Author: | Aristophane Aristophánês, Traducteur : Eugène Talbot | ISBN: | 1230001701654 |
Publisher: | er | Publication: | June 2, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Aristophane Aristophánês, Traducteur : Eugène Talbot |
ISBN: | 1230001701654 |
Publisher: | er |
Publication: | June 2, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
PREMIER ESCLAVE
. Apporte, apporte au plus vite de la pâtée pour l’escarbot.
SECOND ESCLAVE
. Voici. Donne à ce maudit insecte ; jamais il n’aura mangé de meilleure pâtée.
PREMIER ESCLAVE
. Donne-lui-en une autre, pétrie de crottin d’âne.
SECOND ESCLAVE
. Voilà encore.
PREMIER ESCLAVE
. Où donc est celle que tu apportais à l’instant ?
SECOND ESCLAVE
. Ne l’a-t-il pas mangée ?
PREMIER ESCLAVE
. Oui, de par Zeus ! il l’a roulée dans ses pattes et l’a avalée en entier. Fais-en tout de suite beaucoup, et épaisse.
SECOND ESCLAVE
. Vidangeurs, au nom des dieux, venez à mon aide, si vous ne voulez pas me voir suffoquer.
PREMIER ESCLAVE
. Encore ! Encore ! Donne-m’en d’un enfant qui sert d’hétaïre ; car l’escarbot dit qu’il l’aime bien broyée.
SECOND ESCLAVE
. Voici. Je me crois, citoyens, à l’abri d’un soupçon : on ne dira pas qu’en pétrissant la farine, je la mange.
PREMIER ESCLAVE
. Ah ! Pouah ! Apporte-m’en une autre, puis une autre, et pétris-en une autre encore.
SECOND ESCLAVE
. Par Apollon ! je ne puis : je suis incapable de supporter cette sentine.
PREMIER ESCLAVE
. Je vais donc rentrer la bête et la sentine avec elle.
SECOND ESCLAVE
. Et, de par Zeus ! tout cela aux corbeaux, et toi par-dessus le marché ! Que l’un de vous me dise, s’il le sait, où je pourrai acheter un nez sans trous. Car je ne connais pas de métier plus misérable que de pétrir de la pâtée pour la donner à un escarbot. Un porc, quand nous allons à la selle, un chien, en avalent sans façon. Mais celui-ci fait le fier et le dédaigneux, et il ne juge pas à propos de manger, si je ne lui présente, comme à une femme, après avoir passé toute la journée à la pétrir, une galette feuilletée. Mais je vais regarder s’il a fini son repas : entr’ouvrons seulement la porte, pour qu’il ne me voie point. Courage, ne t’arrête pas de manger, jusqu’à ce que tu en crèves sans t’en apercevoir. Comme il se courbe, l’animal, sur sa pâtée ! On dirait un lutteur : il avance les mâchoires ; il promène de-ci de-là sa tête et ses deux pattes, à la façon de ceux qui tournent de gros câbles pour les vaisseaux. Quelle bête hideuse, puante et vorace ! De quelle divinité est-elle l’emblème, je ne sais. Il ne me semble pas que ce soit d’Aphrodite, ni des Charites, assurément.
Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.
Traducteur : Eugène Talbot, né le 17 août 1814 et mort à Le Pouliguen (Loire-Atlantique) le 20 septembre 1894, est un historien, traducteur, éditeur et préfacier français.
Extrait :
PREMIER ESCLAVE
. Apporte, apporte au plus vite de la pâtée pour l’escarbot.
SECOND ESCLAVE
. Voici. Donne à ce maudit insecte ; jamais il n’aura mangé de meilleure pâtée.
PREMIER ESCLAVE
. Donne-lui-en une autre, pétrie de crottin d’âne.
SECOND ESCLAVE
. Voilà encore.
PREMIER ESCLAVE
. Où donc est celle que tu apportais à l’instant ?
SECOND ESCLAVE
. Ne l’a-t-il pas mangée ?
PREMIER ESCLAVE
. Oui, de par Zeus ! il l’a roulée dans ses pattes et l’a avalée en entier. Fais-en tout de suite beaucoup, et épaisse.
SECOND ESCLAVE
. Vidangeurs, au nom des dieux, venez à mon aide, si vous ne voulez pas me voir suffoquer.
PREMIER ESCLAVE
. Encore ! Encore ! Donne-m’en d’un enfant qui sert d’hétaïre ; car l’escarbot dit qu’il l’aime bien broyée.
SECOND ESCLAVE
. Voici. Je me crois, citoyens, à l’abri d’un soupçon : on ne dira pas qu’en pétrissant la farine, je la mange.
PREMIER ESCLAVE
. Ah ! Pouah ! Apporte-m’en une autre, puis une autre, et pétris-en une autre encore.
SECOND ESCLAVE
. Par Apollon ! je ne puis : je suis incapable de supporter cette sentine.
PREMIER ESCLAVE
. Je vais donc rentrer la bête et la sentine avec elle.
SECOND ESCLAVE
. Et, de par Zeus ! tout cela aux corbeaux, et toi par-dessus le marché ! Que l’un de vous me dise, s’il le sait, où je pourrai acheter un nez sans trous. Car je ne connais pas de métier plus misérable que de pétrir de la pâtée pour la donner à un escarbot. Un porc, quand nous allons à la selle, un chien, en avalent sans façon. Mais celui-ci fait le fier et le dédaigneux, et il ne juge pas à propos de manger, si je ne lui présente, comme à une femme, après avoir passé toute la journée à la pétrir, une galette feuilletée. Mais je vais regarder s’il a fini son repas : entr’ouvrons seulement la porte, pour qu’il ne me voie point. Courage, ne t’arrête pas de manger, jusqu’à ce que tu en crèves sans t’en apercevoir. Comme il se courbe, l’animal, sur sa pâtée ! On dirait un lutteur : il avance les mâchoires ; il promène de-ci de-là sa tête et ses deux pattes, à la façon de ceux qui tournent de gros câbles pour les vaisseaux. Quelle bête hideuse, puante et vorace ! De quelle divinité est-elle l’emblème, je ne sais. Il ne me semble pas que ce soit d’Aphrodite, ni des Charites, assurément.
Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.
Traducteur : Eugène Talbot, né le 17 août 1814 et mort à Le Pouliguen (Loire-Atlantique) le 20 septembre 1894, est un historien, traducteur, éditeur et préfacier français.