Author: | Thomas d’Aquin | ISBN: | 1230000220483 |
Publisher: | Thomas d’Aquin | Publication: | February 23, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Thomas d’Aquin |
ISBN: | 1230000220483 |
Publisher: | Thomas d’Aquin |
Publication: | February 23, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Article 1 : Une telle doctrine est-elle nécessaire ?
Objections : 1. Il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir une autre doctrine que les disciplines philosophiques. Pourquoi faire effort en effet vers ce qui dépasse la raison humaine ? « Ne cherche pas plus haut que toi », nous dit l’Ecclésiastique (3, 23). Or, ce qui est à portée de la raison nous est communiqué de manière suffisante dans les disciplines philosophiques. Il paraît donc superflu de recourir à une autre doctrine.
2. Il n’y a de science que de l’être, car on ne peut avoir de connaissance que du vrai, qui lui-même est convertible avec l’être. Or, dans les disciplines philosophiques, on traite de toutes les modalités de l’être, et même de Dieu ; d’où vient qu’une branche de ce savoir est appelée théologie, ou science divine, comme le montre Aristote. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter aux disciplines philosophiques une autre doctrine.
En sens contraire, S. Paul dit (2 Tm 3,16 Vg) : « Toute Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice. » Or, une Écriture divinement inspirée n’a rien à voir avec les disciplines philosophiques, qui sont des œuvres de la raison humaine ; c’est donc qu’une autre doctrine, celle-là d’inspiration divine, a bien sa raison d’être.
Réponse : Il fut nécessaire pour le salut de l’homme qu’il y eût, en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine, une doctrine procédant de la révélation divine. Le motif en est d’abord que l’homme est destiné par Dieu à atteindre une fin qui dépasse la compréhension de son esprit, car, dit Isaïe (64, 3), « l’œil n’a point vu, ô Dieu, en dehors de toi, ce que tu as préparé à ceux qui t’aiment ». Or il faut qu’avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin, les hommes connaissent cette fin. Il était donc nécessaire, pour le salut de l’homme, que certaines choses dépassant sa raison lui fussent communiquées par révélation divine.
A l’égard même de ce que la raison était capable d’atteindre au sujet de Dieu, il fallait aussi que l’homme fût instruit par révélation divine. En effet, la vérité sur Dieu atteinte par la raison n’eût été le fait que d’un petit nombre, elle eût coûté beaucoup de temps, et se fût mêlée de beaucoup d’erreurs. De la connaissance d’une telle vérité, cependant, dépend tout le salut de l’homme, puisque ce salut est en Dieu. Il était donc nécessaire, si l’on voulait que ce salut fût procuré aux hommes d’une façon plus ordinaire et plus certaine, que ceux-ci fussent instruits par une révélation divine.
EXTRAIT:
Article 1 : Une telle doctrine est-elle nécessaire ?
Objections : 1. Il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir une autre doctrine que les disciplines philosophiques. Pourquoi faire effort en effet vers ce qui dépasse la raison humaine ? « Ne cherche pas plus haut que toi », nous dit l’Ecclésiastique (3, 23). Or, ce qui est à portée de la raison nous est communiqué de manière suffisante dans les disciplines philosophiques. Il paraît donc superflu de recourir à une autre doctrine.
2. Il n’y a de science que de l’être, car on ne peut avoir de connaissance que du vrai, qui lui-même est convertible avec l’être. Or, dans les disciplines philosophiques, on traite de toutes les modalités de l’être, et même de Dieu ; d’où vient qu’une branche de ce savoir est appelée théologie, ou science divine, comme le montre Aristote. Il n’est donc pas nécessaire d’ajouter aux disciplines philosophiques une autre doctrine.
En sens contraire, S. Paul dit (2 Tm 3,16 Vg) : « Toute Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice. » Or, une Écriture divinement inspirée n’a rien à voir avec les disciplines philosophiques, qui sont des œuvres de la raison humaine ; c’est donc qu’une autre doctrine, celle-là d’inspiration divine, a bien sa raison d’être.
Réponse : Il fut nécessaire pour le salut de l’homme qu’il y eût, en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine, une doctrine procédant de la révélation divine. Le motif en est d’abord que l’homme est destiné par Dieu à atteindre une fin qui dépasse la compréhension de son esprit, car, dit Isaïe (64, 3), « l’œil n’a point vu, ô Dieu, en dehors de toi, ce que tu as préparé à ceux qui t’aiment ». Or il faut qu’avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin, les hommes connaissent cette fin. Il était donc nécessaire, pour le salut de l’homme, que certaines choses dépassant sa raison lui fussent communiquées par révélation divine.
A l’égard même de ce que la raison était capable d’atteindre au sujet de Dieu, il fallait aussi que l’homme fût instruit par révélation divine. En effet, la vérité sur Dieu atteinte par la raison n’eût été le fait que d’un petit nombre, elle eût coûté beaucoup de temps, et se fût mêlée de beaucoup d’erreurs. De la connaissance d’une telle vérité, cependant, dépend tout le salut de l’homme, puisque ce salut est en Dieu. Il était donc nécessaire, si l’on voulait que ce salut fût procuré aux hommes d’une façon plus ordinaire et plus certaine, que ceux-ci fussent instruits par une révélation divine.