Author: | Erckmann-Chatrian | ISBN: | 1230000685771 |
Publisher: | pb | Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Erckmann-Chatrian |
ISBN: | 1230000685771 |
Publisher: | pb |
Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
C’est ce que nous avait écrit Chauvel ; vous avez vu sa le?re.
Lorsque ces nouvelles arrivèrent au pays, la dise?e était encore si
grande, que les pauvres vivaient de l’herbe des champs, en la faisant
bouillir avec un peu de sel. Par bonheur le bois ne manquait pas ; l’orage
montait : les gardes de monseigneur le cardinal-évêque restaient tranquillement
chez eux, pour ne pas rencontrer les délinquants. Oui, c’était
terrible !… terrible pour tout le monde, mais principalement pour les employés
du fisc, pour les justiciers et tous ceux qui vivaient de l’argent du
roi. Ces gens graves, prévôts, conseillers, syndics, tabellions, procureurs,
de père en fils, se trouvaient comme logés dans une de ces vieilles maisons
de Saverne, toutes vermoulues et décrépites, de véritables nids à rats, qui
durent depuis des siècles et qui tomberont aux premiers coups de pioche.
Ils le savaient, ils sentaient que cela menaçait ruine, et vous regardaient
du coin de l’oeil, d’un air inquiet ; ils oubliaient de poudrer leurs perruques
et ne venaient plus danser leurs menuets au Tivoli.
Les nouvelles de Versailles se répandaient jusque dans les derniers
villages. On a?endait encore quelque chose, personne n’aurait pu dire
quoi ! Le bruit courait que nos députés étaient entourés de soldats ; qu’on
voulait leur faire peur, ou peut-être les massacrer. Ceux qui passaient à
l’auberge des Trois-Pigeons ne parlaient plus que de cela. Maître Jean
s’écriait :
C’est ce que nous avait écrit Chauvel ; vous avez vu sa le?re.
Lorsque ces nouvelles arrivèrent au pays, la dise?e était encore si
grande, que les pauvres vivaient de l’herbe des champs, en la faisant
bouillir avec un peu de sel. Par bonheur le bois ne manquait pas ; l’orage
montait : les gardes de monseigneur le cardinal-évêque restaient tranquillement
chez eux, pour ne pas rencontrer les délinquants. Oui, c’était
terrible !… terrible pour tout le monde, mais principalement pour les employés
du fisc, pour les justiciers et tous ceux qui vivaient de l’argent du
roi. Ces gens graves, prévôts, conseillers, syndics, tabellions, procureurs,
de père en fils, se trouvaient comme logés dans une de ces vieilles maisons
de Saverne, toutes vermoulues et décrépites, de véritables nids à rats, qui
durent depuis des siècles et qui tomberont aux premiers coups de pioche.
Ils le savaient, ils sentaient que cela menaçait ruine, et vous regardaient
du coin de l’oeil, d’un air inquiet ; ils oubliaient de poudrer leurs perruques
et ne venaient plus danser leurs menuets au Tivoli.
Les nouvelles de Versailles se répandaient jusque dans les derniers
villages. On a?endait encore quelque chose, personne n’aurait pu dire
quoi ! Le bruit courait que nos députés étaient entourés de soldats ; qu’on
voulait leur faire peur, ou peut-être les massacrer. Ceux qui passaient à
l’auberge des Trois-Pigeons ne parlaient plus que de cela. Maître Jean
s’écriait :