Quand on voyage

Nonfiction, Travel, Europe, Western Europe, Adventure & Literary Travel
Cover of the book Quand on voyage by Théophile Gautier, CP
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Author: Théophile Gautier ISBN: 1230001215403
Publisher: CP Publication: July 4, 2016
Imprint: Language: French
Author: Théophile Gautier
ISBN: 1230001215403
Publisher: CP
Publication: July 4, 2016
Imprint:
Language: French

Les inventions de la science transforment le monde moderne sans secousse et pour ainsi dire sans qu’il s’en aperçoive. Supposons-nous en 1813, à l’époque de l’immersion de l’avant-port creusé par les ordres de Napoléon Ier, et désireux d’assister à cette solennité imposante. — Pas de chemin de fer, pas de bateau à vapeur ; pour unique moyen de transport, la classique diligence, ou, si vous voulez, la chaise de poste. Ajoutez-y même, par réquisition, tous les berlingots, toutes les tapissières, tous les fiacres et autres véhicules plus ou moins susceptibles de rouler, attelés de quadrupèdes quelconques, et calculez ce qu’on aurait pu transporter de personnes. Il n’y a même pas besoin de remonter si haut. La ligne ferrée de Paris à Cherbourg vient d’être achevée tout récemment. Si la fête avait eu lieu quelques mois plus tôt, nous en aurions été pour nos vœux impuissants.

Le fait acquis a une telle force, qu’on n’y songe bientôt plus, quelque miraculeux qu’il soit. L’invention des chemins de fer, qui date à peine de vingt ou vingt-cinq ans, ne surprend plus personne ; on est déjà habitué à ses prodiges. Transporter en une journée, du centre de la France à l’une de ses extrémité, cent mille curieux et peut-être davantage, quoi de plus simple ? Il ne s’agit que de multiplier les convois et les wagons. — Cela eût paru tout à fait chimérique au commencement du siècle.

Non, nous n’aurions jamais cru qu’il existât autant de malles et de sacs de nuit ! Au jour du départ, et les jours précédents, ils s’entassaient par assises, par pyramides, par montagnes à la gare de l’Ouest, où les voitures n’arrivaient qu’en prenant la file, comme pour l’entrée d’un bal.

Quelle foule, quel tumulte, quel encombrement et pourtant chaque colis recevait son numéro et son étiquette, et les chariots les emportaient aux wagons de bagages avec une rapidité inouïe.

Lorsque les portes, en s’ouvrant, laissèrent comme un batardeau rompu, pénétrer dans le débarcadère l’océan des excursionnistes, le premier flot remplit tout un convoi, si long pourtant, que c’était déjà un voyage d’aller de sa queue à sa tête. Il y avait là de quoi peupler une ville.

Un second convoi fut organisé sur-le-champ, dans lequel nous pûmes trouver place ; il n’était pas moins considérable que le précédent, et, certes, la flotte combinée des Grecs partant pour Troie emmenait moins d’Achéens aux longues chevelures et aux belles enémides que cette suite de caisses n’emportait de Parisiens en panamas et en paletots d’été.

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Les inventions de la science transforment le monde moderne sans secousse et pour ainsi dire sans qu’il s’en aperçoive. Supposons-nous en 1813, à l’époque de l’immersion de l’avant-port creusé par les ordres de Napoléon Ier, et désireux d’assister à cette solennité imposante. — Pas de chemin de fer, pas de bateau à vapeur ; pour unique moyen de transport, la classique diligence, ou, si vous voulez, la chaise de poste. Ajoutez-y même, par réquisition, tous les berlingots, toutes les tapissières, tous les fiacres et autres véhicules plus ou moins susceptibles de rouler, attelés de quadrupèdes quelconques, et calculez ce qu’on aurait pu transporter de personnes. Il n’y a même pas besoin de remonter si haut. La ligne ferrée de Paris à Cherbourg vient d’être achevée tout récemment. Si la fête avait eu lieu quelques mois plus tôt, nous en aurions été pour nos vœux impuissants.

Le fait acquis a une telle force, qu’on n’y songe bientôt plus, quelque miraculeux qu’il soit. L’invention des chemins de fer, qui date à peine de vingt ou vingt-cinq ans, ne surprend plus personne ; on est déjà habitué à ses prodiges. Transporter en une journée, du centre de la France à l’une de ses extrémité, cent mille curieux et peut-être davantage, quoi de plus simple ? Il ne s’agit que de multiplier les convois et les wagons. — Cela eût paru tout à fait chimérique au commencement du siècle.

Non, nous n’aurions jamais cru qu’il existât autant de malles et de sacs de nuit ! Au jour du départ, et les jours précédents, ils s’entassaient par assises, par pyramides, par montagnes à la gare de l’Ouest, où les voitures n’arrivaient qu’en prenant la file, comme pour l’entrée d’un bal.

Quelle foule, quel tumulte, quel encombrement et pourtant chaque colis recevait son numéro et son étiquette, et les chariots les emportaient aux wagons de bagages avec une rapidité inouïe.

Lorsque les portes, en s’ouvrant, laissèrent comme un batardeau rompu, pénétrer dans le débarcadère l’océan des excursionnistes, le premier flot remplit tout un convoi, si long pourtant, que c’était déjà un voyage d’aller de sa queue à sa tête. Il y avait là de quoi peupler une ville.

Un second convoi fut organisé sur-le-champ, dans lequel nous pûmes trouver place ; il n’était pas moins considérable que le précédent, et, certes, la flotte combinée des Grecs partant pour Troie emmenait moins d’Achéens aux longues chevelures et aux belles enémides que cette suite de caisses n’emportait de Parisiens en panamas et en paletots d’été.

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