Author: | Adolphe-Basile Routhier | ISBN: | 1230001052183 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Adolphe-Basile Routhier |
ISBN: | 1230001052183 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
C’était un spectacle fort animé que notre départ de Montréal, le 16 mai 1892, à 8 h. P. M.
Le char-palais que la Compagnie du Pacifique avait généreusement mis à notre disposition était pavoisé, bien illuminé ; et, sur une draperie tendue à chaque extrémité, on lisait les mots : episcopal excursion, excursion épiscopale. À l’intérieur, une double rangée de pancartes roses, accrochées au plafond comme des pavillons, indiquait les noms des touristes et les compartiments assignés à chacun.
Sur le quai, une foule énorme, composée d’amis et de curieux, attendait l’heure du départ. Les touristes saluaient leurs amis, échangeaient des poignées de mains et des paroles d’amitié, tout en s’occupant de leur installation et de leurs bagages. Les prêtres venaient dire adieu à leurs évêques, et solliciter une dernière bénédiction.
Très affairé, le R. P. Lacombe — notre capitaine — allait de l’un à l’autre, s’occupant du confort de tous, et s’oubliant lui-même.
Enfin, l’heure est arrivée. M. Shaughnessey, l’intelligent et aimable vice-président de la Compagnie vient s’assurer que nous sommes tous bien installés. Il distribue à tous de bons sourires et des shake-hands pleins de cordialité. La cloche sonne, et le train s’ébranle.
D’immenses acclamations nous souhaitent bon voyage, et nous sortons lentement de la gare, en route pour les Pays-d’en-Haut.
Notre habitation, je veux dire notre char-palais, s’appelle Canton. Est-ce pour nous donner l’illusion que nous partons pour la Chine ? — Si nous avions cet espoir, il serait mieux justifié que celui de Champlain, de LaSalle et d’autres, quand ils s’aventuraient vers l’Ouest. Car, une fois à Vancouver où nous courons, il ne nous resterait plus qu’une étape à franchir pour aller voir le vrai Canton chinois.
Pour le moment, nous sommes satisfaits du Canton que M. Van Horne nous a concédé, et nous nous y établissons pour un mois. Pendant trente jours il va être à la fois un hôtel, un presbytère et un évêché.
Ouvrons un peu les journaux du soir. Tous annoncent notre départ, comme un événement, et franchement c’est bien cela. Une excursion comme celle-ci ne s’est pas encore vue, et ne se verra probablement pas de longtemps.
Nous arrêtons une minute à Sainte-Thérèse. Que de souvenirs cet endroit me rappelle ! C’est ici que j’ai passé huit années de ma vie, dont je n’ai pas profité comme j’aurais dû, et que je n’ai pas su apprécier...
C’était un spectacle fort animé que notre départ de Montréal, le 16 mai 1892, à 8 h. P. M.
Le char-palais que la Compagnie du Pacifique avait généreusement mis à notre disposition était pavoisé, bien illuminé ; et, sur une draperie tendue à chaque extrémité, on lisait les mots : episcopal excursion, excursion épiscopale. À l’intérieur, une double rangée de pancartes roses, accrochées au plafond comme des pavillons, indiquait les noms des touristes et les compartiments assignés à chacun.
Sur le quai, une foule énorme, composée d’amis et de curieux, attendait l’heure du départ. Les touristes saluaient leurs amis, échangeaient des poignées de mains et des paroles d’amitié, tout en s’occupant de leur installation et de leurs bagages. Les prêtres venaient dire adieu à leurs évêques, et solliciter une dernière bénédiction.
Très affairé, le R. P. Lacombe — notre capitaine — allait de l’un à l’autre, s’occupant du confort de tous, et s’oubliant lui-même.
Enfin, l’heure est arrivée. M. Shaughnessey, l’intelligent et aimable vice-président de la Compagnie vient s’assurer que nous sommes tous bien installés. Il distribue à tous de bons sourires et des shake-hands pleins de cordialité. La cloche sonne, et le train s’ébranle.
D’immenses acclamations nous souhaitent bon voyage, et nous sortons lentement de la gare, en route pour les Pays-d’en-Haut.
Notre habitation, je veux dire notre char-palais, s’appelle Canton. Est-ce pour nous donner l’illusion que nous partons pour la Chine ? — Si nous avions cet espoir, il serait mieux justifié que celui de Champlain, de LaSalle et d’autres, quand ils s’aventuraient vers l’Ouest. Car, une fois à Vancouver où nous courons, il ne nous resterait plus qu’une étape à franchir pour aller voir le vrai Canton chinois.
Pour le moment, nous sommes satisfaits du Canton que M. Van Horne nous a concédé, et nous nous y établissons pour un mois. Pendant trente jours il va être à la fois un hôtel, un presbytère et un évêché.
Ouvrons un peu les journaux du soir. Tous annoncent notre départ, comme un événement, et franchement c’est bien cela. Une excursion comme celle-ci ne s’est pas encore vue, et ne se verra probablement pas de longtemps.
Nous arrêtons une minute à Sainte-Thérèse. Que de souvenirs cet endroit me rappelle ! C’est ici que j’ai passé huit années de ma vie, dont je n’ai pas profité comme j’aurais dû, et que je n’ai pas su apprécier...