Author: | Pierre Corneille | ISBN: | 1230000229308 |
Publisher: | Pierre Corneille | Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Corneille |
ISBN: | 1230000229308 |
Publisher: | Pierre Corneille |
Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE I
Scène première
Perpenna.
D'où me vient ce désordre, Aufide, et que veut dire
Que mon coeur sur mes voeux garde si peu d'empire?
L'horreur que malgré moi me fait la trahison
Contre tout mon espoir révolte ma raison;
Et de cette grandeur sur le crime fondée,
Dont jusqu'à ce moment m'a trop flatté l'idée,
L'image toute affreuse, au point d'exécuter,
Ne trouve plus en moi de bras à lui prêter.
En vain l'ambition qui presse mon courage,
D'un faux brillant d'honneur pare son noir ouvrage;
En vain pour me soumettre à ses lâches efforts,
Mon âme a secoué le joug de cent remords:
Cette âme, d'avec soi tout à coup divisée,
Reprend de ces remords la chaîne mal brisée;
Et de Sertorius le surprenant bonheur
Arrête une main prête à lui percer le coeur.
Aufide.
Quel honteux contre-temps de vertu délicate
S'oppose au beau succès de l'espoir qui vous flatte?
Et depuis quand, seigneur, la soif du premier rang
Craint-elle de répandre un peu de mauvais sang?
Avez-vous oublié cette grande maxime,
Que la guerre civile est le règne du crime;
Et qu'aux lieux où le crime a plein droit de régner,
L'innocence timide est seule à dédaigner?
L'honneur et la vertu sont des noms ridicules:
Marius ni Carbon n'eurent point de scrupules;
Jamais Sylla, jamais...
Perpenna.
Sylla ni Marius
N'ont jamais épargné le sang de leurs vaincus:
Tour à tour la victoire, autour d'eux en furie,
A poussé leur courroux jusqu'à la barbarie;
Tour à tour le carnage et les proscriptions
Ont sacrifié Rome à leurs dissensions;
Mais leurs sanglants discords qui nous donnent des maîtres
Ont fait des meurtriers, et n'ont point fait de traîtres:
Leurs plus vastes fureurs jamais n'ont consenti
Qu'aucun versât le sang de son propre parti;
Et dans l'un ni dans l'autre aucun n'a pris l'audace
D'assassiner son chef pour monter en sa place.
EXTRAIT:
ACTE I
Scène première
Perpenna.
D'où me vient ce désordre, Aufide, et que veut dire
Que mon coeur sur mes voeux garde si peu d'empire?
L'horreur que malgré moi me fait la trahison
Contre tout mon espoir révolte ma raison;
Et de cette grandeur sur le crime fondée,
Dont jusqu'à ce moment m'a trop flatté l'idée,
L'image toute affreuse, au point d'exécuter,
Ne trouve plus en moi de bras à lui prêter.
En vain l'ambition qui presse mon courage,
D'un faux brillant d'honneur pare son noir ouvrage;
En vain pour me soumettre à ses lâches efforts,
Mon âme a secoué le joug de cent remords:
Cette âme, d'avec soi tout à coup divisée,
Reprend de ces remords la chaîne mal brisée;
Et de Sertorius le surprenant bonheur
Arrête une main prête à lui percer le coeur.
Aufide.
Quel honteux contre-temps de vertu délicate
S'oppose au beau succès de l'espoir qui vous flatte?
Et depuis quand, seigneur, la soif du premier rang
Craint-elle de répandre un peu de mauvais sang?
Avez-vous oublié cette grande maxime,
Que la guerre civile est le règne du crime;
Et qu'aux lieux où le crime a plein droit de régner,
L'innocence timide est seule à dédaigner?
L'honneur et la vertu sont des noms ridicules:
Marius ni Carbon n'eurent point de scrupules;
Jamais Sylla, jamais...
Perpenna.
Sylla ni Marius
N'ont jamais épargné le sang de leurs vaincus:
Tour à tour la victoire, autour d'eux en furie,
A poussé leur courroux jusqu'à la barbarie;
Tour à tour le carnage et les proscriptions
Ont sacrifié Rome à leurs dissensions;
Mais leurs sanglants discords qui nous donnent des maîtres
Ont fait des meurtriers, et n'ont point fait de traîtres:
Leurs plus vastes fureurs jamais n'ont consenti
Qu'aucun versât le sang de son propre parti;
Et dans l'un ni dans l'autre aucun n'a pris l'audace
D'assassiner son chef pour monter en sa place.