A travers chants

Etudes musicales, adorations boutades et critiques ( Edition intégrale ) annoté

Nonfiction, Entertainment, Music, Music Styles, Classical & Opera, Classical, Biography & Memoir, Composers & Musicians, Reference
Cover of the book A travers chants by Hector Berlioz, Paris : M. Lévy, 1862
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Author: Hector Berlioz ISBN: 1230002419121
Publisher: Paris : M. Lévy, 1862 Publication: July 9, 2018
Imprint: Language: French
Author: Hector Berlioz
ISBN: 1230002419121
Publisher: Paris : M. Lévy, 1862
Publication: July 9, 2018
Imprint:
Language: French

MUSIQUE, art d'émouvoir par des combinaisons de sons les hommes intelligents et doués d'organes spéciaux et exercés. Définir ainsi la musique, c'est avouer que nous ne la croyons pas, comme on dit, faite pour tout le monde. Quelles que soient en effet ses conditions d'existence, quels qu'aient jamais été ses moyens d'action, simples ou composés, doux ou énergiques, il a toujours paru évident à l'observateur impartial qu'un grand nombre d'individus ne pouvant ressentir ni comprendre sa puissance, ceux-là n'étaient pas faits pour elle, et que par conséquent elle n'était point faite pour eux.
La musique est à la fois un sentiment et une science; elle exige de la part de celui qui la cultive, exécutant ou compositeur, une inspiration naturelle et des connaissances qui ne s'acquièrent que par de longues études et de profondes méditations. La réunion du savoir et de l'inspiration constitue l'art. En dehors de ces conditions, le musicien ne sera donc qu'un artiste incomplet, si tant est qu'il mérite le nom d'artiste. La grande question de la prééminence de l'organisation sans étude sur l'étude sans organisation, qu'Horace n'a pas osé résoudre positivement pour les poëtes, nous paraît également difficile à trancher pour les musiciens. On a vu quelques hommes parfaitement étrangers à la science produire d'instinct des airs gracieux et même sublimes, témoin Rouget de l'Isle et son immortelle Marseillaise; mais ces rares éclairs d'inspiration n'illuminant qu'une partie de l'art, pendant que les autres, non moins importantes, demeurent obscures, il s'ensuit, eu égard à la nature complexe de notre musique, que ces hommes en définitive ne peuvent être rangés parmi les musiciens: ILS NE SAVENT PAS.
On rencontre plus souvent encore des esprits méthodiques, calmes et froids, qui, après avoir étudié patiemment la théorie, accumulé les observations, exercé longuement leur esprit et tiré tout le parti possible de leurs facultés incomplètes, parviennent à écrire des choses qui répondent en apparence aux idées qu'on se fait vulgairement de la musique, et satisfont l'oreille sans la charmer, et sans rien dire au cœur ni à l'imagination. Or, la satisfaction de l'ouïe est fort loin des sensations délicieuses que peut éprouver cet organe; les jouissances du cœur et de l'imagination ne sont pas non plus de celles dont on puisse faire aisément bon marché; et comme elles se trouvent réunies à un plaisir sensuel des plus vifs dans les véritables œuvres musicales de toutes les écoles, ces producteurs impuissants doivent donc encore, selon nous, être rayés du nombre des musiciens: ILS NE SENTENT PAS.
Ce que nous appelons musique est un art nouveau, en ce sens qu'il ne ressemble que fort peu, très-probablement, à ce que les anciens peuples civilisés désignaient sous ce nom. D'ailleurs, il faut le dire tout de suite, ce mot avait chez eux une acception tellement étendue, que loin de signifier simplement, comme aujourd'hui, l'art des sons, il s'appliquait également à la danse, au geste, à la poésie, à l'éloquence, et même à la collection de toutes les sciences. En supposant l'étymologie du mot musique dans celui de muse, le vaste sens que lui donnaient les anciens s'explique naturellement; il exprimait et devait exprimer, en effet, ce à quoi président les Muses. De là les erreurs où sont tombés, dans leurs interprétations, beaucoup de commentateurs de l'antiquité. Il y a pourtant dans le langage actuel une expression consacrée, dont le sens est presque aussi général. Nous disons: l'art, en parlant de la réunion des travaux de l'intelligence, soit seule, soit aidée par certains organes, et des exercices du corps que l'esprit a poétisés. De sorte que le lecteur qui dans deux mille ans trouvera dans nos livres cette phrase devenue le titre banal de bien des divagations: «De l'état de l'art en Europe au dix-neuvième siècle» devra l'interpréter ainsi: «De l'état de la poésie, de l'éloquence, de la musique, de la peinture, de la gravure, de la statuaire, de l'architecture, de l'action dramatique, de la pantomime et de la danse en Europe au dix-neuvième siècle.» On voit qu'à l'exception près des sciences exactes, auxquelles il ne s'applique pas, notre mot art correspond fort bien au mot musique des anciens.

A travers chants
études musicales, adorations boutades et critiques PAR Hector Berlioz (1803-1869)
MUSIQUE[1]
LA MÉLODIE.
L'HARMONIE.
LE RHYTHME.
L'EXPRESSION.
LES MODULATIONS.
L'INSTRUMENTATION.
LE POINT DE DÉPART DES SONS.
LE DEGRÉ D'INTENSITÉ DES SONS.
LA MULTIPLICITÉ DES SONS.
ÉTUDE CRITIQUE DES SYMPHONIES DE BEETHOVEN
I SYMPHONIE EN UT MAJEUR
II SYMPHONIE EN RÉ
III SYMPHONIE HÉROIQUE
IV SYMPHONIE EN SI BÉMOL
V SYMPHONIE EN UT MINEUR
VI SYMPHONIE PASTORALE
VII SYMPHONIE EN LA
VIII SYMPHONIE EN FA
IX SYMPHONIE AVEC CHŒURS
QUELQUES MOTS SUR LES TRIOS ET LES SONATES DE BEETHOVEN
FIDELIO OPÉRA EN TROIS ACTES DE BEETHOVEN SA REPRÉSENTATION AU THÉÂTRE LYRIQUE
BEETHOVEN DANS L'ANNEAU DE SATURNE LES MEDIUMS
LES APPOINTEMENTS DES CHANTEURS
SUR L'ÉTAT ACTUEL DE L'ART DU CHANT DANS LES THÉATRES LYRIQUES DE FRANCE ET D'ITALIE, ET SUR LES CAUSES QUI L'ONT AMENÉ LES GRANDES SALLES LES CLAQUEURS, LES INSTRUMENTS A PERCUSSION
LES MAUVAIS CHANTEURS, LES BONS CHANTEURS LE PUBLIC, LES CLAQUEURS
L'ORPHEE DE GLUCK AU THÉATRE LYRIQUE
LIGNES ÉCRITES QUELQUE TEMPS APRÈS LA PREMIÈRE REPRÉSENTATION D'ORPHÉE
L'ALCESTE D'EURIPIDE CELLES DE QUINAULT ET DE CALSABIGI LES PARTITIONS DE LULLI, DE GLUCK, DE SCHWEIZER, DE GUGLIELMI ET DE HANDEL SUR CE SUJET
REPRISE DE L'ALCESTE DE GLUCK A L'OPÉRA
LES INSTRUMENTS AJOUTÉS PAR LES MODERNES AUX PARTITIONS DES MAITRES ANCIENS
LES SONS HAUTS ET LES SONS BAS LE HAUT ET LE BAS DU CLAVIER
LE FREYSCHÜTZ DE WEBER
OBÉRON OPÉRA FANTASTIQUE DE CH. M. WEBER SA PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉATRE-LYRIQUE
ABOU-HASSAN OPÉRA EN UN ACTE DU JEUNE WEBER L'ENLÈVEMENT AU SÉRAIL OPÉRA EN DEUX ACTES, DU JEUNE MOZART LEUR PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉATRE-LYRIQUE
MOYEN TROUVÉ PAR M. DELSARTE D'ACCORDER LES INSTRUMENTS A CORDES SANS LE SECOURS DE L'OREILLE
LA MUSIQUE A L'ÉGLISE PAR M. JOSEPH D'ORTIGUE
MŒURS MUSICALES DE LA CHINE
A MM. LES MEMBRES DE L'ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DE L'INSTITUT
LE DIAPASON
LE DIAPASON A-T-IL RÉELLEMENT MONTÉ[8], ET DANS QUELLES PROPORTIONS DEPUIS CENT ANS.
MAUVAIS EFFETS PRODUITS PAR L'EXHAUSSEMENT DU DIAPASON.
CAUSES QUI ONT AMENÉ L'EXHAUSSEMENT DU DIAPASON.
FAUT-IL BAISSER LE DIAPASON?
IL FAUT DONC SEULEMENT FIXER LE DIAPASON ACTUEL?
LES TEMPS SONT PROCHES
CONCERTS DE RICHARD WAGNER LA MUSIQUE DE L'AVENIR
SUNT LACRYMÆ RERUM
SYMPHONIES DE H. REBER STEPHEN HELLER
ROMÉO ET JULIETTE OPÉRA EN QUATRE ACTES DE BELLINI SA PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉATRE DE L'OPÉRA DÉBUTS DE MADAME VESTVALI
A PROPOS D'UN BALLET DE FAUST UN MOT DE BEETHOVEN
TO BE OR NOT TO BE PARAPHRASE
L'ÉCOLE DU PETIT CHIEN
NOTES:

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MUSIQUE, art d'émouvoir par des combinaisons de sons les hommes intelligents et doués d'organes spéciaux et exercés. Définir ainsi la musique, c'est avouer que nous ne la croyons pas, comme on dit, faite pour tout le monde. Quelles que soient en effet ses conditions d'existence, quels qu'aient jamais été ses moyens d'action, simples ou composés, doux ou énergiques, il a toujours paru évident à l'observateur impartial qu'un grand nombre d'individus ne pouvant ressentir ni comprendre sa puissance, ceux-là n'étaient pas faits pour elle, et que par conséquent elle n'était point faite pour eux.
La musique est à la fois un sentiment et une science; elle exige de la part de celui qui la cultive, exécutant ou compositeur, une inspiration naturelle et des connaissances qui ne s'acquièrent que par de longues études et de profondes méditations. La réunion du savoir et de l'inspiration constitue l'art. En dehors de ces conditions, le musicien ne sera donc qu'un artiste incomplet, si tant est qu'il mérite le nom d'artiste. La grande question de la prééminence de l'organisation sans étude sur l'étude sans organisation, qu'Horace n'a pas osé résoudre positivement pour les poëtes, nous paraît également difficile à trancher pour les musiciens. On a vu quelques hommes parfaitement étrangers à la science produire d'instinct des airs gracieux et même sublimes, témoin Rouget de l'Isle et son immortelle Marseillaise; mais ces rares éclairs d'inspiration n'illuminant qu'une partie de l'art, pendant que les autres, non moins importantes, demeurent obscures, il s'ensuit, eu égard à la nature complexe de notre musique, que ces hommes en définitive ne peuvent être rangés parmi les musiciens: ILS NE SAVENT PAS.
On rencontre plus souvent encore des esprits méthodiques, calmes et froids, qui, après avoir étudié patiemment la théorie, accumulé les observations, exercé longuement leur esprit et tiré tout le parti possible de leurs facultés incomplètes, parviennent à écrire des choses qui répondent en apparence aux idées qu'on se fait vulgairement de la musique, et satisfont l'oreille sans la charmer, et sans rien dire au cœur ni à l'imagination. Or, la satisfaction de l'ouïe est fort loin des sensations délicieuses que peut éprouver cet organe; les jouissances du cœur et de l'imagination ne sont pas non plus de celles dont on puisse faire aisément bon marché; et comme elles se trouvent réunies à un plaisir sensuel des plus vifs dans les véritables œuvres musicales de toutes les écoles, ces producteurs impuissants doivent donc encore, selon nous, être rayés du nombre des musiciens: ILS NE SENTENT PAS.
Ce que nous appelons musique est un art nouveau, en ce sens qu'il ne ressemble que fort peu, très-probablement, à ce que les anciens peuples civilisés désignaient sous ce nom. D'ailleurs, il faut le dire tout de suite, ce mot avait chez eux une acception tellement étendue, que loin de signifier simplement, comme aujourd'hui, l'art des sons, il s'appliquait également à la danse, au geste, à la poésie, à l'éloquence, et même à la collection de toutes les sciences. En supposant l'étymologie du mot musique dans celui de muse, le vaste sens que lui donnaient les anciens s'explique naturellement; il exprimait et devait exprimer, en effet, ce à quoi président les Muses. De là les erreurs où sont tombés, dans leurs interprétations, beaucoup de commentateurs de l'antiquité. Il y a pourtant dans le langage actuel une expression consacrée, dont le sens est presque aussi général. Nous disons: l'art, en parlant de la réunion des travaux de l'intelligence, soit seule, soit aidée par certains organes, et des exercices du corps que l'esprit a poétisés. De sorte que le lecteur qui dans deux mille ans trouvera dans nos livres cette phrase devenue le titre banal de bien des divagations: «De l'état de l'art en Europe au dix-neuvième siècle» devra l'interpréter ainsi: «De l'état de la poésie, de l'éloquence, de la musique, de la peinture, de la gravure, de la statuaire, de l'architecture, de l'action dramatique, de la pantomime et de la danse en Europe au dix-neuvième siècle.» On voit qu'à l'exception près des sciences exactes, auxquelles il ne s'applique pas, notre mot art correspond fort bien au mot musique des anciens.

A travers chants
études musicales, adorations boutades et critiques PAR Hector Berlioz (1803-1869)
MUSIQUE[1]
LA MÉLODIE.
L'HARMONIE.
LE RHYTHME.
L'EXPRESSION.
LES MODULATIONS.
L'INSTRUMENTATION.
LE POINT DE DÉPART DES SONS.
LE DEGRÉ D'INTENSITÉ DES SONS.
LA MULTIPLICITÉ DES SONS.
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I SYMPHONIE EN UT MAJEUR
II SYMPHONIE EN RÉ
III SYMPHONIE HÉROIQUE
IV SYMPHONIE EN SI BÉMOL
V SYMPHONIE EN UT MINEUR
VI SYMPHONIE PASTORALE
VII SYMPHONIE EN LA
VIII SYMPHONIE EN FA
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SUR L'ÉTAT ACTUEL DE L'ART DU CHANT DANS LES THÉATRES LYRIQUES DE FRANCE ET D'ITALIE, ET SUR LES CAUSES QUI L'ONT AMENÉ LES GRANDES SALLES LES CLAQUEURS, LES INSTRUMENTS A PERCUSSION
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L'ALCESTE D'EURIPIDE CELLES DE QUINAULT ET DE CALSABIGI LES PARTITIONS DE LULLI, DE GLUCK, DE SCHWEIZER, DE GUGLIELMI ET DE HANDEL SUR CE SUJET
REPRISE DE L'ALCESTE DE GLUCK A L'OPÉRA
LES INSTRUMENTS AJOUTÉS PAR LES MODERNES AUX PARTITIONS DES MAITRES ANCIENS
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LE FREYSCHÜTZ DE WEBER
OBÉRON OPÉRA FANTASTIQUE DE CH. M. WEBER SA PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉATRE-LYRIQUE
ABOU-HASSAN OPÉRA EN UN ACTE DU JEUNE WEBER L'ENLÈVEMENT AU SÉRAIL OPÉRA EN DEUX ACTES, DU JEUNE MOZART LEUR PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉATRE-LYRIQUE
MOYEN TROUVÉ PAR M. DELSARTE D'ACCORDER LES INSTRUMENTS A CORDES SANS LE SECOURS DE L'OREILLE
LA MUSIQUE A L'ÉGLISE PAR M. JOSEPH D'ORTIGUE
MŒURS MUSICALES DE LA CHINE
A MM. LES MEMBRES DE L'ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS DE L'INSTITUT
LE DIAPASON
LE DIAPASON A-T-IL RÉELLEMENT MONTÉ[8], ET DANS QUELLES PROPORTIONS DEPUIS CENT ANS.
MAUVAIS EFFETS PRODUITS PAR L'EXHAUSSEMENT DU DIAPASON.
CAUSES QUI ONT AMENÉ L'EXHAUSSEMENT DU DIAPASON.
FAUT-IL BAISSER LE DIAPASON?
IL FAUT DONC SEULEMENT FIXER LE DIAPASON ACTUEL?
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