Author: | Jeanne Louise Henriette Campan | ISBN: | 1230000971225 |
Publisher: | CP | Publication: | March 1, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jeanne Louise Henriette Campan |
ISBN: | 1230000971225 |
Publisher: | CP |
Publication: | March 1, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les planches des bibliothèques plient sous le poids de tout ce qui a été imprimé sur les dernières années du dix-huitième siècle. Quelques esprits supérieurs ont déjà indiqué, avec talent, les grandes causes morales et politiques de nos révolutions. Mais la postérité demandera aussi à connaître les ressorts secrets qui ont dirigé ces événemens. Des Mémoires, écrits par des ministres et des favoris, pourraient seuls satisfaire la curiosité de nos descendans, encore ne serait-ce que jusqu’à un certain point ; car les rois n’accordent que bien rarement une confiance entière. Le souverain donne, à un de ceux qui l’entourent, une mission secrète qui ne contrarie point ses opinions connues ; il lui dévoile tous les détails d’une affaire d’un haut intérêt. Le courtisan agit, persuadé de son importance ; mais quand son orgueil s’applaudit, qu’il se croit sûr que le cœur royal vient de lui être ouvert, aveuglé par sa vanité, il ne se doute pas que ce cœur renferme encore mille replis qui lui seront toujours cachés. Il n’est que la dupe et le jouet de celui dont il se croit le confident. Au même instant, un autre a reçu peut-être une mission opposée, qui, sans doute, ne s’accorde pas davantage avec les véritables projets du prince. Tous deux se croient les seuls dépositaires des pensées du souverain, et sur cette base trompeuse bâtissent l’édifice imaginaire d’un crédit qu’ils n’auront pas.
Ce jeu des cours est surtout en usage quand l’autorité supérieure est forcée de satisfaire ou de calmer des opinions diverses, sans en adopter franchement aucune. Mais avec cette habitude d’éparpiller ainsi les marques d’une confiance illusoire, quand sont venus les temps de troubles et de factions, le souverain finit par ne plus trouver d’appui solide ni d’entier dévouement.
Les planches des bibliothèques plient sous le poids de tout ce qui a été imprimé sur les dernières années du dix-huitième siècle. Quelques esprits supérieurs ont déjà indiqué, avec talent, les grandes causes morales et politiques de nos révolutions. Mais la postérité demandera aussi à connaître les ressorts secrets qui ont dirigé ces événemens. Des Mémoires, écrits par des ministres et des favoris, pourraient seuls satisfaire la curiosité de nos descendans, encore ne serait-ce que jusqu’à un certain point ; car les rois n’accordent que bien rarement une confiance entière. Le souverain donne, à un de ceux qui l’entourent, une mission secrète qui ne contrarie point ses opinions connues ; il lui dévoile tous les détails d’une affaire d’un haut intérêt. Le courtisan agit, persuadé de son importance ; mais quand son orgueil s’applaudit, qu’il se croit sûr que le cœur royal vient de lui être ouvert, aveuglé par sa vanité, il ne se doute pas que ce cœur renferme encore mille replis qui lui seront toujours cachés. Il n’est que la dupe et le jouet de celui dont il se croit le confident. Au même instant, un autre a reçu peut-être une mission opposée, qui, sans doute, ne s’accorde pas davantage avec les véritables projets du prince. Tous deux se croient les seuls dépositaires des pensées du souverain, et sur cette base trompeuse bâtissent l’édifice imaginaire d’un crédit qu’ils n’auront pas.
Ce jeu des cours est surtout en usage quand l’autorité supérieure est forcée de satisfaire ou de calmer des opinions diverses, sans en adopter franchement aucune. Mais avec cette habitude d’éparpiller ainsi les marques d’une confiance illusoire, quand sont venus les temps de troubles et de factions, le souverain finit par ne plus trouver d’appui solide ni d’entier dévouement.