Author: | Pierre Corneille | ISBN: | 1230000229280 |
Publisher: | Pierre Corneille | Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Corneille |
ISBN: | 1230000229280 |
Publisher: | Pierre Corneille |
Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE I , SCENE PREMIERE .
D. Léonor.
Après tant de malheurs, enfin le ciel propice
s' est résolu, ma fille, à nous faire justice :
notre Aragon, pour nous presque tout révolté,
enlève à nos tyrans ce qu' ils nous ont ôté,
brise les fers honteux de leurs injustes chaînes,
se remet sous nos lois, et reconnoît ses reines ;
et par ses députés, qu' aujourd' hui l' on attend,
rend d' un si long exil le retour éclatant.
Comme nous, la Castille attend cette journée
qui lui doit de sa reine assurer l' hyménée :
nous l' allons voir ici faire choix d' un époux.
Que ne puis-je, ma fille, en dire autant de vous !
Nous allons en des lieux sur qui vingt ans d' absence
nous laissent une foible et douteuse puissance :
le trouble règne encore où vous devez régner ;
le peuple vous rappelle, et peut vous dédaigner,
si vous ne lui portez, au retour de Castille,
que l' avis d' une mère et le nom d' une fille.
D' un mari valeureux les ordres et le bras
sauroient bien mieux que nous assurer vos états,
et par des actions nobles, grandes et belles,
dissiper les mutins, et dompter les rebelles.
Vous ne pouvez manquer d' amants dignes de vous ;
on aime votre sceptre, on vous aime ; et sur tous,
du comte don Alvar la vertu non commune
vous aima dans l' exil et durant l' infortune.
Qui vous aima sans sceptre et se fit votre appui,
quand vous le recouvrez, est bien digne de lui.
D. Elvire.
Ce comte est généreux, et me l' a fait paroître ;
aussi le ciel pour moi l' a voulu reconnoître,
puisque les Castillans l' ont mis entre les trois
dont à leur grande reine ils demandent le choix ;
et comme ses rivaux lui cèdent en mérite,
un espoir à présent plus doux le sollicite ;
il régnera sans nous. Mais, madame, après tout,
savez-vous à quel choix l' Aragon se résout,
et quels troubles nouveaux j' y puis faire renaître,
s' il voit que je lui mène un étranger pour maître ?
Montons, de grâce, au trône ; et de là beaucoup mieux
sur le choix d' un époux nous baisserons les yeux.
EXTRAIT:
ACTE I , SCENE PREMIERE .
D. Léonor.
Après tant de malheurs, enfin le ciel propice
s' est résolu, ma fille, à nous faire justice :
notre Aragon, pour nous presque tout révolté,
enlève à nos tyrans ce qu' ils nous ont ôté,
brise les fers honteux de leurs injustes chaînes,
se remet sous nos lois, et reconnoît ses reines ;
et par ses députés, qu' aujourd' hui l' on attend,
rend d' un si long exil le retour éclatant.
Comme nous, la Castille attend cette journée
qui lui doit de sa reine assurer l' hyménée :
nous l' allons voir ici faire choix d' un époux.
Que ne puis-je, ma fille, en dire autant de vous !
Nous allons en des lieux sur qui vingt ans d' absence
nous laissent une foible et douteuse puissance :
le trouble règne encore où vous devez régner ;
le peuple vous rappelle, et peut vous dédaigner,
si vous ne lui portez, au retour de Castille,
que l' avis d' une mère et le nom d' une fille.
D' un mari valeureux les ordres et le bras
sauroient bien mieux que nous assurer vos états,
et par des actions nobles, grandes et belles,
dissiper les mutins, et dompter les rebelles.
Vous ne pouvez manquer d' amants dignes de vous ;
on aime votre sceptre, on vous aime ; et sur tous,
du comte don Alvar la vertu non commune
vous aima dans l' exil et durant l' infortune.
Qui vous aima sans sceptre et se fit votre appui,
quand vous le recouvrez, est bien digne de lui.
D. Elvire.
Ce comte est généreux, et me l' a fait paroître ;
aussi le ciel pour moi l' a voulu reconnoître,
puisque les Castillans l' ont mis entre les trois
dont à leur grande reine ils demandent le choix ;
et comme ses rivaux lui cèdent en mérite,
un espoir à présent plus doux le sollicite ;
il régnera sans nous. Mais, madame, après tout,
savez-vous à quel choix l' Aragon se résout,
et quels troubles nouveaux j' y puis faire renaître,
s' il voit que je lui mène un étranger pour maître ?
Montons, de grâce, au trône ; et de là beaucoup mieux
sur le choix d' un époux nous baisserons les yeux.