Author: | Léon Tolstoï, Jules Legras | ISBN: | 1230001283778 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Léon Tolstoï, Jules Legras |
ISBN: | 1230001283778 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les Russes et les Français, depuis des siècles, se connaissaient ; parfois, ils avaient eu des rapports amicaux, mais le plus souvent, par malheur, leurs Gouvernements les avaient mis en guerre les uns contre les autres. Tout à coup, une chose étrange se fit. Parce que, il y a deux ans, une escadre française vint à Cronstadt, et que ses officiers, descendus à terre, burent et mangèrent beaucoup, tout en écoutant et en prononçant des paroles mensongères et sottes, — et, parce que, en 1893, une escadre russe, à son tour, se présenta à Toulon, et que ses officiers, venus à Paris, burent et mangèrent beaucoup, tout en écoutant et en prononçant des paroles encore plus mensongères et sottes, — pour cette double raison, voici ce qui arriva : non seulement les gens qui avaient bu, mangé et discouru, mais encore tous ceux qui avaient été présents à ces fêtes, tous ceux même qui n’y avaient pas été, mais en avaient entendu parler ou en avaient lu des comptes rendus, des millions de Russes et de Français, en un mot, se prirent à penser tout à coup qu’ils s’aimaient d’une affection toute particulière, que tous les Russes adoraient tous les Français, et que tous les Français adoraient tous les Russes.
Ces sentiments s’exprimèrent en France, au mois d’octobre dernier, de la façon la plus inattendue.
Voici la description de l’arrivée des marins russes à Toulon ; je l’emprunte auSiélski Viéstnik, journal dont les informations sont un résumé de la presse.
« La rencontre des navires russes et français fut saluée non seulement par des coups de canon, mais encore par des cris enthousiastes de : « Hourra ! Vive la Russie ! vive la France ! »...
Les Russes et les Français, depuis des siècles, se connaissaient ; parfois, ils avaient eu des rapports amicaux, mais le plus souvent, par malheur, leurs Gouvernements les avaient mis en guerre les uns contre les autres. Tout à coup, une chose étrange se fit. Parce que, il y a deux ans, une escadre française vint à Cronstadt, et que ses officiers, descendus à terre, burent et mangèrent beaucoup, tout en écoutant et en prononçant des paroles mensongères et sottes, — et, parce que, en 1893, une escadre russe, à son tour, se présenta à Toulon, et que ses officiers, venus à Paris, burent et mangèrent beaucoup, tout en écoutant et en prononçant des paroles encore plus mensongères et sottes, — pour cette double raison, voici ce qui arriva : non seulement les gens qui avaient bu, mangé et discouru, mais encore tous ceux qui avaient été présents à ces fêtes, tous ceux même qui n’y avaient pas été, mais en avaient entendu parler ou en avaient lu des comptes rendus, des millions de Russes et de Français, en un mot, se prirent à penser tout à coup qu’ils s’aimaient d’une affection toute particulière, que tous les Russes adoraient tous les Français, et que tous les Français adoraient tous les Russes.
Ces sentiments s’exprimèrent en France, au mois d’octobre dernier, de la façon la plus inattendue.
Voici la description de l’arrivée des marins russes à Toulon ; je l’emprunte auSiélski Viéstnik, journal dont les informations sont un résumé de la presse.
« La rencontre des navires russes et français fut saluée non seulement par des coups de canon, mais encore par des cris enthousiastes de : « Hourra ! Vive la Russie ! vive la France ! »...