Author: | William Shakespeare | ISBN: | 1230000229587 |
Publisher: | William Shakespeare | Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | William Shakespeare |
ISBN: | 1230000229587 |
Publisher: | William Shakespeare |
Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Abbaye de Westminster.
Marche funèbre. Le corps du roi Henri V, découvert, exposé solennellement, entouré des DUCS DE BEDFORD, DE GLOCESTER ET D'EXETER, DU COMTE DE WARWICK, DE L'ÉVÊQUE DE WINCHESTER, DE HÉRAUTS, ETC.
BEDFORD.- Que les cieux soient tendus de noir ! que le jour cède à la nuit ! comètes, qui amenez les révolutions dans les siècles et les États, secouez dans le firmament vos tresses de cristal, et châtiez-en les étoiles rebelles qui ont conspiré la mort de Henri, de Henri V, trop illustre pour qu'il vécût longtemps ! Jamais l'Angleterre n'a perdu un si grand roi.
GLOCESTER.- Avant lui, l'Angleterre n'avait jamais eu de roi. Il avait de la vertu et méritait de commander. Son épée, quand il la brandissait, éblouissait les yeux de ses éclairs. Ses bras s'ouvraient plus largement que les ailes du dragon: ses yeux, quand ils étincelaient du feu de la colère, étourdissaient, repoussaient plus sûrement ses ennemis que le soleil du midi lançant ses brûlants rayons sur leurs visages. Que dirais-je ? Ses exploits sont au-dessus des récits. Jamais il n'a levé son bras qu'il n'ait conquis.
EXETER.- Nous portons le deuil avec du noir; pourquoi ne le portons-nous pas avec du sang ? Henri est mort et ne revivra jamais. Nous entourons un cercueil de bois, et nous honorons de notre glorieuse présence la honteuse victoire de la mort, comme des captifs enchaînés à un char de triomphe. Qui accuserons-nous ? maudirons-nous les astres du malheur qui ont ainsi conspiré la ruine de notre gloire ? ou faut-il croire que les rusés enchanteurs et magiciens français épouvantés auront, par des vers magiques, amené sa perte ?
WINCHESTER.- C'était un roi chéri du Roi des rois. Le terrible jour du jugement ne sera pas si terrible pour les Français que l'était sa vue. Il a livré les batailles du Dieu des armées: ce sont les prières de l'Église qui assuraient ses succès.
GLOCESTER.- L'Église ? Où est-elle ? Si les ministres de l'Église n'avaient pas prié, le fil de ses jours ne se serait pas usé si vite. Vous n'aimez qu'un prince efféminé, que vous puissiez gouverner comme un jeune écolier.
WINCHESTER.- Glocester, quoi que nous aimions, tu es protecteur de l'Angleterre, et tu aspires à gouverner le prince et le royaume; ta femme est hautaine: elle exerce sur toi plus d'empire que Dieu ou les ministres de la religion n'en pourraient jamais avoir.
GLOCESTER.- Ne nomme point la religion, car tu aimes la chair: et, dans tout le cours de l'année, tu ne vas jamais à l'église, si ce n'est pour prier contre tes ennemis.
BEDFORD.- Cessez, cessez ces querelles, et tenez vos esprits en paix.- Marchons vers l'autel.- Hérauts, suivez-nous.- Au lieu d'or, nous offrirons nos armes, puisque nos armes sont inutiles à présent que Henri n'est plus.- Postérité, attends-toi à des années malheureuses: tes enfants suceront les larmes des yeux de leurs mères, notre île nourrira ses fils de douleurs et de pleurs, et il ne restera que les femmes pour pleurer les morts. O Henri V, j'invoque ton ombre ! fais prospérer ce royaume: préserve-le des troubles civils; lutte dans les cieux contre les astres ses ennemis; et ton âme sera au firmament une constellation bien plus glorieuse que celle de Jules César, ou la brillante....
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Abbaye de Westminster.
Marche funèbre. Le corps du roi Henri V, découvert, exposé solennellement, entouré des DUCS DE BEDFORD, DE GLOCESTER ET D'EXETER, DU COMTE DE WARWICK, DE L'ÉVÊQUE DE WINCHESTER, DE HÉRAUTS, ETC.
BEDFORD.- Que les cieux soient tendus de noir ! que le jour cède à la nuit ! comètes, qui amenez les révolutions dans les siècles et les États, secouez dans le firmament vos tresses de cristal, et châtiez-en les étoiles rebelles qui ont conspiré la mort de Henri, de Henri V, trop illustre pour qu'il vécût longtemps ! Jamais l'Angleterre n'a perdu un si grand roi.
GLOCESTER.- Avant lui, l'Angleterre n'avait jamais eu de roi. Il avait de la vertu et méritait de commander. Son épée, quand il la brandissait, éblouissait les yeux de ses éclairs. Ses bras s'ouvraient plus largement que les ailes du dragon: ses yeux, quand ils étincelaient du feu de la colère, étourdissaient, repoussaient plus sûrement ses ennemis que le soleil du midi lançant ses brûlants rayons sur leurs visages. Que dirais-je ? Ses exploits sont au-dessus des récits. Jamais il n'a levé son bras qu'il n'ait conquis.
EXETER.- Nous portons le deuil avec du noir; pourquoi ne le portons-nous pas avec du sang ? Henri est mort et ne revivra jamais. Nous entourons un cercueil de bois, et nous honorons de notre glorieuse présence la honteuse victoire de la mort, comme des captifs enchaînés à un char de triomphe. Qui accuserons-nous ? maudirons-nous les astres du malheur qui ont ainsi conspiré la ruine de notre gloire ? ou faut-il croire que les rusés enchanteurs et magiciens français épouvantés auront, par des vers magiques, amené sa perte ?
WINCHESTER.- C'était un roi chéri du Roi des rois. Le terrible jour du jugement ne sera pas si terrible pour les Français que l'était sa vue. Il a livré les batailles du Dieu des armées: ce sont les prières de l'Église qui assuraient ses succès.
GLOCESTER.- L'Église ? Où est-elle ? Si les ministres de l'Église n'avaient pas prié, le fil de ses jours ne se serait pas usé si vite. Vous n'aimez qu'un prince efféminé, que vous puissiez gouverner comme un jeune écolier.
WINCHESTER.- Glocester, quoi que nous aimions, tu es protecteur de l'Angleterre, et tu aspires à gouverner le prince et le royaume; ta femme est hautaine: elle exerce sur toi plus d'empire que Dieu ou les ministres de la religion n'en pourraient jamais avoir.
GLOCESTER.- Ne nomme point la religion, car tu aimes la chair: et, dans tout le cours de l'année, tu ne vas jamais à l'église, si ce n'est pour prier contre tes ennemis.
BEDFORD.- Cessez, cessez ces querelles, et tenez vos esprits en paix.- Marchons vers l'autel.- Hérauts, suivez-nous.- Au lieu d'or, nous offrirons nos armes, puisque nos armes sont inutiles à présent que Henri n'est plus.- Postérité, attends-toi à des années malheureuses: tes enfants suceront les larmes des yeux de leurs mères, notre île nourrira ses fils de douleurs et de pleurs, et il ne restera que les femmes pour pleurer les morts. O Henri V, j'invoque ton ombre ! fais prospérer ce royaume: préserve-le des troubles civils; lutte dans les cieux contre les astres ses ennemis; et ton âme sera au firmament une constellation bien plus glorieuse que celle de Jules César, ou la brillante....