Author: | Rodolphe Töpffer | ISBN: | 1230001737349 |
Publisher: | er | Publication: | June 27, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Rodolphe Töpffer |
ISBN: | 1230001737349 |
Publisher: | er |
Publication: | June 27, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Rodolphe Töpffer (ou Toepffer), Suisse né à Genève le 31 janvier 1799 et mort dans cette même ville le 8 juin 1846, est un pédagogue, écrivain, politicien et auteur de bande dessinée suisse, considéré comme le créateur et le premier théoricien de cet art.
Littérature suisse, roman de voyages à pied de R. Töpffer
VOYAGE À GÊNES ; Littérature suisse, roman de voyages à pied de R. Töpffer
Extrait :
C’est durant l’hiver que se forment d’ordinaire les projets pour la belle saison. De la privation, en effet, naît le désir. C’est la neige qui fait songer aux prairies, l’emprisonnement à la liberté, l’inaction des membres aux marches hardies ; et, placé que l’on est ainsi entre le souvenir et l’espérance, la situation est merveilleuse pour tracer les plus beaux plans de voyage. Aussi est-ce durant l’hiver surtout qu’un chef prudent doit peser toutes ses paroles et imposer à sa langue la plus stricte circonspection, car, de sa part, un mot hasardé devient une promesse suprême, et le voilà qui, faute d’un peu de prudence, se trouve entraîné à conduire sa bande jusqu’au bout du monde. Quand, un beau soir, M. Töpffer eut lâché le mot de Gênes, il voulut bien le rattraper, mais il n’y parvint pas. C’est sur Gênes, lecteur, que nous allons nous acheminer.
Mais pas encore, si vous voulez bien. Il n’y a pas rien que les pensions qui voyagent ; la fièvre aussi, la fièvre typhoïde fait ses tournées, et, au moment où nous allons franchir le seuil, la voilà qui entre dans la maison et qui y étend sur leur lit la moitié de nos compagnons. Les uns ne sont atteints que faiblement, les autres sont saisis avec violence, et leur havresac n’a pas encore été défait, que déjà l’on craint pour leur vie. Tristes jours, écoulés maintenant, mais point oubliés, où la joie, faisant place à de soudaines alarmes, semblait avoir fui pour jamais ! Grâce à Dieu, les alarmes ont fui à leur tour, la joie est revenue, et sans Gail qui garde encore l’hôpital nous serions déjà en route. Convalescent stationnaire, il fait des efforts d’esprit extraordinaires pour se bien porter ; mais, hélas, il n’y parvient point. « Comment êtes-vous, Gail ? — Voilà. — Bien ? — Voilà. — Mal ? — Voilà. » On le lève, on le couche, on le promène en voiture, on essaye potions, consommés, et toutes les herbes de la Saint-Jean. « Comment êtes-vous, Gail ? — Voilà. » On attend trois jours, quatre jours. « — Eh bien ? — Voilà. » Alors le médecin décide que Gail doit partir convalescent et que sa santé s’ensuivra. L’on essaye donc.
Ce livre numérique comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Rodolphe Töpffer (ou Toepffer), Suisse né à Genève le 31 janvier 1799 et mort dans cette même ville le 8 juin 1846, est un pédagogue, écrivain, politicien et auteur de bande dessinée suisse, considéré comme le créateur et le premier théoricien de cet art.
Littérature suisse, roman de voyages à pied de R. Töpffer
VOYAGE À GÊNES ; Littérature suisse, roman de voyages à pied de R. Töpffer
Extrait :
C’est durant l’hiver que se forment d’ordinaire les projets pour la belle saison. De la privation, en effet, naît le désir. C’est la neige qui fait songer aux prairies, l’emprisonnement à la liberté, l’inaction des membres aux marches hardies ; et, placé que l’on est ainsi entre le souvenir et l’espérance, la situation est merveilleuse pour tracer les plus beaux plans de voyage. Aussi est-ce durant l’hiver surtout qu’un chef prudent doit peser toutes ses paroles et imposer à sa langue la plus stricte circonspection, car, de sa part, un mot hasardé devient une promesse suprême, et le voilà qui, faute d’un peu de prudence, se trouve entraîné à conduire sa bande jusqu’au bout du monde. Quand, un beau soir, M. Töpffer eut lâché le mot de Gênes, il voulut bien le rattraper, mais il n’y parvint pas. C’est sur Gênes, lecteur, que nous allons nous acheminer.
Mais pas encore, si vous voulez bien. Il n’y a pas rien que les pensions qui voyagent ; la fièvre aussi, la fièvre typhoïde fait ses tournées, et, au moment où nous allons franchir le seuil, la voilà qui entre dans la maison et qui y étend sur leur lit la moitié de nos compagnons. Les uns ne sont atteints que faiblement, les autres sont saisis avec violence, et leur havresac n’a pas encore été défait, que déjà l’on craint pour leur vie. Tristes jours, écoulés maintenant, mais point oubliés, où la joie, faisant place à de soudaines alarmes, semblait avoir fui pour jamais ! Grâce à Dieu, les alarmes ont fui à leur tour, la joie est revenue, et sans Gail qui garde encore l’hôpital nous serions déjà en route. Convalescent stationnaire, il fait des efforts d’esprit extraordinaires pour se bien porter ; mais, hélas, il n’y parvient point. « Comment êtes-vous, Gail ? — Voilà. — Bien ? — Voilà. — Mal ? — Voilà. » On le lève, on le couche, on le promène en voiture, on essaye potions, consommés, et toutes les herbes de la Saint-Jean. « Comment êtes-vous, Gail ? — Voilà. » On attend trois jours, quatre jours. « — Eh bien ? — Voilà. » Alors le médecin décide que Gail doit partir convalescent et que sa santé s’ensuivra. L’on essaye donc.