Author: | Paulin Paris | ISBN: | 1230001322514 |
Publisher: | Eric HELAN | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paulin Paris |
ISBN: | 1230001322514 |
Publisher: | Eric HELAN |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Renart, un matin, entra chez son oncle, les yeux troubles, la pelisse hérissée. « Qu’est-ce, beau neveu ? Tu parois en mauvais point, » dit le maître du logis ; « serais-tu malade ? — Oui ; je ne me sens pas bien. — Tu n’as pas déjeuné ? — Non, et même je n’en ai pas envie. — Allons donc ! Çà, dame Hersent, levez-vous tout de suite, préparez à ce cher neveu une brochette de rognons et de rate ; il ne la refusera pas. »
Hersent quitte le lit et se dispose à obéir. Mais Renart attendait mieux de son oncle ; il voyait trois beaux bacons suspendus au faîte de la salle, et c’est leur fumet qui l’avait attiré. « Voilà, » dit-il, « des bacons bien aventurés ! savez-vous, bel oncle, que si l’un de vos voisins (n’importe lequel, ils se valent tous) les apercevait, il en voudrait sa part ? À votre place, je ne perdrais pas un moment pour les détacher, et je dirais bien haut qu’on me les a volés. — Bah ! » fit Ysengrin, « je n’en suis pas inquiet ; et tel peut les voir qui n’en saura jamais le goût. — Comment ! si l’on vous en demandait ? — Il n’y a demande qui tienne ; je n’en donnerais pas à mon neveu, à mon frère, à qui que ce soit au monde. »
Renart n’insista pas ; il mangea ses rognons et prit congé. Mais, le surlendemain, il revint à la nuit fermée devant la maison d’Ysengrin. Tout le monde y dormait. Il monte sur le faîte, creuse et ménage une ouverture, passe, arrive aux bacons, les emporte, revient chez lui, les coupe en morceaux et les cache dans la paille de son lit...
Renart, un matin, entra chez son oncle, les yeux troubles, la pelisse hérissée. « Qu’est-ce, beau neveu ? Tu parois en mauvais point, » dit le maître du logis ; « serais-tu malade ? — Oui ; je ne me sens pas bien. — Tu n’as pas déjeuné ? — Non, et même je n’en ai pas envie. — Allons donc ! Çà, dame Hersent, levez-vous tout de suite, préparez à ce cher neveu une brochette de rognons et de rate ; il ne la refusera pas. »
Hersent quitte le lit et se dispose à obéir. Mais Renart attendait mieux de son oncle ; il voyait trois beaux bacons suspendus au faîte de la salle, et c’est leur fumet qui l’avait attiré. « Voilà, » dit-il, « des bacons bien aventurés ! savez-vous, bel oncle, que si l’un de vos voisins (n’importe lequel, ils se valent tous) les apercevait, il en voudrait sa part ? À votre place, je ne perdrais pas un moment pour les détacher, et je dirais bien haut qu’on me les a volés. — Bah ! » fit Ysengrin, « je n’en suis pas inquiet ; et tel peut les voir qui n’en saura jamais le goût. — Comment ! si l’on vous en demandait ? — Il n’y a demande qui tienne ; je n’en donnerais pas à mon neveu, à mon frère, à qui que ce soit au monde. »
Renart n’insista pas ; il mangea ses rognons et prit congé. Mais, le surlendemain, il revint à la nuit fermée devant la maison d’Ysengrin. Tout le monde y dormait. Il monte sur le faîte, creuse et ménage une ouverture, passe, arrive aux bacons, les emporte, revient chez lui, les coupe en morceaux et les cache dans la paille de son lit...