Histoire du Canada T III

Nonfiction, History, Americas, Canada
Cover of the book Histoire du Canada T III by FRANÇOIS XAVIER GARNEAU, GILBERT TEROL
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Author: FRANÇOIS XAVIER GARNEAU ISBN: 1230002744827
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 26, 2018
Imprint: Language: French
Author: FRANÇOIS XAVIER GARNEAU
ISBN: 1230002744827
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 26, 2018
Imprint:
Language: French

Nous avons dit que la France, à la nouvelle de la prise du Lys et de l’Alcide, avait rappelé son ambassadeur de Londres et déclaré la guerre à la Grande-Bretagne. Cette démarche, comme on le verra plus tard, ne fut prise néanmoins qu’après un délai de presqu’une année. L’indolent Louis XV ne pouvait se décider à prendre sérieusement les armes.

Quelle était la situation de la France à cette époque ? Les principaux ministres étaient le comte d’Argenson pour la guerre, M. Machault pour la marine et les colonies, M. Bouillé pour les affaires étrangères, lequel fut remplacé en 1757 par le comte de Bernis, abbé et poëte ; mais c’était madame de Pompadour qui gouvernait ; elle changeait les généraux et les ministres au gré de ses caprices. Vingt-cinq ministres furent appelés au conseil d’État et renvoyés de 1756 à 1763. Ce corps variait sans cesse ; il n’avait ni unité ni accord, et chaque ministre agissait indépendamment des autres (Sismondi). La nation, du reste, était plus occupée de vaines disputes religieuses que des apprêts du combat. Le parti moliniste, soutenu par les Jésuites, avait recommencé la persécution contre les Jansénistes ; le parlement voulut interposer son autorité pour la faire cesser, il fut dissous et remplacé par une chambre royale ; mais le roi, fatigué à la fin de ces chicanes oiseuses qui troublaient et affaiblissaient son royaume, ordonna le silence et rétablit le parlement.

« Au milieu de cette petite guerre, dit un historien, le philosophisme gagnait. À la cour même il avait des partisans ; le roi, tout ennemi qu’il était des idées nouvelles, avait sa petite imprimerie, et imprimait lui-même les théories économiques de son médecin Quesnay, qui proposait un impôt unique, portant sur la terre ; la noblesse et le clergé, qui étaient les principaux propriétaires du sol, eussent enfin contribué. Tous ces projets aboutissaient en vaines conversations, les vieilles corporations résistaient ; la royauté, caressée par les philosophes qui auraient voulu l’armer contre le clergé, éprouvait un vague effroi à l’aspect de leurs progrès. » Tout, en effet, était en mouvement dans le monde moral comme dans le monde politique. Les opinions n’avaient plus d’harmonie, et le gouvernement lui-même, honteux de suivre d’anciennes traditions, marchait au hasard dans une route nouvelle.

C’est ainsi que, par le fatal traité de Versailles de 1756, il s’allie avec l’Autriche qu’il a toujours combattue, et se laisse entraîner dans une guerre continentale par Marie-Thérèse qui, voulant reprendre la Silésie au roi de Prusse, flatte adroitement la marquise de Pompadour, avec qui elle entretient un commerce de lettres, et qu’elle appelle sa chère amie. Au poids d’une lutte maritime vint s’adjoindre celui d’une lutte sur terre, quoique l’expérience eût enseigné depuis longtemps à la France qu’elle devait éviter soigneusement cette alternative, et que Machault s’efforçât de le faire comprendre à Louis XV ; mais la favorite tenait à l’alliance avec l’impératrice-reine, le ministre de la guerre et les courtisans, étrangers au service de mer, tenaient à la gloire qui s’offrait à eux dans les armées de terre ; on oublia la guerre avec l’Angleterre, la seule importante, la seule où l’on eût été provoqué, et l’on dirigea ses principales forces vers le nord de l’Europe, abandonnant presqu’à elles-mêmes les vastes possessions de l’Amérique septentrionale.

De l’autre côté de la Manche, les choses n’étaient point dans cette situation qui annonce de loin une révolution sociale. M. Fox, depuis lord Holland, se trouvait à la tête des affaires de la Grande-Bretagne, et cette nation était dans l’état le plus prospère de même que ses colonies du Nouveau-Monde. Le peuple était unanime et satisfait, et le commerce florissant ; le gouvernement, assis sur les larges bases de la liberté, obéissait à l’opinion publique, et, en suivant les instincts du pays, assurait pour ainsi dire d’avance le succès de ses entreprises. Aucune guerre n’avait été plus populaire en Angleterre que celle qui allait commencer. La chambre des communes accorda un million de louis pour augmenter les forces de terre et de mer ; elle traita avec le roi de Prusse, vota des subsides au roi de Pologne et à l’électeur de Bavière pour s’en faire des alliés et contrebalancer la supériorité des Français sur le continent européen, où elle avait des craintes pour la sûreté du Hanovre. L’enrôlement des matelots fut poussé avec une vigueur extrême, et tel était l’enthousiasme du peuple que presque toutes les villes un peu importantes se cotisèrent pour augmenter la prime que l’on donnait aux soldats et aux marins qui venaient offrir leurs services volontairement ; et qu’au lieu d’un million que le gouvernement voulait lever au moyen d’une loterie, trois millions 880 mille louis furent souscrits sur-le-champ (Smollett).

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Nous avons dit que la France, à la nouvelle de la prise du Lys et de l’Alcide, avait rappelé son ambassadeur de Londres et déclaré la guerre à la Grande-Bretagne. Cette démarche, comme on le verra plus tard, ne fut prise néanmoins qu’après un délai de presqu’une année. L’indolent Louis XV ne pouvait se décider à prendre sérieusement les armes.

Quelle était la situation de la France à cette époque ? Les principaux ministres étaient le comte d’Argenson pour la guerre, M. Machault pour la marine et les colonies, M. Bouillé pour les affaires étrangères, lequel fut remplacé en 1757 par le comte de Bernis, abbé et poëte ; mais c’était madame de Pompadour qui gouvernait ; elle changeait les généraux et les ministres au gré de ses caprices. Vingt-cinq ministres furent appelés au conseil d’État et renvoyés de 1756 à 1763. Ce corps variait sans cesse ; il n’avait ni unité ni accord, et chaque ministre agissait indépendamment des autres (Sismondi). La nation, du reste, était plus occupée de vaines disputes religieuses que des apprêts du combat. Le parti moliniste, soutenu par les Jésuites, avait recommencé la persécution contre les Jansénistes ; le parlement voulut interposer son autorité pour la faire cesser, il fut dissous et remplacé par une chambre royale ; mais le roi, fatigué à la fin de ces chicanes oiseuses qui troublaient et affaiblissaient son royaume, ordonna le silence et rétablit le parlement.

« Au milieu de cette petite guerre, dit un historien, le philosophisme gagnait. À la cour même il avait des partisans ; le roi, tout ennemi qu’il était des idées nouvelles, avait sa petite imprimerie, et imprimait lui-même les théories économiques de son médecin Quesnay, qui proposait un impôt unique, portant sur la terre ; la noblesse et le clergé, qui étaient les principaux propriétaires du sol, eussent enfin contribué. Tous ces projets aboutissaient en vaines conversations, les vieilles corporations résistaient ; la royauté, caressée par les philosophes qui auraient voulu l’armer contre le clergé, éprouvait un vague effroi à l’aspect de leurs progrès. » Tout, en effet, était en mouvement dans le monde moral comme dans le monde politique. Les opinions n’avaient plus d’harmonie, et le gouvernement lui-même, honteux de suivre d’anciennes traditions, marchait au hasard dans une route nouvelle.

C’est ainsi que, par le fatal traité de Versailles de 1756, il s’allie avec l’Autriche qu’il a toujours combattue, et se laisse entraîner dans une guerre continentale par Marie-Thérèse qui, voulant reprendre la Silésie au roi de Prusse, flatte adroitement la marquise de Pompadour, avec qui elle entretient un commerce de lettres, et qu’elle appelle sa chère amie. Au poids d’une lutte maritime vint s’adjoindre celui d’une lutte sur terre, quoique l’expérience eût enseigné depuis longtemps à la France qu’elle devait éviter soigneusement cette alternative, et que Machault s’efforçât de le faire comprendre à Louis XV ; mais la favorite tenait à l’alliance avec l’impératrice-reine, le ministre de la guerre et les courtisans, étrangers au service de mer, tenaient à la gloire qui s’offrait à eux dans les armées de terre ; on oublia la guerre avec l’Angleterre, la seule importante, la seule où l’on eût été provoqué, et l’on dirigea ses principales forces vers le nord de l’Europe, abandonnant presqu’à elles-mêmes les vastes possessions de l’Amérique septentrionale.

De l’autre côté de la Manche, les choses n’étaient point dans cette situation qui annonce de loin une révolution sociale. M. Fox, depuis lord Holland, se trouvait à la tête des affaires de la Grande-Bretagne, et cette nation était dans l’état le plus prospère de même que ses colonies du Nouveau-Monde. Le peuple était unanime et satisfait, et le commerce florissant ; le gouvernement, assis sur les larges bases de la liberté, obéissait à l’opinion publique, et, en suivant les instincts du pays, assurait pour ainsi dire d’avance le succès de ses entreprises. Aucune guerre n’avait été plus populaire en Angleterre que celle qui allait commencer. La chambre des communes accorda un million de louis pour augmenter les forces de terre et de mer ; elle traita avec le roi de Prusse, vota des subsides au roi de Pologne et à l’électeur de Bavière pour s’en faire des alliés et contrebalancer la supériorité des Français sur le continent européen, où elle avait des craintes pour la sûreté du Hanovre. L’enrôlement des matelots fut poussé avec une vigueur extrême, et tel était l’enthousiasme du peuple que presque toutes les villes un peu importantes se cotisèrent pour augmenter la prime que l’on donnait aux soldats et aux marins qui venaient offrir leurs services volontairement ; et qu’au lieu d’un million que le gouvernement voulait lever au moyen d’une loterie, trois millions 880 mille louis furent souscrits sur-le-champ (Smollett).

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