenir que la vie a du bon ! s’écria un des convives, accoudé sur le bras de son siège à dossier de marbre, en grignotant une racine de nénuphar au sucre.
— Et du mauvais aussi ! répondit, entre deux quintes de toux, un autre, que le piquant d’un délicat aileron de requin avait failli étrangler !
— Soyons philosophes ! dit alors un personnage plus âgé, dont le nez supportait une énorme paire de lunettes à larges verres, montées sur tiges de bois. Aujourd’hui, on risque de s’étrangler, et demain tout passe comme passent les suaves gorgées de ce nectar ! C’est la vie, après tout ! »
Et cela dit, cet épicurien, d’humeur accommodante, avala un verre d’un excellent vin tiède, dont la légère vapeur s’échappait lentement d’une théière de métal.
« Quant à moi, reprit un quatrième convive, l’existence me paraît très acceptable, du moment qu’on ne fait rien et qu’on a le moyen de ne rien faire !
— Erreur ! riposta le cinquième. Le bonheur est dans l’étude et le travail. Acquérir la plus grande somme possible de connaissances, c’est chercher à se rendre heureux !…
— Et à apprendre que, tout compte fait, on ne sait rien !
— N’est-ce pas le commencement de la sagesse ?
— Et quelle en est la fin ?
— La sagesse n’a pas de fin ! répondit philosophiquement l’homme aux lunettes. Avoir le sens commun serait la satisfaction suprême ! »
Ce fut alors que le premier convive s’adressa directement à l’amphitryon, qui occupait le haut bout de la table, c’est-à-dire la plus mauvaise place, ainsi que l’exigeaient les lois de la politesse. Indifférent et distrait, celui-ci écoutait sans rien dire toute cette dissertation inter pocula.
« Voyons ! Que pense notre hôte de ces divagations après boire ? Trouve-t-il aujourd’hui l’existence bonne ou mauvaise ? Est-il pour ou contre ? »
« Il faut pourtant convenir que la vie a du bon ! s’écria un des convives, accoudé sur le bras de son siège à dossier de marbre, en grignotant une racine de nénuphar au sucre.
— Et du mauvais aussi ! répondit, entre deux quintes de toux, un autre, que le piquant d’un délicat aileron de requin avait failli étrangler !
— Soyons philosophes ! dit alors un personnage plus âgé, dont le nez supportait une énorme paire de lunettes à larges verres, montées sur tiges de bois. Aujourd’hui, on risque de s’étrangler, et demain tout passe comme passent les suaves gorgées de ce nectar ! C’est la vie, après tout ! »
Et cela dit, cet épicurien, d’humeur accommodante, avala un verre d’un excellent vin tiède, dont la légère vapeur s’échappait lentement d’une théière de métal.
« Quant à moi, reprit un quatrième convive, l’existence me paraît très acceptable, du moment qu’on ne fait rien et qu’on a le moyen de ne rien faire !
— Erreur ! riposta le cinquième. Le bonheur est dans l’étude et le travail. Acquérir la plus grande somme possible de connaissances, c’est chercher à se rendre heureux !…
— Et à apprendre que, tout compte fait, on ne sait rien !
— N’est-ce pas le commencement de la sagesse ?
— Et quelle en est la fin ?
— La sagesse n’a pas de fin ! répondit philosophiquement l’homme aux lunettes. Avoir le sens commun serait la satisfaction suprême ! »
Ce fut alors que le premier convive s’adressa directement à l’amphitryon, qui occupait le haut bout de la table, c’est-à-dire la plus mauvaise place, ainsi que l’exigeaient les lois de la politesse. Indifférent et distrait, celui-ci écoutait sans rien dire toute cette dissertation inter pocula.
« Voyons ! Que pense notre hôte de ces divagations après boire ? Trouve-t-il aujourd’hui l’existence bonne ou mauvaise ? Est-il pour ou contre ? »