ŒUVRES COMPLETES DE TERTULLIEN

Fiction & Literature, Action Suspense, Classics, Historical
Cover of the book ŒUVRES COMPLETES DE TERTULLIEN by LOUIS VIVES, Jwarlal
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Author: LOUIS VIVES ISBN: 1230002294575
Publisher: Jwarlal Publication: April 27, 2018
Imprint: Language: French
Author: LOUIS VIVES
ISBN: 1230002294575
Publisher: Jwarlal
Publication: April 27, 2018
Imprint:
Language: French

Quintus - Septimus - Florens Tertullianus naquit à Carthage, vers l’an 150 de Jésus-Christ, selon les conjectures les plus probables ; car on ne sait rien de positif sur ce point. Il était fils d’un centurion, qui servait dans la milice du proconsul de l’Afrique. On croit que sa famille était patricienne. Ses propres déclarations attestent qu’il avait reçu le jour dans le paganisme : « Autrefois, dit-il, nous insultions à la religion du Christ, comme vous le faites aujourd’hui. Nous avons été des vôtres ; car on ne naît pas Chrétien : on le devient. » Il avoue ailleurs qu’il avait été long-temps sans aucune lumière et privé de la connaissance du vrai Dieu ; qu’il avait pris plaisir aux cruels divertissements de l’amphithéâtre ; qu’il se reconnaissait coupable de toute espèce de prévarications, sans même en excepter l’adultère, et qu’il n’était au monde que pour pleurer ses fautes dans les austérités de la pénitence.

Il faut savoir gré à Tertullien des tristes confidences qu’il livre à la publicité. L’humilité du pécheur repentant a voulu expier les souillures du vieil homme par ces aveux, et glorifier la grâce qui avait fait de lui un homme nouveau. Mais, quand même ces aveux ne fussent pas sortis de sa bouche, il eût été facile de conjecturer qu’une âme, ardente comme la sienne, et sans frein pour la retenir au milieu des désordres du paganisme, avait dû faire plus d’un naufrage. Ajoutez à cela le climat dévorant de l’Afrique, les passions qui bouillonnent sous ce soleil, et l’àpres énergie de ses mœurs, qui, du temps même de saint Augustin, n’avaient pas encore perdu leur fougue ni leur rudesse. Aussi, quand Tertullien s’adresse à la volupté, on voit qu’il la flétrit comme un ennemi personnel qu’il faut tenir à la chaîne, si on ne veut pas qu’il se venge de sa défaite.

Mais nous avons déjà anticipé sur l’avenir. Tertullien, orphelin de bonne heure, trouva dans sa mère un guide tendre et éclairé. Doué d’une imagination facile à s’enflammer, d’un esprit pénétrant et naturellement droit, et enfin d’une grande puissance d’élocution, il obtint des succès comme avocat et professeur de rhétorique. Ces deux carrières conduisaient infailliblement aux honneurs. La beauté de son génie les lui promettait s’il fût resté dans le paganisme. Mais à côté de lui grandissait une religion sublime dans ses dogmes, pure dans sa morale, passant des catacombes à l’échafaud et de l’échafaud au triomphe. Il avait senti d’ailleurs le néant de la gloire humaine ; les folles dissipations dans lesquelles il avait précipité sa jeunesse ne lui laissaient que dégoût et amertume. Le christianisme lui offrait de nobles luttes pour y déployer toute l’étendue de ses forces, et un joug salutaire pour comprimer des penchants qui l’avaient maîtrisé jusque-là. Il se sentit donc attiré aux idées chrétiennes, d’abord par ce vide que laisse en nous le désordre, et ensuite par le spectacle de la constance que déployaient les martyrs, en mourant pour la défense de leur foi. La raison lui disait qu’il fallait en croire des témoins, si héroïques et si sincères, et qu’il n’y a qu’une conviction profonde qui souffre et meure pour des faits et des principes.

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Quintus - Septimus - Florens Tertullianus naquit à Carthage, vers l’an 150 de Jésus-Christ, selon les conjectures les plus probables ; car on ne sait rien de positif sur ce point. Il était fils d’un centurion, qui servait dans la milice du proconsul de l’Afrique. On croit que sa famille était patricienne. Ses propres déclarations attestent qu’il avait reçu le jour dans le paganisme : « Autrefois, dit-il, nous insultions à la religion du Christ, comme vous le faites aujourd’hui. Nous avons été des vôtres ; car on ne naît pas Chrétien : on le devient. » Il avoue ailleurs qu’il avait été long-temps sans aucune lumière et privé de la connaissance du vrai Dieu ; qu’il avait pris plaisir aux cruels divertissements de l’amphithéâtre ; qu’il se reconnaissait coupable de toute espèce de prévarications, sans même en excepter l’adultère, et qu’il n’était au monde que pour pleurer ses fautes dans les austérités de la pénitence.

Il faut savoir gré à Tertullien des tristes confidences qu’il livre à la publicité. L’humilité du pécheur repentant a voulu expier les souillures du vieil homme par ces aveux, et glorifier la grâce qui avait fait de lui un homme nouveau. Mais, quand même ces aveux ne fussent pas sortis de sa bouche, il eût été facile de conjecturer qu’une âme, ardente comme la sienne, et sans frein pour la retenir au milieu des désordres du paganisme, avait dû faire plus d’un naufrage. Ajoutez à cela le climat dévorant de l’Afrique, les passions qui bouillonnent sous ce soleil, et l’àpres énergie de ses mœurs, qui, du temps même de saint Augustin, n’avaient pas encore perdu leur fougue ni leur rudesse. Aussi, quand Tertullien s’adresse à la volupté, on voit qu’il la flétrit comme un ennemi personnel qu’il faut tenir à la chaîne, si on ne veut pas qu’il se venge de sa défaite.

Mais nous avons déjà anticipé sur l’avenir. Tertullien, orphelin de bonne heure, trouva dans sa mère un guide tendre et éclairé. Doué d’une imagination facile à s’enflammer, d’un esprit pénétrant et naturellement droit, et enfin d’une grande puissance d’élocution, il obtint des succès comme avocat et professeur de rhétorique. Ces deux carrières conduisaient infailliblement aux honneurs. La beauté de son génie les lui promettait s’il fût resté dans le paganisme. Mais à côté de lui grandissait une religion sublime dans ses dogmes, pure dans sa morale, passant des catacombes à l’échafaud et de l’échafaud au triomphe. Il avait senti d’ailleurs le néant de la gloire humaine ; les folles dissipations dans lesquelles il avait précipité sa jeunesse ne lui laissaient que dégoût et amertume. Le christianisme lui offrait de nobles luttes pour y déployer toute l’étendue de ses forces, et un joug salutaire pour comprimer des penchants qui l’avaient maîtrisé jusque-là. Il se sentit donc attiré aux idées chrétiennes, d’abord par ce vide que laisse en nous le désordre, et ensuite par le spectacle de la constance que déployaient les martyrs, en mourant pour la défense de leur foi. La raison lui disait qu’il fallait en croire des témoins, si héroïques et si sincères, et qu’il n’y a qu’une conviction profonde qui souffre et meure pour des faits et des principes.

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