Hommes d’état de la Hongrie : le comte Stéphan Széchenyi - Partie I & II

Nonfiction, History, Austria & Hungary
Cover of the book Hommes d’état de la Hongrie : le comte Stéphan Széchenyi - Partie I & II by Saint-René Taillandier, E H
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Author: Saint-René Taillandier ISBN: 1230001222470
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Saint-René Taillandier
ISBN: 1230001222470
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

Au moment où l’autonomie de la nation hongroise, naguère encore l’épouvantail des Habsbourg, semble devenir une ancre de salut pour la nouvelle Autriche, au moment où la politique des Magyars, maintenue obstinément à travers tant de péripéties sanglantes, remporte ce pacifique triomphe, un sentiment naturel évêque le souvenir des hommes qui ont succombé dans la lutte et préparé la victoire. Que de victimes a coûtées cette noble cause, les unes immolées par le bourreau, les autres frappées sur le champ de bataille, celles-ci enfin, les plus malheureuses de toutes, que le désespoir a poussées au suicide ! Batthiany, Petoefi, Téléki, voilà des noms qui rappellent les plus tragiques épisodes de la révolution magyare. On pourrait en citer beaucoup d’autres ; elle est longue, hélas ! cette funèbre liste. S’il fallait pourtant faire un choix dans le martyrologe de la Hongrie du XIXe siècle, le sentiment public n’hésiterait pas. L’homme qui a le plus travaillé, le plus combattu, le plus souffert pour les idées auxquelles la maison de Habsbourg est obligée de se rallier aujourd’hui, incontestablement c’est celui que les Hongrois appellent le grand Magyar, le comte Stépban Széchenyi. Il y a quelques années, quand M. de Schmerling, reprenant le programme du prince de Schwarzenberg, avec des idées plus libérales sans doute, mais dans la même vue de centralisation, essayait de soumettre à un régime unique les races diverses de l’empire d’Autriche, quand la Hongrie était privée de ses antiques franchises et menacée dans son esprit national, sous quelle forme éclataient les protestations ? On ouvrait des souscriptions populaires pour élever une statue au comte Széchenyi. Le comte Széchenyi était le représentant de la patrie hongroise. N’était-ce pas lui qui en 1825 avait réveillé ce sentiment national dont le cabinet de Vienne espérait triompher par la force ? Se rattacher au grand Magyar, c’était dire à l’Autriche : Tous vos efforts sont vains ; c’était lui dire aussi : En défendant pied à pied l’autonomie hongroise, nous ne sommes pas les ennemis des Habsbourg. Le comte Széchenyi en effet est bien le type de ces hommes qui ont pu être poussés à la révolte par les prétentions oppressives de la vieille Autriche, qui ont pu faire cause commune avec la démagogie dans une heure de crise, qui ont paru briser les liens séculaires du peuple hongrois et de la monarchie, mais qui n’agissaient ainsi que pour sauver la patrie hongroise, c’est-à-dire, on le voit aujourd’hui, pour conserver à l’Autriche de l’avenir un élément de rénovation et une chance de salut...

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Au moment où l’autonomie de la nation hongroise, naguère encore l’épouvantail des Habsbourg, semble devenir une ancre de salut pour la nouvelle Autriche, au moment où la politique des Magyars, maintenue obstinément à travers tant de péripéties sanglantes, remporte ce pacifique triomphe, un sentiment naturel évêque le souvenir des hommes qui ont succombé dans la lutte et préparé la victoire. Que de victimes a coûtées cette noble cause, les unes immolées par le bourreau, les autres frappées sur le champ de bataille, celles-ci enfin, les plus malheureuses de toutes, que le désespoir a poussées au suicide ! Batthiany, Petoefi, Téléki, voilà des noms qui rappellent les plus tragiques épisodes de la révolution magyare. On pourrait en citer beaucoup d’autres ; elle est longue, hélas ! cette funèbre liste. S’il fallait pourtant faire un choix dans le martyrologe de la Hongrie du XIXe siècle, le sentiment public n’hésiterait pas. L’homme qui a le plus travaillé, le plus combattu, le plus souffert pour les idées auxquelles la maison de Habsbourg est obligée de se rallier aujourd’hui, incontestablement c’est celui que les Hongrois appellent le grand Magyar, le comte Stépban Széchenyi. Il y a quelques années, quand M. de Schmerling, reprenant le programme du prince de Schwarzenberg, avec des idées plus libérales sans doute, mais dans la même vue de centralisation, essayait de soumettre à un régime unique les races diverses de l’empire d’Autriche, quand la Hongrie était privée de ses antiques franchises et menacée dans son esprit national, sous quelle forme éclataient les protestations ? On ouvrait des souscriptions populaires pour élever une statue au comte Széchenyi. Le comte Széchenyi était le représentant de la patrie hongroise. N’était-ce pas lui qui en 1825 avait réveillé ce sentiment national dont le cabinet de Vienne espérait triompher par la force ? Se rattacher au grand Magyar, c’était dire à l’Autriche : Tous vos efforts sont vains ; c’était lui dire aussi : En défendant pied à pied l’autonomie hongroise, nous ne sommes pas les ennemis des Habsbourg. Le comte Széchenyi en effet est bien le type de ces hommes qui ont pu être poussés à la révolte par les prétentions oppressives de la vieille Autriche, qui ont pu faire cause commune avec la démagogie dans une heure de crise, qui ont paru briser les liens séculaires du peuple hongrois et de la monarchie, mais qui n’agissaient ainsi que pour sauver la patrie hongroise, c’est-à-dire, on le voit aujourd’hui, pour conserver à l’Autriche de l’avenir un élément de rénovation et une chance de salut...

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