Author: | Th. Dostoïevsky, É. Halpérine-Kaminsky | ISBN: | 1230001279917 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Th. Dostoïevsky, É. Halpérine-Kaminsky |
ISBN: | 1230001279917 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il y a peu de jours, j’assistais à un mariage… Mais non, je préfère vous raconter un « arbre de Noël ». Le mariage m’a plu fort, c’était bien joli ; mais l’autre événement est plus intéressant encore. C’est ce mariage d’ailleurs qui m’a rappelé cet arbre de Noël. Voici la chose.
La veille du nouvel an, — il y a cinq ans de cela, — j’avais été invité à un bal d’enfants. Le bal se donnait chez un homme d’affaires connu, très-répandu dans le monde. On pouvait se douter que ce bal n’était qu’un prétexte de réunion pour les grandes personnes, dans un but intéressé. Moi qui n’étais pas de cette société et qui n’avais point d’affaires à traiter, je pus assister à la soirée en spectateur. Il y avait là un personnage inconnu qui était venu comme moi participer à cette fête de famille…
C’est lui que je vis tout d’abord. Un homme de haute taille, maigre, très-sérieux, convenablement vêtu. Mais on se rendait aisément compte qu’il restait, lui aussi, étranger à la fête. Dès qu’il pouvait se retirer dans un coin isolé, il cessait de sourire, fronçait ses sourcils noirs et épais. J’appris par la suite qu’il habitait la province et qu’il était venu dans la capitale pour une affaire très-compliquée. Il avait présenté au maître de la maison une lettre de recommandation, et il avait été invité par politesse. On ne lui proposa pas de jouer aux cartes, on ne lui offrit pas de cigares, personne ne lui parlait. (On devinait sans doute l’oiseau à son plumage.) Et l’inconnu, ne sachant que faire de ses mains, caressait continuellement ses favoris, — de très-beaux favoris, — et il les tirait avec tant de soin qu’on eût pu croire que ses favoris étaient nés avant lui et qu’il n’était venu qu’après, pour les soigner...
Il y a peu de jours, j’assistais à un mariage… Mais non, je préfère vous raconter un « arbre de Noël ». Le mariage m’a plu fort, c’était bien joli ; mais l’autre événement est plus intéressant encore. C’est ce mariage d’ailleurs qui m’a rappelé cet arbre de Noël. Voici la chose.
La veille du nouvel an, — il y a cinq ans de cela, — j’avais été invité à un bal d’enfants. Le bal se donnait chez un homme d’affaires connu, très-répandu dans le monde. On pouvait se douter que ce bal n’était qu’un prétexte de réunion pour les grandes personnes, dans un but intéressé. Moi qui n’étais pas de cette société et qui n’avais point d’affaires à traiter, je pus assister à la soirée en spectateur. Il y avait là un personnage inconnu qui était venu comme moi participer à cette fête de famille…
C’est lui que je vis tout d’abord. Un homme de haute taille, maigre, très-sérieux, convenablement vêtu. Mais on se rendait aisément compte qu’il restait, lui aussi, étranger à la fête. Dès qu’il pouvait se retirer dans un coin isolé, il cessait de sourire, fronçait ses sourcils noirs et épais. J’appris par la suite qu’il habitait la province et qu’il était venu dans la capitale pour une affaire très-compliquée. Il avait présenté au maître de la maison une lettre de recommandation, et il avait été invité par politesse. On ne lui proposa pas de jouer aux cartes, on ne lui offrit pas de cigares, personne ne lui parlait. (On devinait sans doute l’oiseau à son plumage.) Et l’inconnu, ne sachant que faire de ses mains, caressait continuellement ses favoris, — de très-beaux favoris, — et il les tirait avec tant de soin qu’on eût pu croire que ses favoris étaient nés avant lui et qu’il n’était venu qu’après, pour les soigner...